Après plus de huit mois de fermeture, il y avait de la fébrilité dans l’air jeudi chez les restaurateurs de Montréal, dont seules les terrasses ouvrent ce vendredi en vertu des assouplissements décrétés par Québec. Ils étaient fébriles, certes, mais aussi impatients de revenir au maximum de leur capacité à l’intérieur.

Cela fait deux jours que l’équipe du pub Chez Baptiste, situé sur l’avenue du Mont-Royal, est dans les préparatifs : installation, peinture, vernis, logistique.

« C’est un feeling bizarre. On s’est fait interdire d’ouvrir pendant tellement longtemps, et là, on nous donne une petite permission de fonctionner à l’extérieur à capacité réduite. Je suis très excité, mais c’est un feeling doux-amer », explique le copropriétaire Raphaël Léger.

La terrasse, qui accueille normalement 25 personnes, sera désormais limitée à 12 places assises.

Mais l’intérêt des clients pour l’établissement se faisait déjà sentir lors du passage de La Presse. Leurs réseaux sociaux ont été bombardés de messages au cours des derniers jours. « On a été obligés d’enlever le formulaire de réservation sur le site internet, ça n’avait pas de bon sens [la quantité de réservations qu’on obtenait] », raconte M Léger.

Même son de cloche du côté du resto-bar Candibar, quelques pas plus loin. Depuis jeudi matin, quatre hommes préparent la terrasse et s’affairent à l’installation des planches de bois et du contreplaqué.

Tout comme au pub Chez Baptiste, ce sera « premier arrivé, premier assis », affirme le copropriétaire Jonathan Domer. Il a décidé de n’ouvrir qu’au début de la semaine prochaine plutôt que vendredi, question de « laisser passer la première vague d’assoiffés », plaisante-t-il.

On va attendre de prendre les bonnes décisions avant d’accueillir la clientèle, parce qu’on sait que ça va être achalandé. Si on a été fermés autant de mois, on peut se permettre de rester fermés encore quelques jours.

Jonathan Domer, copropriétaire du Candibar

Dans le centre-ville, rue Peel, le propriétaire de la brasserie Chez Alexandre, Alain Creton, paraît impatient. « Je me sens comme une jeune mariée avant la noce ! », s’exclame-t-il. Pour l’occasion, il a même commandé un double magnum de champagne pour « fêter ça » avec les clients. Il va sans dire que le champagne coulera à flots !

Des terrasses « beaucoup » plus grandes

Avenue Bernard, dans le quartier Outremont, un tronçon était déjà inaccessible aux automobilistes, jeudi. Les restaurateurs ont profité du temps clément pour installer tables, chaises, rambardes et chauffe-terrasses, directement sur l’avenue.

Au restaurant Les Enfants Terribles, le directeur de l’établissement, Patrick Ubalijoro, dit avoir perdu 50 % des places assises sur la terrasse en raison des mesures de distanciation physique, mais grâce à la piétonnisation de l’avenue, le restaurant possède désormais deux terrasses : une située sur l’avenue Champagneur, et l’autre, directement sur l’avenue Bernard. « La rue piétonne nous permet d’avoir beaucoup plus de clients », se réjouit-il.

Des tenanciers du Plateau frustrés contre l'interdiction des chauffe-terrasses au gaz

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal interdit le chauffage au gaz sur les terrasses des restaurants, afin d’« être cohérent avec ses objectifs environnementaux ». En contexte de pandémie, ce règlement fâche certains restaurateurs, dont le copropriétaire du Candibar Jonathan Domer. « Cela va rendre impossible le fait de garder nos clients lors de temps plus froid en soirée », déclare-t-il. Ayant investi dans l’achat d’un système de chauffage électrique, autorisé depuis l'an dernier, M. Domer estime qu’il est beaucoup moins efficace que les systèmes au gaz. « Ça va faire très mal [aux restaurateurs de l’arrondissement]. Déjà qu’on ne peut pas avoir de clients à l’intérieur, on n’est pas maîtres de la météo, et là, on ne peut même pas chauffer nos terrasses », ajoute-t-il. Ce dernier se sent d’ailleurs « lésé », par rapport à d’autres quartiers. Dans l’arrondissement voisin d’Outremont, les chauffe-terrasses au gaz sont permis. « C’est autorisé depuis des années », confirme le responsable des communications de l’arrondissement, Sylvain Leclerc.

Une version précédente de ce texte indiquait erronément que le règlement interdisant le chauffage au gaz sur les terrasses du Plateau-Mont-Royal est nouveau d’avril 2021. En fait, de tels appareils de chauffage n’ont jamais été permis sur les terrasses de l’arrondissement.