La Santé publique invite des manifestants venus de Beauce, qui ont fait le voyage vers le Stade olympique au début mai pour protester contre les règles sanitaires, à se faire tester. Ils pourraient avoir côtoyé des personnes positives à la COVID-19 en chemin, dans l’autobus.

C’est ce qu’a annoncé vendredi la directrice de santé publique de Chaudière-Appalaches, la Dre Liliana Romero. Dans un communiqué, la médecin a dit vouloir « informer les citoyens ayant voyagé en autobus vers le Stade olympique à Montréal le 1er mai dernier pour participer à une manifestation, qu’il est possible que des personnes positives à la COVID-19 aient été parmi les passagers ».

Selon le CISSS, les autobus ont été réservés « par des organisateurs de la Beauce », qui ont fait un arrêt dans le quartier Saint-Nicolas, à Lévis, avant de poursuivre leur route vers Montréal. Au total, environ 48 personnes ont voyagé dans les deux autobus qui ont été nolisés afin de se rendre à la manifestation, affirment les autorités.

« Il y a moins de cinq personnes positives de confirmées qui étaient des passagers des autobus », a confirmé une porte-parole du CISSS, Maryse Rodrigue. Elle affirme toutefois que certains d’entre eux étaient « réfractaires » pendant les enquêtes épidémiologiques, obligeant les autorités à faire un appel à tous, « pour la protection de la population ». Ainsi, la Santé publique « invite les personnes concernées à aller se faire dépister et à s’isoler au besoin en cas de symptômes ».

Joint par La Presse, le maire de Saint-Georges-de-Beauce, Claude Morin, n’a pas mâché ses mots lorsque questionné à ce sujet. « Je trouve ça dommage. Je suis un ancien militaire. J’ai fait des déploiements, et je peux vous dire qu’on respectait l’ennemi pas mal plus que ça », a-t-il soulevé au bout du fil. « Ça confirme que tout le monde peut attraper la COVID-19. On n’est pas à l’abri de ça, personne », a insisté l’élu municipal, qui fut aussi jadis député de Beauce-Sud à l’Assemblée nationale.

Chaudière-Appalaches continue à être la région la plus touchée avec une moyenne quotidienne de 27 nouveaux cas par 100 000 habitants. La région se trouve sur ce plateau élevé depuis près d’une semaine maintenant.

Un autre groupe était d’ailleurs parti de Saint-Jérôme, samedi dernier, en direction du Stade olympique. La directrice opérations et service à la clientèle chez Autobus Galland, Anna DiFruscia, affirme avoir été « arnaquée » par ce groupe de manifestants. « Quand ils ont réservé, ils nous ont dit qu’ils s’en allaient se faire vacciner au Stade. Mais ce n’était pas du tout le cas. Si le voyage n’avait pas été payé, on les aurait invités à aller ailleurs. Mais on a quand même des responsabilités », explique-t-elle, en assurant toutefois que les règles sanitaires ont été respectées à bord de l’autocar. Un employé avait été spécialement envoyé sur place afin de s’en assurer.

Une manif controversée

C’est l’organisme « Québec Debout » qui avait invité les Québécois à se rassembler pour manifester pacifiquement samedi contre les mesures sanitaires. Quelques dizaines de milliers de personnes y ont participé. « Nous considérons les mesures sanitaires comme excessives et injustifiées. Nous demandons un retour à la vie normale. Le moment est venu de tous se lever en même temps pour créer un rassemblement historique et pacifique », avaient notamment affirmé les organisateurs de la manifestation sur le site web de l’évènement, peu avant celui-ci.

Dans une vidéo diffusée samedi dernier sur la page Facebook de l’une des organisatrices, Chantale Giguère, on peut voir les autobus en question, qui sont en route vers Montréal. « On a été censurés un peu par certaines compagnies, mais au lieu de passer par la porte, on est passés par la fenêtre. On se rejoint à Montréal », dit-elle alors.

Avant même qu’elle n’ait lieu, la manifestation avait été dénoncée vendredi par des élus à Québec et à Ottawa. Au Stade olympique, des rendez-vous de vaccination avaient dû être « déplacés » et « condensés ».

« C’est extrêmement dommage. On respecte le droit de manifester, mais vacciner est la priorité. On continue les opérations », avait martelé sur Twitter le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Le gouvernement avait d’ailleurs dû s’ajuster : des rendez-vous avaient en effet « été condensés avant 10 h et déplacés dans d’autres cliniques ». « Les équipes se sont réorganisées, car on a la capacité », a dit M. Dubé.

En conférence de presse à Ottawa, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait aussi affiché sa déception face à la tenue de cette manifestation. « C’est profondément désolant de voir des gens réagir comme ça. Malheureusement, les gens qui se rassemblent pour manifester sont en train de contribuer à la prolongation de ces mesures de santé publique », a-t-il soutenu.