Depuis mardi, 75 % des adultes québécois sont vaccinés ou en voie de l’être d’ici le 15 juin, ce qui rendra possible le Grand Déconfinement annoncé par le premier ministre François Legault. Le Québec, d’abord critiqué pour une campagne qui tardait à lever, trône désormais parmi les meilleurs élèves du pays, tandis que le Canada s’apprête à surpasser les États-Unis dans l’administration des premières doses. De nombreux facteurs ont permis de renverser la vapeur, notent les experts.

Un avis controversé qui a tout changé

Fin décembre, en pleine deuxième vague de COVID-19 et au moment où les vaccins arrivent au compte-goutte, le gouvernement annonce qu’il se range derrière l’avis du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) et espace les deux doses de vaccin contre la COVID-19 pour immuniser une première fois le plus de personnes possible. Une décision que beaucoup ont critiquée sur le coup. Mais cinq mois plus tard, des experts estiment que ce choix est l’un des principaux facteurs qui ont contribué au succès de la campagne de vaccination québécoise.

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Depuis mardi, 75 % des adultes québécois sont vaccinés ou en voie de l’être.

« Cette décision a changé la vitesse de la campagne […] C’était une décision audacieuse. Si on n’avait pas fait ce changement-là, on serait encore dans nos groupes d’âge de 50 ans et plus. Oui, on aurait plus de deuxièmes doses de données. Mais on n’aurait pas le momentum qu’on a », affirme le grand patron de la vaccination au Québec, Daniel Paré.

Même s’il était sceptique au départ, le spécialiste en immunologie rattaché à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Alain Lamarre estime finalement que la décision d’espacer les deux doses était « la bonne ». M. Lamarre craignait qu’en ne donnant qu’une seule dose, on ne favorise l’apparition de variants. « Mais j’ai été convaincu […] C’est une bonne décision qui a fait que le Québec est parti plus vite que les autres. »

Les fabricants de vaccins recommandent d’espacer les deux doses de 21 jours dans le cas de Pfizer et de 28 jours dans le cas de Moderna. Le Québec a décidé d’espacer de 112 jours les deux doses (mais est en train de raccourcir cette durée pour les personnes vulnérables).

Recommandation à la mi-décembre

Membre du Comité sur l’immunisation du Québec, le DGaston De Serres s’est intéressé dès décembre aux résultats de l’essai clinique de phase 3 de Pfizer et des données publiées par la Food and Drug Administration (FDA). En analysant les résultats, il s’aperçoit que ceux-ci sont « trompeurs ».

Avec sa collègue la Dre Danuta M. Skowronski de la Colombie-Britannique, le DDe Serres estime que le taux d’efficacité de 50 % après une dose, annoncé par le fabricant, était calculé de façon « inappropriée ».

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Le Dr Gaston De Serres, membre du Comité sur l’immunisation du Québec

Ils prenaient tous les cas survenus entre la journée où la première dose était administrée et le moment où la deuxième dose était administrée. Or, on sait que l’immunité n’est pas là dans les deux premières semaines. C’était trompeur.

Le DGaston De Serres, membre du Comité sur l’immunisation du Québec

Avec sa collègue, le DDe Serres écrit une lettre, publiée dans le New England Journal of Medicine, qui souligne qu’en refaisant les calculs, le taux d’efficacité d’une dose est plutôt autour de 90 % après 14 jours.

Face à une pénurie de doses, le CIQ tient compte de cet avis et émet le 15 décembre une recommandation qui dit, en somme : « Si la première dose donne autant de protection que ça, on serait bêtes de donner deux doses à la moitié moins de personnes », résume le DDe Serres.

Si le CIQ a été en mesure de se prononcer rapidement en faveur de l’espacement des deux doses, c’est que le groupe « a une culture d’utiliser les vaccins pas nécessairement comme le fabricant le demande », dit le DDe Serres. Dans le passé, le CIQ a notamment réduit le nombre de doses de certains vaccins contre le pneumocoque, l’hépatite A et B et le VPH.

Nuits courtes

Le 31 décembre, Québec annonce sa décision d’espacer les deux doses. La Colombie-Britannique adopte une approche similaire. Avant eux, le Royaume-Uni avait aussi fait de même. Mais les critiques ne tardent pas à fuser. On se demande combien de temps une seule dose sera efficace.

Ottawa dit craindre que cette décision mette en péril ses approvisionnements. La conseillère médicale en chef de Santé Canada indique que le raisonnement du Québec « ne tient pas la route ».

