Des personnes de 45 ans et plus qui ont choisi le vaccin d’AstraZeneca se sentent frustrées par le changement de discours du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI). Au lieu d’encourager le plus de gens à se faire vacciner le plus vite possible, on privilégie désormais les vaccins à ARN messager (ceux de Pfizer et de Moderna), remarquent-ils.

« Je suis déçu et choqué », soupire Gilber Paquette, un homme de 57 ans qui a reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca le 12 avril dernier. « À ce moment-là, le discours, c’était l’évaluation des risques, c’est-à-dire les chances d’attraper la COVID-19 et celles de faire une thrombose. »

« On dirait que ce discours a pris le bord ! », raconte M. Paquette.

Dans une conférence de presse lundi, le CCNI a recommandé aux Canadiens de privilégier les vaccins à ARN messager comme ceux de Pfizer et de Moderna. Cette annonce, même si elle a d’abord été publiée dans un avis le 23 avril, a fait sursauter bien des gens de la génération X comme M. Paquette. À CTV, la présidente du comité, la Dre Caroline Quach, a également laissé entendre qu’elle ne recommanderait pas le vaccin d’AstraZeneca à sa sœur.

« Les risques de thrombose n’ont pas changé entre [lundi] et il y a trois semaines », s’est exclamée Frédérique G., une femme de 54 ans qui a reçu le vaccin d’AstraZeneca. « C’est le discours public qui a changé et ça me fâche. » 

Quel message ça envoie ? Le sous-texte derrière ça, c’est qu’il y a une partie de la population qui a reçu un vaccin au rabais.

Frédérique G.

Québec a annoncé mardi qu’il restait 30 000 doses du vaccin d’AstraZeneca sur les 500 000 reçues dans la province. « Si les gens ne veulent pas le prendre, on ne leur en tiendra pas rigueur », a fait valoir Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, précisant qu’il s’agissait d’un « choix personnel ».

La Dre Theresa Tam, administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, a dit comprendre les préoccupations de ceux qui ont reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca, mardi. « Je peux certainement comprendre pourquoi certains individus sont préoccupés ou deviennent frustrés », a-t-elle dit en réitérant que tous les vaccins approuvés au Canada sont « sécuritaires » et « efficaces ».

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Le premier ministre Justin Trudeau a rappelé, de son côté, qu’il avait lui-même reçu une dose du vaccin d’AstraZeneca. « Je suis heureux d’avoir reçu ce vaccin. C’était extrêmement important pour moi de protéger mes proches et de m’assurer qu’on passe à travers [la pandémie] le plus vite possible. »

Et la deuxième dose ?

D’ici au début du mois de juillet, le Canada prévoit recevoir deux millions de doses du vaccin de Pfizer chaque semaine. Mais aucune livraison de vaccins d’AstraZeneca n’est prévue ni dans les prochaines semaines ni dans les prochains mois. « C’est ça qui me fatigue le plus », commente Brigitte Lamarre, qui a reçu une dose d’AstraZeneca, mais qui ignore quel vaccin elle recevra lors de son second rendez-vous, à la fin du mois de juillet.

Le ministère de la Santé a confirmé que les rendez-vous de ceux qui ont reçu le vaccin d’AstraZeneca ne seraient pas reportés. Le délai entre la première et la deuxième dose reste de 16 semaines.

Des études sur la possibilité de donner un vaccin différent lors de la deuxième dose sont en cours. « En l’absence de données sur l’interchangeabilité avec les autres vaccins contre la COVID-19, le même produit devrait être utilisé pour la série vaccinale », a indiqué Robert Maranda, porte-parole du Ministère.

« Toutefois, on ne reportera pas la vaccination si le produit déjà utilisé n’est pas disponible. Dans une telle situation, on complétera la vaccination avec un vaccin de type similaire, par exemple avec deux vaccins à ARN messager [Pfizer ou Moderna] ou deux vaccins à vecteur viral [AstraZeneca, Covishield] si cela est possible », a-t-il ajouté.

La Dre Theresa Tam a affirmé que le Canada attendait les résultats d’essais cliniques effectués au Royaume-Uni sur l’interchangeabilité des vaccins. « Je veux rassurer tout le monde. L’avis arrivera avant que les gens aient besoin de leur deuxième dose. »

Avec Fanny Lévesque et Mélanie Marquis, La Presse