Si les Québécois respectent les mesures du plan de déconfinement et qu’une forte participation à la vaccination s’observe dans tous les groupes d’âge, l’été promet d’être « encourageant », a prévenu vendredi l’Institut national de santé publique (INSPQ). Cela dit, plusieurs facteurs pourraient affecter ces projections optimistes.

« Une adhésion forte aux mesures lors du déconfinement permettrait de réduire les cas, les décès et les hospitalisations avec une couverture vaccinale réaliste, […] soit d’environ 83 % » avec au moins une dose, a indiqué le DMarc Brisson, professeur titulaire à l’Université Laval et responsable de ces projections, lors d’une présentation technique en matinée.

La province verrait alors une « réduction des cas jusqu’en juillet », avec une accélération de cette diminution au moment de la fin de l’année scolaire, vers la fin juin, a précisé le DBrisson.

À l’inverse, toutefois, une adhésion moyenne aux mesures – par exemple, si les citoyens « devancent le plan de déconfinement » –, « pourrait occasionner une augmentation des cas d’ici la fin juin, particulièrement chez les jeunes d’âge scolaire et chez les adultes non vaccinés », a soutenu l’expert. S’en suivrait alors une hausse des hospitalisations au courant de l’été.

TABLEAU FOURNI PAR L’INSPQ

M. Brisson note qu’une adhésion forte serait encore plus importante si le Québec assure une « prévention intensive de la transmission dans les écoles ». Mais il reste des incertitudes. « Si on a des effets saisonniers sur la transmission, la réalité pourrait être plus optimiste que notre situation d’adhésion forte. Par contre, si on a une arrivée des variants plus préoccupants, on pourrait avoir une réalité plus pessimiste », a-t-il précisé.

Depuis janvier, il semble qu’on soit vraiment dans une adhésion forte au Québec, mais ça peut changer avec le déconfinement.

Le DMarc Brisson

TABLEAU FOURNI PAR L’INSPQ

La Dre Jocelyne Sauvé, médecin spécialiste et vice-présidente aux affaires scientifiques à l’INSPQ, seconde. « Le plan de déconfinement pourrait bien fonctionner, en autant que la population suive sa vitesse et ne devance pas ce qui est mis sur la table. Si les gens devancent, s’ils laissent tomber les barrières, s’ils font plus que ce qui est permis, on pourrait se ramasser avec une recrudescence de cas d’ici la fin de l’année », a-t-elle avancé, en soulevant que le Québec n’est pas à l’abri d’une nouvelle vague.

Il faut adhérer aux mesures, et aller chercher les deux doses. Avec ces deux ingrédients, si on n’a pas la malchance d’être frappé par un variant qui fait de l’échappement vaccinal, […] on pense qu’on n’aura pas de quatrième vague.

La Dre Jocelyne Sauvé, médecin spécialiste

D’ailleurs, l’INSPQ a confirmé vendredi que tout près de 25 cas du variant ont été détectés au Québec jusqu’ici. « Pour l’instant, nous n’avons pas de signe de circulation communautaire accélérée du variant indien », a indiqué la Dre Sauvé, en précisant que la majorité des cas proviennent toujours de voyageurs. Au total, 7352 cas de variants ont jusqu’ici été recensés par séquençage, et leur taux de positivité est de 91,7 %.

« Ne gâchons pas notre été en relâchant »

Sur Facebook, le premier ministre François Legault s’est adressé vendredi aux Québécois en remerciant ceux-ci « pour tous les efforts, les sacrifices et la solidarité des 15 derniers mois ». « C’est grâce à vous si nous sommes passés au travers de cette troisième vague qui a été si dévastatrice ailleurs », a-t-il écrit.

M. Legault affirme que « la mobilisation immense » de la nation québécoise « pour vacciner les plus vulnérables dans les premiers mois de 2021 » aura ultimement permis « de sauver beaucoup de vies ».

Le premier ministre rappelle au passage les « deux missions collectives » qui restent à accomplir : celle de se faire vacciner jusqu’à la deuxième dose, et celle de continuer de respecter les règles sanitaires au fur et à mesure que le déconfinement « graduel » progresse. « Ne gâchons pas notre été en relâchant nos efforts trop rapidement », illustre-t-il.