Quatorze employés de l’urgence de l’hôpital St. Mary, dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, ont été déclarés positifs à la COVID-19, bien que la majorité d’entre eux aient reçu une première dose du vaccin contre le nouveau coronavirus.

« La plupart des employés qui ont été déclarés positifs ont peu ou pas de symptômes », indique la porte-parole du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Annie Charbonneau. Les travailleurs malades devaient recevoir leur deuxième dose dans les prochains jours.

Dans l’intervalle, une campagne de dépistage massif a été mise sur pied et une centaine de personnes ont été testées à ce jour. Les employés malades ou jugés à « haut risque » d’avoir été contaminés sont présentement en isolement à la maison.

Aucun patient n’a été déclaré positif en lien avec cette éclosion, assure toutefois l’établissement.

Ce dernier invite d’ailleurs les proches aidants de « s’abstenir d’accompagner leur proche à l’urgence afin de limiter les risques de propagation du virus ».

« Vous pouvez toujours être infectés »

Pour le virologue et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM, Benoît Barbeau, le cas de St. Mary démontre, une fois de plus, que « la prudence est de mise », surtout après n’avoir reçu qu’une seule dose du vaccin.

« Tant et aussi longtemps que la pop ne sera pas vaccinée dans une proportion très élevée et suffisante pour contenir la transmission, j’aurais tendance à rester prudents. Il faut y aller progressivement. Les gens pourront tranquillement avoir certains privilèges, mais ce sera vraiment étape par étape », soutient-il.

Malgré tout, plusieurs éléments propres à la situation de cet hôpital démontrent les bienfaits du vaccin, même après une dose, nuance M. Barbeau. « Le fait que les employés n’ont eu peu ou pas de symptômes, ça veut fort probablement dire que le vaccin a fait son job, en minimisant les symptômes ressentis. À la base, c’est la fonction pour laquelle les vaccins avaient initialement été étudiés », rappelle-t-il.

L’autre bonne nouvelle, c’est qu’aucun patient ne semble avoir été infecté, ce qui sous-entend que la charge virale des travailleurs était moins forte. On peut y voir là un autre bienfait du vaccin.

Benoît Barbeau, virologue et professeur à l’UQAM

Mais M. Barbeau insiste. « Prenez pour acquis que vous pouvez toujours être infectés, surtout après une seule dose », tranche-t-il, en plaidant pour le maintien des mesures sanitaires de base pendant encore quelques mois encore, au minimum.

Au final, cette éclosion « relance le débat sur le délai entre les deux doses au Québec », dit le virologue. Depuis la fin décembre, le gouvernement Legault utilise en effet tous les vaccins qu’il reçoit, sans pour autant conserver la deuxième dose, en vertu d’une « recommandation formulée » par la Santé publique. Début avril, le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a d’ailleurs réitéré qu’il vaut toujours mieux allonger jusqu’à 4 mois le délai entre la première et la deuxième dose, afin de permettre à un maximum de personnes d’être inoculées le plus rapidement possible.

« Pour des personnes plus âgées, surtout, c’est sûr qu’il serait préférable que le délai soit plus rapproché que les quatre mois », conclut l’expert.

Le Manoir Outremont aussi touché

Une éclosion est également en cours au Manoir Outremont à Montréal. Une dizaine de personnes âgées habitant dans cette résidence privée pour aînés, qui avaient reçu une première dose du vaccin, ont contracté la COVID-19 ces derniers jours. Deux employés ont aussi été infectés. Tous présentent des symptômes légers de la maladie. Un dépistage massif des résidents est organisé par la santé publique.

La semaine dernière, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a mentionné que les deuxièmes doses de vaccin seront données dans tous les CHSLD du Québec d’ici le 8 mai. Les résidences privées pour aînés suivront. Actuellement à Montréal, 20 % des CHSLD et 5 % des résidences privées pour aînés ont reçu une deuxième dose du vaccin.

Avec Ariane Lacoursière, La Presse