Les travailleurs étrangers temporaires (TET) qui viennent prêter main-forte aux entreprises agricoles pourraient bientôt se voir offrir le vaccin contre la COVID-19 dès leur arrivée à l’aéroport.

« Ça fait déjà quelques jours que la directrice de santé publique de Montréal a proposé ça à tous les collègues », a indiqué le directeur de santé publique de l’Estrie, le DAlain Poirier, en point de presse mercredi. « Les collègues étaient tous d’accord. »

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) « évalue actuellement la possibilité de vacciner directement à leur arrivée à l’aéroport » et coordonne l’analyse avec Aéroports de Montréal et des directions de santé publique, a confirmé par courriel une porte-parole du MSSS, Marie-Hélène Émond.

De 15 000 à 16 000 TET sont attendus dans les fermes et serres du Québec pour la saison, et plus de 9300 sont déjà arrivés, indique le ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Des travailleurs « vulnérables »

Une hausse importante du nombre de cas et d’éclosions a été remarquée chez les TET au début du mois, pas seulement durant la quarantaine suivant leur arrivée au pays, mais aussi parmi ceux qui sont déjà au travail, a signalé l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans son dernier rapport hebdomadaire. Une hausse jugée « préoccupante » par l’INSPQ, car « ces travailleurs sont plus vulnérables en raison des situations [travail et hébergement] dans lesquelles ils sont impliqués ».

L’hébergement des TET en milieu agricole, qui vivent à plusieurs et dorment souvent sur des lits superposés, répond à des normes fédérales d’avant la pandémie.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) et le Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) ont demandé qu’ils puissent être vaccinés en arrivant.

Déjà en Ontario et en Colombie-Britannique

En Ontario, le vaccin est offert aux TET qui arrivent dans des vols nolisés à l’aéroport Pearson de Toronto depuis le 10 avril. Le taux d’acceptation est « bien au-dessus de 50 % », estime Gordon Stock, de l’association des producteurs de fruits et légumes de l’Ontario (OFVGA).

Et depuis le 17 mars, tous les TET qui arrivent en Colombie-Britannique se font offrir le vaccin à un site près de l’aéroport international de Vancouver dès que leur quarantaine est complétée.

Au Québec, les TET ont eu accès à la vaccination à titre de travailleurs essentiels à partir de la mi-avril, juste après les 60 ans. Les stratégies pour les rejoindre varient selon les régions, et le MSSS ne tient pas de statistiques sur leur taux de vaccination.

Le projet de vaccin à l’aéroport est « vraiment préliminaire » et relève du MSSS, indique-t-on à la Santé publique de Montréal.

« Les travaux se poursuivent et nous annoncerons les avancées le cas échéant », a répondu le Ministère.

« J’ai encore espoir pour le mois de juin » alors qu’une « autre bonne vague » de TET est attendue, a indiqué le directeur responsable de la main-d’œuvre agricole à l’UPA, Denis Roy.

« C’est une autre formule qui va s’ajouter », a expliqué le directeur de santé publique de l’Estrie. « De toute façon, ils vont quand même faire leur quarantaine, c’est aussi le temps que les anticorps se développent. »