(Ottawa) Quarantaines prolongées, attente interminable en ligne, absence d’accès à des services en français : l’entreprise embauchée par Ottawa pour gérer les arrivées de voyageurs, Switch Health, fait son mea culpa et promet de corriger le tir.

On a entendu au cours des derniers jours des producteurs agricoles se plaindre des ratés du système de gestion de la quarantaine pour les travailleurs étrangers temporaires, qui sont aux prises avec des délais d’obtention des résultats de leurs tests.

Mais ce problème — que le fédéral a pallié en confiant à l’entreprise Dynacare le soin de prendre le relais — a également touché des voyageurs de retour au Canada par la frontière terrestre.

Danièle Champagne est venue de Houston pour aider sa mère de 88 ans à déménager en RPA. Normalement, sa quarantaine devait prendre fin samedi, à minuit. N’ayant pas reçu de Switch Health le résultat de son test passé au 10e jour, elle ne pouvait toujours pas en sortir, mardi soir.

« On est même allé jusqu’à me dire d’aller passer un test au privé, même si c’est interdit [car il s’agirait d’une rupture de quarantaine]. Je ne suis pas contre les mesures sanitaires, mais il semble que le contrat a été attribué à une entreprise incapable de remplir son mandat », estime-t-elle.

De son côté, Caroline a été plus chanceuse. Sa quarantaine ne s’est pas étirée à son retour d’Orlando, où elle était allée rencontrer pour la première fois les jumeaux auxquels sa fille a donné naissance en février 2020.

En revanche, il lui aura fallu passer 10 heures en ligne pour s’en assurer — y compris un bloc de 6 heures à l’issue duquel le contact a été coupé. Et tout s’est passé en anglais, raconte-t-elle.

« L’infirmière [le test se fait sous la supervision d’une infirmière de Switch Health] parlait juste anglais. Moi, j’étais à l’aise en anglais, mon mari aussi, mais je me dis que si ça avait été ma mère ou mon père, ça aurait peut-être été un problème », expose-t-elle.

« Il y a eu des délais »

Chez Switch Health, on ne joue pas à l’autruche. « Il y a eu des délais, on ne le niera pas. Cela est en partie attribuable à l’afflux de snowbirds et de travailleurs temporaires », dit le porte-parole, Jordan Paquet.

« Nous avons accru nos capacités en laboratoire, accru les ressources pour le service à la clientèle », affirme-t-il. Et le bilinguisme ? « Nous avons plus d’infirmières qui parlent français. Maintenant, de 20 % à 25 % d’entre elles parlent français », affirme M. Paquet.

Le gouvernement s’engage à rectifier la situation. « Nous avons demandé à l’Agence de la santé publique de prendre les moyens pour corriger la situation », a écrit à La Presse Cole Davidson, attaché de presse de la ministre de la Santé, Patty Hajdu.

« C’est inacceptable que ceux et celles qui traversent la frontière ne puissent pas obtenir des services dans la langue de leur choix. Nous savons aussi que les délais plus longs que prévu pour obtenir les résultats aux tests continuent », a-t-il ajouté.

Le gouvernement continue de déconseiller les déplacements non essentiels à l’étranger.