Soulagement : plus aucun patient atteint de la COVID-19 n’est hospitalisé aux soins intensifs de l’hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne, une première depuis le début de la crise. Cette bonne nouvelle est accueillie avec fierté par l’équipe soignante, tandis que le nombre des hospitalisations liées à la pandémie continue de diminuer à l’échelle de la province.

Textos, photos, vidéos : c’est une vague d’euphorie qui a déferlé dans le téléphone cellulaire de la Dre Amélie Boisclair mercredi soir. Alors qu’elle était en congé, l’interniste urgentiste de l’hôpital Pierre-Le Gardeur a compris qu’il se passait quelque chose d’important. Il n’y avait plus aucune hospitalisation en lien avec la COVID-19 depuis 24 heures dans son unité de soins intensifs.

Au plus fort de la crise, le service avait vu ses 17 lits remplis par des patients aux prises avec le SARS-CoV-2 et avait même débordé. « C’était comme l’inverse de la déferlante de textos du début de la pandémie, où il y avait cinq patients qui étaient arrivés dans la nuit et qu’on avait dû intuber », explique la Dre Boisclair. « Atteindre la “COVID-zéro”, c’est une façon concrète de dire que tous les sacrifices que tout le monde a faits, ça marche », se réjouit-elle.

Aux soins intensifs de l’hôpital Pierre-Le Gardeur, des cloisons ont été retirées, et des portes fermées depuis longtemps, rouvertes.

PHOTO MÉLANIE LALONDE, FOURNIE PAR AMÉLIE BOISCLAIR

Le service des soins intensifs de l’hôpital Pierre-Le Gardeur s’est décloisonné après 24 heures sans hospitalisations liées à la COVID-19.

Une tendance provinciale

La baisse des hospitalisations liées à la COVID-19 se poursuit partout au Québec, alors que 68 patients sont aux soins intensifs dans toute la province, selon le bilan de jeudi, soit une diminution de 29 % dans la dernière semaine. « On voit cette accalmie-là comme une pseudovictoire », note le DGermain Poirier, président de la Société des intensivistes du Québec et chef du service de soins intensifs de l’hôpital Charles-Le Moyne, à Longueuil. Il ne reste que deux patients hospitalisés dans son unité à l’heure actuelle, dont un dans un état critique. Au plus fort de la crise, 16 patients, la plupart intubés, s’y trouvaient.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le DGermain Poirier, chef du service de soins intensifs de l’hôpital Charles-Le Moyne, en décembre 2020

La situation est semblable à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), avec un seul patient atteint de la COVID-19 aux soins intensifs et trois aux étages. « On a été l’un des deux centres désignés initialement, au mois de mars 2020, pour répondre à la pandémie, rappelle le DMathieu Simon, chef des services de soins intensifs de l’IUCPQ. Au cours des trois dernières vagues, on a été très engorgés. » Jusqu’à 15 patients à la fois ont été hospitalisés aux soins intensifs, entre Pâques et la Journée nationale des patriotes, le 24 mai, précise-t-il. Deux étages complets, soit une quarantaine de lits, étaient aussi affectés aux patients atteints de la COVID-19.

Soulagement et fierté pour les équipes

« On termine cette crise-là avec le sentiment d’avoir répondu à l’appel. Il y a une grande fierté du personnel hospitalier d’avoir servi la population », souligne le DSimon.

L’amélioration de la situation découle du fait que la majorité des gens ont suivi les consignes sanitaires, croit la Dre Boisclair. « Ce n’est pas le fruit du hasard : tout ça découle du contrôle de la situation, qui est fragile, affirme-t-elle. Mais c’est une belle tape dans le dos pour dire : “On ne lâche pas, on continue !” »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La Dre Amélie Boisclair, intensiviste à l’hôpital Pierre-Le Gardeur, en janvier dernier

Cette bonne nouvelle devrait permettre aux équipes des soins intensifs de souffler un peu, croient les trois intensivistes. Cependant, les lits de ces unités se sont rapidement remplis de patients dits normaux. Il y a aussi du rattrapage à faire à cause du délestage. « Il y a une chose qui ne changera pas : ça va être les mêmes équipes », fait remarquer la Dre Boisclair. COVID-19 ou non, les lits des soins intensifs nécessitent la présence de personnel spécialisé. « C’est le moment ou jamais, souhaite-t-elle, de trouver un moyen de faire attention aux équipes. »