(Québec) La Direction générale de la santé publique recommandait au gouvernement Legault d’interdire les déplacements interrégionaux, « sauf en cas d’absolue nécessité », aux citoyens dont les régions sont visées par des mesures spéciales d’urgence. Cette recommandation n’a pas été suivie par Québec.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a rendu public mardi des « recommandations écrites par la Santé publique à des fins de prise de décision par le gouvernement du Québec en réponse à la pandémie ». Le directeur national de la santé publique, DHoracio Arruda, en avait fait l’annonce au point de presse de 13 h.

Dans un document daté du 6 avril, concernant des mesures à mettre en place deux jours plus tard, le 8 avril, la santé publique recommandait à Québec de « maintenir les mesures spéciales d’urgence » pour les villes de Québec, Lévis, Gatineau, tout en élargissant leur portée à d’autres MRC de ces régions. Il était aussi recommandé de « resserrer les mesures en vigueur ».

Le document présente un tableau sur les paliers rouges et orange « révisés », qui comporte un lot de nouvelles mesures qui avaient été annoncées par Québec à l’époque. Dans la section « déplacements interrégionaux », la santé publique recommandait alors pour les régions visées par des mesures d’urgence qu’il soit « interdit de quitter la zone sauf en cas d’absolue nécessité ».

Or, sur le site internet du gouvernement détaillant les consignes en vigueur pour les régions visées par les mesures d’urgence, il est écrit que les déplacements sont interdits vers une région jaune ou verte et qu’ils sont non recommandés vers les autres régions, sans qu’ils soient formellement interdits.

Une décision prise en cellule de crise

« Les décisions étaient le fruit de pourparlers entre le gouvernement et la Santé publique. Pour la question des déplacements entre les régions, il a toujours été clair qu’on demande aux Québécois de ne pas se déplacer d’une région à une autre », défend-on mardi au cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé.

« Dans un souci d’applicabilité de la mesure, il a été décidé dans la cellule de crise d’appliquer la recommandation pour les déplacements des différents paliers vers les régions jaunes afin de les protéger au maximum du virus. Rappelons que des contrôles policiers aléatoires ont aussi été mis en place afin de faire respecter au mieux cette mesure », ajoute-t-on.

C’est la deuxième fois depuis le début de la crise sanitaire que Québec dévoile les avis écrits qui lui sont transmis par la santé publique afin de guider ses prises de décision. Le ministère de la Santé avait également procédé à tel exercice en février dernier. Le ministère avait alors publié 14 documents, promettant une mise à jour de cette divulgation de façon régulière.

Par le passé, le premier ministre François Legault a assuré qu’il suivait les recommandations formulées par la santé publique ou qu’il y allait de façon encore plus sévère, par excès de prudence, s’il sentait que la situation le nécessitait.

Par exemple, M. Legault annonçait le 8 avril dernier de façon « préventive » que le couvre-feu passait à 20 h, plutôt qu’à 21 h 30, dans les régions de Montréal et Laval, et ce à compter du 11 avril. Or, la santé publique ne recommandait pas formellement une telle décision dans son document détaillant les mesures resserrées à adopter dès le 8 avril pour les zones rouges, alors que le couvre-feu à 21 h 30 restait de mise.