Il y avait des incertitudes, mais si on avait donné le vaccin à la moitié moins de monde, il y aurait eu beaucoup plus de décès et d’hospitalisations.

Le DGaston De Serres

Le stress vécu par l’équipe du CIQ est immense, raconte le DAlex Carignan, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, qui fait partie du CIQ. Le DCarignan souligne que même si la vingtaine de membres du CIQ avaient « confiance sur le plan scientifique » dans leur décision, ils entendaient les critiques et « les nuits étaient courtes ». « C’est une grosse pression de savoir que nos décisions ont un impact sur toute la population », dit-il.

Faussement en avance ?

Directrice du Laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du CHUM, Nathalie Grandvaux met certains bémols sur la couverture vaccinale réelle du Québec actuellement. Selon elle, la province est « faussement en avance ». « On n’est que sur les premières doses », dit-elle. Seulement un peu plus de 5 % de la population a reçu sa deuxième dose actuellement. « On est moins complètement vaccinés que d’autres [pays ou territoires] », dit-elle.

Le fait que l’on ne soit pas totalement protégés oblige le gouvernement à maintenir des mesures « plus restrictives », a-t-elle dit lundi.

Microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital général juif, le DKarl Weiss ajoute que la bonne position du Québec actuellement, soit le faible nombre de cas, d’hospitalisations et de décès, ne peut être attribuable uniquement à la campagne de vaccination.

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Le Dr Karl Weiss, microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital général juif

On a les mesures les plus sévères de toute l’Amérique du Nord.

Le Dr Karl Weiss, microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital général juif

Le DWeiss demeure critique de la décision de Québec d’espacer les deux doses, qui n’était selon lui soutenue par aucune donnée scientifique. Particulièrement pour les personnes vulnérables. Le DWeiss note que le Québec tente actuellement de « rattraper les retards » en administrant plus rapidement les deuxièmes doses à ces personnes.

Le DWeiss déplore surtout qu’il n’existe actuellement « pas de données publiées » au Québec sur « l’impact de tout ça ». Et que, donc, il est « difficile de déterminer si l’opération est un succès ou non ».

Mêmes principes de base

Le DCarignan réplique que s’il est vrai que peu de données scientifiques sur la COVID-19 venaient appuyer la position du CIQ, « il y a tout ce qu’on connaît sur la vaccinologie de base ». « Les principes de base demeurent les mêmes », dit-il.

Le DCarignan souligne que le CIQ suit de près les résultats au Québec. Les données préliminaires récoltées notamment auprès de travailleurs de la santé laissent voir qu’après une première dose, le taux d’efficacité est d’environ 70 %. Des résultats « en phase avec les données britanniques ». Le DCarignan reconnaît toutefois que les données auraient intérêt à être rendues publiques.

Mercredi, le cardiologue américain Eric Topol a salué sur Twitter la stratégie « agressive » de vaccination du Canada pour les premières doses.

Pour Daniel Paré, la décision du Québec a été la bonne. La preuve : « plusieurs juridictions nous ont imités », dit-il. « Notre approche est maintenant rendue la stratégie mondiale », ajoute le DDe Serres, qui se réjouit d’avoir pu « mettre à profit l’expertise » du CIQ.

Le DCarignan souligne toutefois qu’avec un taux de protection de 70 % après une dose, la population doit rester prudente et se rappeler que « la deuxième dose est un incontournable ».

« L’enjeu, c’est de garder le momentum »

Implication sans précédent du réseau de la santé, des entreprises, des bénévoles, des professionnels et de la population. Système de prise de rendez-vous efficace. De nombreux facteurs contribuent au succès actuel de la campagne de vaccination au Québec, selon le grand pilote de l’opération, Daniel Paré.

En entrevue avec La Presse, M. Paré se réjouit de voir que l’engouement pour le vaccin contre la COVID-19 est grand au Québec. « On le sent dans les cliniques de vaccination : il y a un sentiment de fierté […] L’enjeu maintenant, c’est de garder le momentum. De ne pas arriver et de dire : c’est fini. Il ne faut pas arriver à cette étape-là tant que les deuxièmes doses ne sont pas terminées », dit-il.

M. Paré estime qu’une succession d’éléments a permis jusqu’ici au Québec de mener une campagne de vaccination efficace. Selon lui, fixer l’objectif du 24 juin pour avoir vacciné 75 % des adultes a permis de « mobiliser les équipes ». Au point que cet objectif devrait finalement être atteint le 15 juin.

La décision d’offrir le vaccin d’AstraZeneca sans rendez-vous aux personnes de 45 ans et plus a aussi été un tournant dans la campagne, selon M. Paré.

