L’annonce lundi de la mort par thrombose d’une femme de 54 ans ayant reçu le vaccin d’AstraZeneca ne semble pour l’instant pas avoir eu d’effet important sur la motivation des Québécois à recevoir ce vaccin. À l’étude des crédits budgétaires à Québec, la sous-ministre à la Santé, Dominique Savoie, a confirmé que les autorités n’avaient pas remarqué de baisse ou d’annulation de rendez-vous pour le produit d’AstraZeneca malgré la triste nouvelle.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a également souligné qu’environ 12 000 rendez-vous pour obtenir ce vaccin avaient été réservés mercredi, ce qui est autour « du niveau normal ». Selon Mme Savoie, quelque 80 % des doses du vaccin AstraZeneca ont été écoulées ou ont été réservées par rendez-vous.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé

À Montréal, la directrice régionale de santé publique, la Dre Mylène Drouin, a indiqué que 2200 doses du vaccin d’AstraZeneca restent à administrer aux personnes de 45 ans et plus dans la métropole et bien que certaines plages de rendez-vous restent libres, elle a bon espoir que les vaccins seront administrés. Jusqu’à maintenant, 20 000 doses du vaccin d’AstraZeneca ont été administrées à Montréal.

Après qu’on lui eut demandé si, avec le récent décès, et ce, alors que des milliers de doses de Pfizer arriveront à Montréal la semaine prochaine, il n’y avait pas un risque que de nombreuses personnes tournent le dos au vaccin d’AstraZeneca, la Dre Drouin a dit que « c’[était] une possibilité ». Mais elle souligne que le calcul risque-bénéficie a été bien expliqué à la population. Qu’au cours des dernières semaines, le vaccin d’AstraZeneca a connu « un certain succès ». « Le bénéfice surpasse le risque », dit la Dre Drouin.

PDG du CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger est du même avis. « Ce que je répète, c’est le message des experts. Le 14 avril, Santé Canada a réitéré […] que les bénéfices de la vaccination avec AstraZeneca surpassaient les risques. Et le 19 avril, le CIQ, le comité d’immunisation du Québec […] a été dans le même sens et a recommandé d’aller jusqu’à l’âge de 45 ans », dit-elle. Mme Bélanger précise qu’il n’y a pas en ce moment un nombre significatif de cas de patients qui se présentent aux urgences parce qu’ils auraient des symptômes à la suite de l’administration d’une dose de vaccin AstraZeneca. « Ça ne m’a pas été rapporté », dit-elle.

À l’Assemblée nationale, les leaders des formations de l’opposition ont réitéré leur confiance envers le vaccin. Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a affirmé que la mort de cette femme changeait la donne en s’exprimant en anglais (il a employé le terme gamechanger) et a dit craindre que cela ne provoque un ralentissement de la campagne de vaccination. « C’est sûr qu’il y a une gestion de la perception. Je sais très bien qu’il y a des gens qui ne voudront plus l’avoir à cause de ça », a-t-il soutenu, ajoutant qu’il y avait un travail à faire pour « rassurer la population ».

Québec avait environ 200 000 doses du vaccin d’AstraZeneca en stock au moment d’élargir la vaccination avec le produit aux 45 ans et plus, la semaine dernière.