(Québec) Les régions hors du Grand Montréal rattrapent leur retard dans la vaccination contre la COVID-19. Le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Capitale-Nationale ont pu appuyer sur l’accélérateur et se rapprocher du taux de vaccination de la métropole, qui a quant à elle ralenti la cadence.

À l’échelle de la province, la vaccination a augmenté le rythme au cours des derniers jours grâce à la réception la semaine dernière de quelque 400 000 doses d’AstraZeneca uniquement, ce qui a permis d’ouvrir la campagne aux 55 ans et plus. Québec a aussi expédié 34 000 doses supplémentaires dans les régions.

Ces sept derniers jours, un peu plus de 56 000 doses ont été administrées quotidiennement. C’est 35 % de plus que la semaine précédente.

Depuis une semaine, c’est le Bas-Saint-Laurent qui a le plus bénéficié du changement de priorité accordé hors du Grand Montréal. En sept jours, le Bas-Saint-Laurent a vacciné 8,4 % de sa population, pour un total de 23,2 % depuis le début de la campagne, ce qui est maintenant plus élevé que la moyenne provinciale, à 22,8 %. Dans cette région durement frappée par la troisième vague, pas moins de 3290 personnes ont profité de la vaccination sans rendez-vous pour être immunisées avec le vaccin AstraZeneca vendredi, samedi et dimanche.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean aussi a accéléré la cadence. Un total de 7,3 % de la population a reçu une première dose la semaine dernière, pour un total de 23,3 %. Tout comme dans la Capitale-Nationale, qui a administré 4900 doses par jour depuis une semaine. Pour l’heure, 21,3 % de la population a reçu une première dose.

Aussi durement touché par la pandémie, l’Outaouais est aussi parvenu à mettre les gaz. La région a administré en moyenne 3200 doses par jour depuis une semaine, soit 42 % de plus que la semaine précédente. À ce jour, c’est 20,4 % de la population de la région qui a reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19.

À l’inverse, la campagne de vaccination a considérablement ralenti à Montréal. À peine 3,2 % de la population de l’île a reçu une dose la semaine dernière. La métropole a vacciné à un rythme de 9500 doses par jour, contre 14 000 il y a deux semaines. Le taux de vaccination reste néanmoins plus élevé à Montréal, à 26,8 %.

Le taux de vaccination est plus faible dans les régions limitrophes, soit Laval (22,2 %), Lanaudière (20,7 %), la Montérégie (20 %) et les Laurentides (19 %).

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, disait la semaine dernière vouloir « rétablir l’équilibre » entre les régions et Montréal, où l’on a distribué plus de doses en mars pour ralentir la pandémie.

Maintenir le rythme

Le Québec rapporte avoir administré 52 705 doses dimanche, pour un total de 1,9 million depuis le début de la campagne. Ainsi, 22,7 % de la population québécoise avait reçu une première dose lundi.

Déjà, quelque 74 000 doses du vaccin d’AstraZeneca ont été administrées chez les 55 ans et plus depuis jeudi. Le vaccin sera encore offert sans rendez-vous ainsi que dans plus de 300 pharmacies à travers la province. Québec ne doit pas recevoir de nouveaux arrivages d’AstraZeneca cette semaine.

La province devrait néanmoins pouvoir maintenir le rythme alors que 485 000 doses se trouvent actuellement en banque ou en transit dans le réseau. Le Québec attend la livraison d’un peu plus de 400 000 doses, avec 230 490 doses du vaccin de Pfizer et 176 400 doses de celui de Moderna.

Les livraisons de Moderna et Pfizer qui entrent cette semaine sont destinées aux catégories 8 et 9 et aux deuxièmes doses. La vaccination de ces catégories prendra encore plusieurs semaines.

Christian dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, sur Twitter

À Montréal, les personnes de 60 ans et moins souffrant d’une maladie chronique (groupe 8) et les travailleurs essentiels ciblés (groupe 9) ont commencé à être immunisés lundi. La prochaine étape sera d’élargir la vaccination à ces groupes partout au Québec. Ensuite viendra la vaccination de la population générale.

IMAGE TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE SANTÉ QUÉBEC

Le modèle hybride restera

Québec veut conserver un modèle hybride alliant la vaccination avec et sans rendez-vous, comme il le fait actuellement, à la lumière du succès obtenu avec l’AstraZeneca. Selon nos informations, on évalue la possibilité d’offrir d’autres vaccins en formule sans rendez-vous lorsqu’on en sera à vacciner la population générale.

Même si on « observe que le nombre de rendez-vous offerts » la fin de semaine « est significativement plus faible », le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a demandé aux établissements d’augmenter le nombre de plages horaires le week-end pour favoriser la vaccination des travailleurs essentiels.

Puisque la vaccination s’adresse maintenant à des gens qui sont actifs sur le marché du travail, il est nécessaire d’offrir des plages horaires qui permettent aux travailleurs de se prévaloir facilement de la vaccination.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux

Des images montrant le Palais des congrès de Montréal très peu achalandé samedi, alors qu’on enregistrait à l’extérieur des températures estivales, ont beaucoup circulé. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a d’ailleurs lancé « un appel à la vaccination » pour encourager les personnes de 55 ans et plus à se déplacer.

« Notre appel a été entendu », a assuré lundi le porte-parole de l’établissement, Jean-Nicolas Aubé. Samedi, 571 personnes se sont présentées sans rendez-vous, alors qu’elles étaient près de 1000 dimanche.

Le MSSS n’a pas encore diffusé de données sur le nombre de deuxièmes doses administrées à ce jour. Dans certaines régions, comme le Bas-Saint-Laurent, l’administration de la deuxième dose débute cette semaine pour les résidants et travailleurs de la santé vaccinés entre le 24 et le 27 décembre 2020.

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Pas de changement en Abitibi

Les autorités de santé publique n’ont pas l’intention pour l’heure de modifier la stratégie de vaccination en Abitibi-Témiscamingue, région touchée par le variant sud-africain. Une nouvelle étude israélienne a révélé que le variant de l’Afrique du Sud pourrait davantage franchir les défenses immunitaires générées par le vaccin de Pfizer-BioNTech. L’étude n’a pas encore été révisée. Déjà, il a été décidé de ne pas administrer l’AstraZeneca dans la région en raison de données montrant sa faible efficacité contre ce variant. « Ce n’est pas impossible qu’il y ait des petites baisses [dans l’immunité], il y a des débats sur le sujet, mais ça reste ces vaccins-là qui sont recommandés », a indiqué le DGaston De Serres en parlant de ceux de Pfizer et de Moderna. Plus de 80 % des cas positifs à la COVID-19 sont du variant sud-africain en Abitibi-Témiscamingue.

Fanny Lévesque, La Presse