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Daniel Paré, directeur de la campagne de vaccination contre la COVID-19 au Québec

On a vu la grande majorité des Québécois les prendre, ces doses-là […]. On vit encore sur cette lancée-là.

Daniel Paré, directeur de la campagne de la vaccination contre la COVID-19 au Québec, à propos du vaccin d’AstraZeneca

Les rares cas de thrombose liés au vaccin d’AstraZeneca n’ont pas ralenti la campagne. « Je pense que le fait qu’on a été très transparents a aidé à établir la confiance », dit-il.

Directrice du Laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du CHUM, Nathalie Grandvaux estime que la grande place accordée aux scientifiques dans les médias a « aidé les gens à comprendre ce qu’on leur demande ». Professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Marie-Pascale Pomey ajoute qu’au Québec, « les mouvements contestataires sont marginaux ». Le message martelé par les autorités voulant que la vaccination soit la principale voie de sortie de la pandémie a été « intégré par la population », dit-elle. Mme Grandvaux ajoute que parmi les succès de la campagne de vaccination, il faut aussi citer l’efficacité du site de prise de rendez-vous Clic Santé.

Un marathon

Quel aura été le moment le plus dur depuis le début de la campagne ? « C’est la notion de marathon, dit M. Paré. En décembre […] on se demandait si on arriverait à temps pour contrer la troisième vague. » Les doutes sur les arrivages étaient aussi difficiles à gérer. Et l’incertitude existe encore : « On s’attendait, la semaine prochaine, à avoir 225 000 doses additionnelles de Moderna : ce n’est pas arrivé. »

M. Paré note qu’après des mois de livraison au compte-goutte, l’arrivage devancé en mai de nombreux vaccins, notamment de Pfizer, a donné un solide coup de pouce à sa campagne. « Au lieu d’avoir des semaines à 250 000 doses en mai et à 1,2 million en juin, ça a lissé la campagne à 500 000-600 000 doses par semaine. C’est beaucoup plus facile. »

Dans les derniers mois, certaines régions comme Montréal ont piaffé d’impatience devant la lenteur de Québec à élargir la vaccination à différents groupes. M. Paré reconnaît qu’il a dû à de nombreuses reprises réexpliquer l’objectif premier : protéger les plus vulnérables à la grandeur du Québec.

À quelques reprises, M. Paré a par ailleurs choisi de favoriser certaines régions en y envoyant plus de doses. Une logistique difficile à piloter.

Maintenant, avec plus de vaccins, c’est plus facile d’équilibrer les choses.

Daniel Paré

En février, M. Paré a aussi craint de manquer de ressources humaines pour mener sa campagne. Les décrets ministériels qui ont autorisé des professionnels, comme les dentistes et les vétérinaires, à vacciner l’ont beaucoup aidé.

Retardataires, écoles et deuxièmes doses

M. Paré le reconnaît : les prochaines semaines s’annoncent difficiles. Il faudra multiplier les initiatives pour augmenter le taux de couverture vaccinale. Certains semblent vouloir prendre leur temps : le week-end dernier, 500 personnes de 80 ans et plus ont ainsi été vaccinées, même si elles y ont droit depuis des semaines.

M. Paré travaille aussi à préparer la vaccination dans les écoles. « Il ne nous reste pas beaucoup de temps avant la fin des classes […] Mais les gens sont hyper mobilisés et c’est certain qu’on va y arriver. » L’administration des deuxièmes doses s’organise également. Mme Grandvaux note qu’avec l’arrivée de l’été, le sentiment de liberté augmentera, mais il faut espérer que la population « ira chercher sa deuxième dose aussi rapidement que la première ».

Microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital général juif, le DKarl Weiss estime qu’avec le long délai entre les deux doses, il y a un risque que des gens ne « voient pas l’importance » d’obtenir la seconde. Or, c’est « plus qu’important », dit-il.

Premières doses de vaccin contre la COVID-19 : le Canada sur le point de devancer les États-Unis

Ottawa — Le gouvernement Trudeau ne pavoisera pas — à tout le moins, pas ouvertement — lorsque le taux de premières doses administrées au pays surpassera celui des États-Unis, ce qui a toutes les chances de se produire ce jeudi.

On n’y prendra pas la ministre de l’Approvisionnement, Anita Anand, en tout cas. « Non, pas du tout ! », s’exclame-t-elle lorsqu’on lui demande si elle se réjouit de voir le Canada doubler les États-Unis.

