Au tout début de la pandémie de COVID-19, les employés du CHSLD René-Lévesque se sont fait dire de cesser de porter des masques, puis ce matériel de protection est disparu de l’établissement, a rapporté mercredi l’une des préposées aux bénéficiaires qui y travaillait.

L’enquête publique de la coroner s’est déplacée cette semaine dans ce CHSLD de Longueuil.

Son but est de faire la lumière sur les décès survenus dans les CHSLD et autres résidences pour aînés et personnes vulnérables lors de la première vague de COVID-19, au printemps 2020.

Au CHSLD René-Lévesque, 118 résidants ont été infectés par la COVID-19 lors de la première vague de la pandémie et 54 d’entre eux ont succombé à la maladie.

Au troisième jour de cette enquête sur le CHSLD René-Lévesque, une préposée aux bénéficiaires a déclaré qu’en mars 2020, des employés ont commencé à porter des masques médicaux pour protéger les résidants de la contamination, ainsi qu’eux-mêmes.

Ceux-ci se sont fait dire de ne pas « exagérer » et de ne plus porter le masque car cela allait faire peur aux résidants, a rapporté la femme qui ne peut être identifiée, comme les autres employés, par ordre de la coroner Géhane Kamel qui préside cette enquête.

Puis, peu après, tous les masques sont disparus du CHSLD, a ajouté la préposée. « On ne sait pas pourquoi. » Les masques étaient introuvables, et pas uniquement sur l’étage où elle travaillait, rapporte-t-elle. Ceux-ci sont normalement à la disposition du personnel, notamment lors d’éclosions de grippe.

Le personnel n’était pas très content. On s’est dit qu’avec des masques, cela se serait mieux passé dans la résidence, estime la préposée.

Il n’y avait pas de pénurie de masques médicaux à ce moment, assure-t-elle, car cette période précédait le début de l’éclosion au CHSLD. Le premier cas d’infection y a été rapporté le 4 avril 2020.

La préposée a témoigné du manque de personnel criant dans cette résidence, avant et durant l’éclosion de COVID-19.

Lors des pauses, la préposée voyait d’autres employées dormir sur des tables, « tellement elles étaient épuisées ».

Elle croit possible qu’en raison du manque de personnel, des résidants n’aient pas été bien hydratés.

Les personnes âgées ont été abandonnées.

La préposée qui travaillait au CHSLD René-Lévesque

Une infirmière qui travaille au même endroit a soulevé une autre inquiétude : il y avait dans certains cas deux résidants dans la même chambre, une situation qui a sûrement contribué à la propagation du virus.

Le CHSLD était « une zone de guerre » jusqu’en mai, juge-t-elle.

Les audiences publiques de la coroner se poursuivent jeudi matin.