Un premier cas du variant indien a été identifié mercredi au Québec, en Mauricie – Centre-du-Québec. Les autorités affirment qu’elles surveilleront étroitement l’arrivée des vols en provenance de ce pays, aux prises avec une flambée des cas de COVID-19.

« Il s’agit d’un premier cas associé au variant indien au Québec », a confirmé une porte-parole du CIUSSS de la Mauricie, Julie Michaud. Elle précise toutefois que ce cas de variant « n’a pas été identifié sur le territoire de la Haute-Mauricie », tel qu’il avait été rapporté plus tôt par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Pour l’heure, on ignore dans quel secteur de la région le cas a été décelé. Selon nos informations, le patient qui a contracté cette souche aurait été déclaré positif il y a deux semaines, et avait été vacciné contre la COVID-19 il y a environ deux mois.

L’Institut national de santé publique (INSPQ) a précisé que l’infection a été détectée par séquençage. Cela dit, le variant indien n’est « actuellement pas sous surveillance rehaussée, car il ne présente pas d’impact épidémiologique ou clinique démontré », souligne l’organisme, en précisant toutefois qu’il demeurera « sur le radar » du Laboratoire de santé publique (LSPQ).

Le CIUSSS, lui, a assuré qu’une enquête épidémiologique « a été menée dès que le cas a été confirmé positif ». « Depuis que le LSPQ a confirmé qu’il s’agit d’un variant indien, la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec a repris l’enquête épidémiologique afin d’identifier l’origine du variant », a soulevé Julie Michaud.

Nous ne donnerons pas d’information quant au lieu de résidence de l’individu. La personne était vaccinée et est guérie. D’ici à ce qu’une majorité de la population soit vaccinée, il faut absolument poursuivre nos efforts et respecter les mesures en place pour limiter les effets de la troisième vague et des variants.

Julie Michaud, du CIUSSS de la Mauricie

Pour la professeure à l’École de santé publique de Montréal (ESPUM), Roxane Borgès Da Silva, l’arrivée du variant indien au Québec est certes « préoccupante », mais pas alarmante. « C’est sûr qu’on ne le veut pas ici idéalement, mais avant de sonner l’alarme, il faudra plus de données probantes », dit-elle. « Ça restera un gros enjeu, même quand la population sera vaccinée : dès qu’on rouvrira les frontières, il y aura cette crainte de voir des gens arriver de pays dans lesquels il y a beaucoup de variants en circulation, dont certains pour lesquels on ne sait pas précisément si les vaccins sont efficaces », ajoute Mme Da Silva.

Au cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, on se dit aussi préoccupés. « Il est inquiétant de détecter une souche de variant indien en sol québécois. Nous devons reconnaître que ce variant nous préoccupe davantage considérant, a priori, la moins grande réceptivité à la vaccination », dit l’attachée de presse, Marjaurie Côté-Boileau. « Il faut toutefois souligner que sa détection est la démonstration que la Santé publique est en mode hypervigilance et que notre approche permet de séquencer les nouvelles souches de variants. Depuis des mois, le Québec est préparé à faire face à cette troisième vague », ajoute-t-elle.

À l’Ouest du Canada, la Colombie-Britannique recense déjà 39 cas du variant indien, selon ce qu’a rapporté en soirée le Vancouver Sun. Ces cas ont été identifiés au début avril, mais n’avaient pas été signalés car « à l’époque, le B.1617 n’avait pas été identifié comme un variant préoccupant », a déclaré le ministère de la Santé de la province.

Craintes à l’international

Le variant « indien » suscite l’inquiétude dans plusieurs pays actuellement, au vu de ses caractéristiques et de la rapide dégradation de la situation sanitaire en Inde. Mercredi seulement, l’Inde a rapporté 300 000 nouveaux cas de COVID-19 sur son territoire ainsi que 2000 décès supplémentaires.

Le variant, qui a été détectée pour la première fois en octobre dans l’ouest du pays, dans la province du Maharashtra, représente aujourd’hui la majorité des nouvelles infections dans cette région. Depuis lundi soir, la capitale New Delhi est en confinement pour une semaine pour contenir la flambée de cas de COVID-19 et réduire la pression sur les hôpitaux. Au total, vingt millions d’habitants sont confinés.

Mercredi, les autorités canadiennes de santé publique ont annoncé que le gouvernement fédéral surveillera étroitement l’arrivée de vols en provenance de l’Inde. Tous les voyageurs doivent notamment se soumettre à un test de dépistage avant leur embarquement, puis à l’arrivée au Canada, en plus de devoir obligatoirement se placer en isolement. L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, n’exclut pas un resserrement de cette règle pour les voyageurs en provenance de l’Inde.

D’après les données du gouvernement fédéral, 35 vols en provenance de l’Inde ont atterri au Canada au cours des deux dernières semaines avec au moins un cas de COVID-19 à bord. En Ontario, le gouvernement de Doug Ford plaide en faveur d’une interdiction des vols en provenance de ce pays.

Des mutations importantes

Le variant « indien », qui se retrouve désormais sur tous les continents, est qualifié de « double mutant » puisqu’il est porteur de deux mutations préoccupantes à sa surface. La première mutation, nommée E484Q, est déjà observée sur les variants sud-africain et brésilien. Cette mutation a « un impact significatif en termes d’échappement immunitaire, bien que cela ne soit pas encore formellement démontré à ce stade », a indiqué la santé publique de France dans un rapport publié le 8 avril dernier.

Le variant risque d’entraîner une moins grande efficacité de la vaccination et un risque accru de réinfection. La deuxième mutation, L452R, est présente dans le variant repéré en Californie et pourrait entraîner une augmentation de la transmissibilité du virus.

En Europe, le gouvernement britannique a interdit l’entrée au Royaume-Uni des voyageurs en provenance d’Inde, en raison d’une aggravation de la pandémie dans ce pays, n’autorisant l’accès qu’aux résidents britanniques, qui devront payer de leur poche une quarantaine à l’hôtel.

La France a ajouté mercredi l’Inde à la liste de pays dont les voyageurs sont soumis à une quarantaine obligatoire. Jusqu’à présent, le variant indien a été identifié dans une dizaine de pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et l’Angleterre.