« Pour moi, la seule chose qui importe, c’est la prochaine livraison de vaccins ici au pays. Je dois garder l’œil sur les millions et les millions de doses qu’on attend encore », a-t-elle affirmé en entrevue avec La Presse, mercredi.

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Anita Anand, ministre fédérale de l’Approvisionnement

Pas question de crier victoire, donc, la partie étant encore loin d’être gagnée.

Mais en se faufilant devant son voisin du Sud dans la course à la fameuse première dose, le Canada prend de plus en plus des airs de coureur de fond plutôt que de sprinteur.

En date du 19 mai, 47 % des Canadiens avaient reçu leur première injection, selon le site COVID-19 Tracker Canada, contre 47,4 % des Américains, d’après le site Our World in Data.

Le seul pays du G20 à les surclasser est donc le Royaume-Uni, avec un score de 54,2 %.

La locomotive Pfizer-BioNTech

La campagne canadienne a été dopée par l’arrivée de millions de doses du vaccin de Pfizer-BioNTech au mois de mai. Cette semaine, on recevait un nombre record de 3,4 millions de doses ; on en attend en moyenne environ 2,4 millions sur une base hebdomadaire en juin.

À ces doses devraient s’ajouter celles de Moderna, qui n’a pas précisé son calendrier pour ce mois.

« J’ai parlé à leurs dirigeants lundi. Je veux m’assurer que l’on reçoive les doses qu’ils doivent envoyer en vertu du contrat. J’ai insisté sur la nécessité qu’ils nous fassent parvenir un calendrier », a indiqué la ministre Anand.

En ce qui a trait à ces millions de doses du vaccin d’AstraZeneca que l’administration Biden s’est engagée à partager avec d’autres pays, « les négociations se poursuivent », dit-elle. Les États-Unis en avaient prêté 1,5 million au Canada en mars dernier.

Ce qui est clair, c’est que la véritable locomotive dans cette campagne canadienne est Pfizer-BioNTech. Plus des deux tiers des vaccins reçus au pays en date du 18 mai, soit 15 millions sur 22 millions, étaient dans des fioles portant l’étiquette de ces deux sociétés.

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Le vaccin de Pfizer-BioNTech représente plus des deux tiers des doses reçues au pays en date du 18 mai, soit 15 millions sur 22 millions.

Pour moi, c’est le joueur de puissance de notre portfolio vaccinal. Oui, cet hiver, il y a eu un ralentissement en raison de la mise à niveau de leur usine de Belgique. Mais depuis ce temps, ils livrent la marchandise.

La ministre Anita Anand, à propos de Pfizer-BioNTech

Et la distribution du vaccin se fera de manière encore plus fluide au pays : Ottawa a donné le feu vert à une recommandation de Pfizer selon laquelle son produit peut être réfrigéré jusqu’à un mois entre 2 et 8 °C. Le vaccin avait d’abord été autorisé avec une température d’entreposage de – 80 °C à – 60 °C, et les flacons non dilués décongelés pouvaient demeurer au réfrigérateur seulement cinq jours.

Encore loin de l’immunité collective

Le Canada ne doit toutefois pas relâcher la pédale.

La proportion de la population qui a reçu deux doses de vaccin est encore marginale : à 3,8 %, il est 10 fois inférieur à celui des États-Unis, où il atteint 37,2 %, constate-t-on sur le site Our World in Data, qui est le fruit du travail de chercheurs associés à l’Université d’Oxford.

[Les Américains] n’ont jamais fait d’intervalle étendu entre les deux doses. Ils ont toujours donné la deuxième dose après trois semaines, le plus possible. Et ils avaient beaucoup plus de vaccins que nous.

La Dre Caroline Quach, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine

La campagne fait néanmoins du surplace au sud de la frontière. L’hésitation vaccinale y est plus forte qu’au Canada, si bien que l’on s’inquiète de pouvoir atteindre un niveau d’immunité collective suffisant pour endiguer une résurgence de la pandémie.

D’autant plus que le seuil évoqué au départ — entre 60 et 75 % — devrait être revu à la hausse, notamment en raison de l’émergence de variants plus contagieux. On parle désormais d’au moins 80 %, selon ce que rapportait notamment le New York Times il y a quelques semaines.

Ici, la Santé publique rattache souvent un retour à la normale à une cible de 75 % de gens entièrement vaccinés.

Cela pourrait être « insuffisant », dit la Dre Caroline Quach. « L’immunité collective, c’est les gens qui sont protégés par la vaccination et par la maladie, en l’ayant déjà contractée. Ce qui est dur à évaluer, c’est si les gens qui l’ont eue sont aussi ceux qui se sont fait vacciner », explique-t-elle.