(Toronto) Le gouvernement de l’Ontario accordera à tous les travailleurs trois jours de congés de maladie payés, pour inciter les employés à se mettre au besoin en isolement préventif pendant la pandémie.

Le ministre du Travail, Monte McNaughton, a annoncé la mesure mercredi après-midi après des mois de pressions intenses d’experts et de défenseurs des travailleurs, qui plaidaient que ces congés permettent de réduire la transmission en milieu de travail. Le ministre a précisé que le gouvernement provincial remboursera aux employeurs jusqu’à 200 $ par jour pour leur contribution au programme.

La semaine dernière, le premier ministre Doug Ford promettait que son gouvernement mettrait en œuvre son propre programme après avoir critiqué Ottawa pour ne pas avoir bonifié sa Prestation canadienne de maladie pour la relance économique.

L’Ontario se maintenait mercredi sous la barre des 3500 nouveaux cas de COVID-19, avec un taux de positivité de 7,2 %, ​et signalait 24 autres décès liés au virus.

Le gouvernement ontarien ajoute que 2281 personnes sont hospitalisées avec le coronavirus, dont 877 aux soins intensifs et 605 sous respirateur. Des 3480 nouveaux cas de COVID-19 signalés mercredi, 961 étaient recensés à Toronto, 589 dans sa banlieue de Peel, 290 dans celle de York et 341 dans la région de Niagara.

Le ministère de la Santé précise toutefois que le nombre de cas pour certaines unités de santé, y compris Hamilton et Niagara, pourrait être plus élevé en raison d’un processus de rattrapage des données. Les données de mercredi sont basées sur près de 50 200 tests effectués.

Les autorités affirment que 116 173 doses de vaccin ont été administrées depuis le rapport de mardi, pour un total de 4907 203 doses administrées jusqu’ici dans la province.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé mercredi que les hôpitaux pourront désormais transférer des patients dont les médecins ont déterminé qu’ils n’avaient plus besoin de soins hospitaliers vers des foyers de soins de longue durée ou des maisons de retraite, sans obtenir le consentement du patient ou de son mandataire.

La ministre de la Santé, Christine Elliott, a indiqué que son gouvernement avait adopté un nouveau décret d’urgence pour permettre de tels transferts. Selon le gouvernement, « des centaines de personnes » se trouvent à l’hôpital en attente de recevoir leur congé vers un foyer de soins de longue durée ou un autre milieu de soins plus approprié.

La ministre Elliott précise que de tels transferts sans consentement ne seront effectués que dans les situations les plus urgentes et si l’équipe médicale est convaincue que le déménagement ne compromettra pas l’état du patient. Les patients transférés seront préalablement vaccinés et ne perdront pas leur place sur la liste d’attente pour leur foyer préféré, a assuré le ministère.

Des craintes sur ces transferts

Les hôpitaux de l’Ontario ont été confrontés à une grave crise de capacité alors que la troisième vague de pandémie frappe durement la province. Le PDG de Santé Ontario, qui supervise tout le système de soins de santé de la province, a déclaré mercredi que si les cas quotidiens semblent diminuer, les unités de soins intensifs connaissent toujours de graves problèmes de capacité.

« Avant de voir l’impact (des baisses de nouveaux cas) dans les unités de soins intensifs, dans les hospitalisations, il faudra attendre de deux à trois semaines », a déclaré Matthew Anderson.

Cette mesure de transferts des patients en foyers a été accueillie parfois avec inquiétude. La chef néo-démocrate, Andrea Horwath, craint que le décret n’amène des gens dans des établissements où ils ne veulent pas vivre. Elle est aussi « très inquiète de la façon dont cela va avoir un impact sur l’accès des gens à leurs proches (tout) en veillant à ce qu’ils reçoivent la qualité de soins dont ils ont besoin ».

Le leader libéral en Chambre, John Fraser, estime que le gouvernement de Doug Ford a été forcé d’imposer ce décret parce qu’il n’en a pas fait assez pendant des mois pour déplacer les patients, de leur plein gré, dans des foyers de soins sécuritaires et disponibles.

Le président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario s’est dit préoccupé par le fait que la qualité des soins des patients pourrait être affectée. Michael Hurley croit aussi que le gouvernement utilisera ce décret pour résoudre des problèmes systémiques avec des patients de la catégorie appelée « autre niveau de soins » — qui n’ont plus besoin de soins de courte durée à l’hôpital. Or, dit-il, ces problèmes systémiques étaient souvent cités avant la pandémie comme des facteurs de surpeuplement des hôpitaux.

« Ils vont utiliser (ces transferts) pour régler le problème des civières dans les corridors : ils vont désigner un plus grand nombre de patients, dont la plupart sont des patients plus âgés, comme faisant partie de la catégorie “autre niveau de soins” », a soutenu M. Hurley. « Mais en fait, un grand nombre d’entre eux sont toujours gravement malades […] et ils ne recevront pas les soins requis en foyer de longue durée. »

Le décret de mercredi constitue le plus récent effort du gouvernement Ford pour garantir que les hôpitaux soient en mesure de traiter un nombre croissant de patients gravement malades de la COVID-19. Plus tôt ce mois-ci, les hôpitaux avaient réduit les chirurgies non urgentes et ils ont également reçu le pouvoir de transférer des patients vers d’autres hôpitaux, sans le consentement du patient ou des proches.

L’Association des hôpitaux de l’Ontario a accueilli favorablement la dernière mesure, mercredi. « Grâce à de telles mesures temporaires, on peut augmenter de manière sécuritaire et efficace le nombre de patients qui sont renvoyés vers un établissement de soins plus adapté à leurs besoins en matière de santé », a déclaré Anthony Dale, PDG de l’association.

Le jour même de cette annonce, la vérificatrice générale de l’Ontario estimait que les foyers de soins de longue durée n’étaient pas préparés à la pandémie de COVID-19, après des années de négligence et d’incapacité à résoudre des problèmes déjà bien connus.