(Toronto) La situation de la COVID-19 en Ontario est « désastreuse », a déclaré jeudi la médecin hygiéniste en chef adjointe de la province, tandis que le gouvernement envisageait de nouvelles restrictions pour faire face à une augmentation alarmante des cas.

Quelques heures après que la province a établi un nouveau record d’infections quotidiennes — enregistrant 4736 cas — la Dre Barbara Yaffe a affirmé qu’elle n’avait jamais vu un contexte aussi difficile.

« Malheureusement, notre situation est désastreuse », a-t-elle déclaré.

Lors de certaines conférences de presse précédentes, j’ai qualifié la situation de préoccupante, voire d’effrayante. Ce qui est vraiment effrayant, c’est que lorsque j’ai utilisé ces mots auparavant, nos données et nos tendances étaient loin d’être là où nous nous trouvons aujourd’hui.

Dre Barbara Yaffe

La moyenne de sept jours de l’Ontario pour les cas quotidiens avait bondi de 36 % en une semaine — à 4208, a indiqué Mme Yaffe.

Les 1932 personnes actuellement hospitalisées pour la COVID-19, dont 659 aux soins intensifs, constituent des statistiques records, a-t-elle noté, soulignant l’immense pression exercée sur le système de santé.

De nouvelles restrictions de santé publique — en plus de l’ordre actuel de maintien à domicile et de la fermeture des salles de classe — seront nécessaires et ont été recommandées au Cabinet, a déclaré Mme Yaffe.

Les mesures, sur lesquelles la médecin hygiéniste en chef adjointe n’a pas donné de détails, sont fondées sur des données recueillies par les conseillers scientifiques de la province et tiennent compte des efforts qui ont fonctionné dans d’autres juridictions, a-t-elle déclaré.

« Les choses ne s’amélioreront pas si nous ne changeons pas », a affirmé Mme Yaffe. « Les choses vont, en fait, empirer. Donc, c’est l’essence du message. »

Le Cabinet du premier ministre Doug Ford s’est réuni jeudi après-midi pour discuter de possibles nouvelles restrictions.

Un couvre-feu comme au Québec ?

Cependant, la solliciteuse générale Sylvia Jones n’a pas voulu dire quelles mesures étaient envisagées ni si un couvre-feu — semblable à celui qui est imposé à plusieurs endroits au Québec — en ferait partie.

« Le premier ministre Ford a déclaré dès le début de cette pandémie que toutes les options étaient sur la table », a déclaré Mme Jones. « Et cela continue d’être notre philosophie en tant que Cabinet et caucus. »

Toutefois, Mme Jones a reconnu les défis qu’un couvre-feu présenterait en Ontario, soulignant les manifestations contre le couvre-feu au Québec.

« Je pense que les émeutes de Montréal témoignent du défi à la fois de l’application de la loi et de la volonté des gens de respecter un couvre-feu », a-t-elle affirmé.

L’Association canadienne des libertés civiles (ACLC) a déclaré qu’un couvre-feu n’aiderait pas la crise de la santé publique et a exhorté le gouvernement à ne pas s’engager dans cette voie.

« Imposer un couvre-feu est un aveu que le gouvernement est à court d’idées », a déclaré Cara Zwibel, directrice des libertés fondamentales à l’ACLC. « C’est une mesure inutile et disproportionnée qui est susceptible de faire plus de mal que de bien. »

Les hôpitaux ont réduit les procédures médicales non essentielles et non urgentes cette semaine pour s’assurer qu’ils ont la capacité de soigner les patients atteints de COVID-19 alors que les infections ne cessent d’augmenter.

L’Ontario affichait jeudi 29 autres décès liés au virus.

Des 4736 nouveaux cas de COVID-19 déclarés, 1188 étaient enregistrés à Toronto, 983 dans sa banlieue immédiate de Peel, 526 dans celle de York et 342 à Ottawa. Les données de jeudi sont basées sur près de 65 600 tests.

Le gouvernement ontarien indiquait jeudi que 105 430 doses d’un des vaccins avaient été administrées depuis la mise à jour de la veille, portant le nombre total de vaccinations à plus de 3,52 millions.

Pendant ce temps, la régie régionale de la santé de Grey-Bruce demande aux citoyens de rester à la maison pendant les deux prochains jours, en raison d’une augmentation de la propagation de variants préoccupants dans cette région située au nord-ouest de Toronto, près du lac Huron.

Selon les autorités, 70 nouveaux cas ont été confirmés dans la région au cours des 36 dernières heures, et la santé publique souhaite maintenant ralentir la propagation du virus afin d’effectuer le traçage des contacts.

Tous les citoyens de cette région devraient donc se considérer comme porteurs de la COVID-19 pendant les 48 prochaines heures, demandent les autorités de la santé. Selon la régie régionale de Grey-Bruce, cet avis s’ajoute à l’ordre de « rester à la maison » du gouvernement provincial.

Par ailleurs, le gouvernement ontarien a déclaré qu’un hôpital de campagne pourrait être activé à Toronto plus tard ce mois-ci, car la métropole doit faire face à une augmentation des hospitalisations dues à la pandémie.

Le ministère de la Santé a déclaré que l’unité mobile de l’hôpital Sunnybrook s’attend à accueillir des patients dans les semaines à venir. L’hôpital de campagne, installé dans un stationnement de l’établissement, est l’un des deux hôpitaux de la province conçus pour aider à réduire la pression dans le réseau, surtout aux soins intensifs. Le gouvernement a déclaré que cette mesure permettrait de transférer des patients en « soins non critiques » vers ces lits de médecine générale.