(Edmonton) Wilf Lowenberg dit que son amie de longue date, Lisa Stonehouse, pourrait être encore en vie si le service des urgences d’un hôpital à Edmonton avait pris plus au sérieux les effets secondaires d’une injection du vaccin contre la COVID-19.

La famille de Lisa Stonehouse a déclaré qu’elle s’était rendue aux urgences de l’Hôpital communautaire des Sœurs grises d’Edmonton le 29 avril avec de graves maux de tête après avoir reçu le vaccin Oxford-AstraZeneca environ une semaine plus tôt.

Lundi, elle a été retirée de l’assistance respiratoire qui la maintenait en vie artificiellement, 12 jours après avoir été vaccinée, a indiqué M. Lowenberg.

La médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, la Dre Deena Hinshaw, a rapporté le lendemain que le décès de la femme de 52 ans était dû à un trouble rare de caillot sanguin appelé thrombocytopénie immunitaire prothrombotique induite par le vaccin (TIPIV).

Les responsables de Covenant Health, le fournisseur de soins de santé qui gère l’hôpital, affirment qu’ils enquêtent sur ce qui s’est passé lorsque Mme Stonehouse s’est présentée à l’urgence.

M. Lowenberg a déclaré qu’il comprenait que les hôpitaux étaient submergés par la pandémie, mais que son amie méritait au moins une consultation.

« Si vous prenez le temps d’aller aux urgences, en particulier pendant la COVID… cela veut dire quelque chose », a-t-il dit.

« Si elle avait pu recevoir l’aide qu’elle avait demandée aux Sœurs grises, cela aurait-il pu faire une différence ? », s’est-il demandé. « Tout le monde dit que, évidemment, la détection précoce est toujours meilleure. »

M. Lowenberg a ajouté que personne n’est là pour « faire perdre son emploi à quiconque ». « Ce n’est pas une chasse aux sorcières. Nous voulons des réponses et faire prendre conscience de la situation. »

Le décès de Mme Stonehouse est le troisième signalé au Canada à la suite d’un caillot sanguin après avoir reçu le vaccin AstraZeneca. Une Québécoise de 54 ans et une personne du Nouveau-Brunswick dans la soixantaine sont également décédées.

M. Lowenberg a déclaré que Mme Stonehouse pensait avoir les mêmes symptômes que beaucoup d’autres après avoir été vaccinée, puis sa santé s’est détériorée.

« Elle a en fait appelé la ligne 811 Health Link en disant qu’elle souffrait de graves maux de tête. Ils lui ont dit que cela ressemblait à la réaction normale au vaccin (et) que parfois, cela pouvait prendre 14 jours ou plus avant de disparaître », a-t-il déclaré.

On a dit à Mme Stonehouse de prendre du Tylenol, de se reposer et de boire de l’eau jusqu’à ce que la douleur disparaisse, a-t-il déclaré.

Mais cela ne s’est pas passé ainsi.

À peine « cinq minutes » à l’urgence

Pendant le dîner du lendemain, a-t-il relaté, la fille de Lisa Stonehouse, Jordan, âgée de 19 ans, a dit à sa mère qu’elle l’emmenait à l’urgence. Mme Stonehouse, qui était comptable indépendante, avait encore de graves maux de tête et avait vomi.

Mme Stonehouse, qui a perdu son mari il y a deux ans après un anévrisme cérébral, a dit à son enfant unique d’attendre dans la voiture pendant qu’elle allait chercher de l’aide à l’intérieur. Elle est revenue rapidement.

« Elle est sortie, littéralement, un peu plus de cinq minutes plus tard et… a dit : “Et bien, ils m’ont renvoyée” », a déclaré M. Lowenberg.

« Elle a affirmé : “Je leur ai dit ce qui se passait et ils ont dit : » Non, nous ne pouvons pas vous aider. Cela ressemble à des symptômes normaux. Allez prendre du Tylenol et, si ça ne (s’améliore) pas, alors dans une semaine ou deux revenez voir un médecin’” ».

Le lendemain, la fille de Mme Stonehouse l’a conduite dans un hôpital communautaire où un examen d’imagerie a découvert un caillot de sang dans son cerveau. Elle a eu une attaque lorsqu’elle a été transportée d’urgence à l’hôpital de l’Université de l’Alberta.

Mme Stonehouse est restée sous assistance respiratoire pendant le week-end et a été retirée des machines lundi.

Le fournisseur de soins de santé Covenant Health a déclaré dans un communiqué qu’il souhaitait assurer la famille que ses préoccupations font l’objet d’une enquête.

« Nous offrons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches en cette période difficile », a déclaré la porte-parole Karen Diaper.

Le ministre de la Santé Tyler Shandro n’a pas répondu à une demande pour commenter le dossier.

Les travailleurs de première ligne renseignés

Curtis Johnson, médecin de soins intensifs à l’hôpital Royal Alexandra d’Edmonton, a déclaré que les services de santé de l’Alberta avaient informé les travailleurs de première ligne de la TIPIV dès mars.

« Il y a eu pas mal d’informations qui ont été diffusées pour aider les médecins à comprendre les risques et à savoir quoi faire s’ils devaient rencontrer quelqu’un avec l’un de ces potentiellement rares (caillots sanguins) », a-t-il déclaré.

Jusqu’à présent, une douzaine de cas de TIPIV ont été signalés au Canada. La conseillère médicale principale à Santé Canada, la Dre Supriya Sharma, a déclaré mercredi que le syndrome pour la plupart des patients ne devait pas nécessairement être mortel.

« Ce qui est vraiment important à noter à ce sujet, c’est que c’est quelque chose qui peut être diagnostiqué et traité », a-t-elle indiqué.

M. Lowenberg a affirmé que Jordan Stonehouse, qui est sa filleule et veut être infirmière, a été forte, même en organisant des funérailles à l’approche de la fête des Mères.

« Elle a été si courageuse et forte. Elle a un réseau de soutien incroyable autour d’elle, mais elle a pris en charge tout cela. »

M. Lowenberg a affirmé que Lisa Stonehouse était l’une des meilleures mères qu’il connaisse.

« Elle était intelligente. Elle était drôle. Elle faisait toujours passer tout le monde avant elle. »