Les élèves de 3e, 4e et 5e secondaire de l’école Mont-de-La Salle, à Laval, n’auront pas goûté longtemps aux joies de l’école en personne. Après une seule journée en classe, ils ont appris que leurs cours se feraient de la maison en raison de la COVID-19, qui a forcé l’isolement de près du quart des élèves.

Mardi après-midi, le directeur de l’école Stéphane Pigeon estimait déjà au téléphone que « c’est une grosse semaine ».

Lundi matin, comme toutes les écoles secondaires situées en zone rouge, son école de Laval accueillait ses 1800 élèves en personne à temps plein.

Mais lundi soir, elle fermait pour au moins une semaine.

Les choses allaient pourtant plutôt rondement depuis quelque temps. « C’était beaucoup moins difficile qu’à l’automne, où on a eu beaucoup de cas », dit Stéphane Pigeon.

La COVID-19 n’aura pas attendu le retour de tous les élèves pour s’enflammer : en trois jours, les cas se sont multipliés, si bien que lundi, l’école comptait 22 cas actifs.

Parce qu’ils s’étaient côtoyés dans les classes et dans les autobus, 429 jeunes ont été confinés, soit 23 % de tous les élèves.

Quand on atteint ce seuil-là, il y a un voyant qui s’allume. J’ai communiqué avec le centre de services scolaire [de Laval] et on a déclenché ce qu’on appelle un comité d’aide à la décision, avec la Santé publique, pour voir la meilleure décision à prendre.

Stéphane Pigeon, directeur de l’école secondaire Mont-de-La Salle

C’était la troisième fois que M. Pigeon participait à un tel comité depuis le début de l’année scolaire.

« On a atteint des seuils comparables l’automne dernier, mais le contexte était différent. On avait quelques cas chaque jour, mais selon la Santé publique, c’était beaucoup des cas qui étaient externes à l’école. Cette fois-ci, c’est subit : une journée de neuf cas, on n’avait jamais vu ça », poursuit le directeur.

Dans les écoles, les variants de la COVID-19 changent la donne et forcent le confinement d’élèves et de leur famille beaucoup plus rapidement. En entrevue avec La Presse la semaine dernière, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a expliqué que la Santé publique serait « très proactive pour fermer les classes là où on soupçonne des éclosions ».

« Un choc »

Mère d’un élève de 15 ans qui fréquente cette école et membre du conseil d’établissement, Isabelle Lacas suit avec assiduité le nombre de cas déclarés dans les écoles du centre de services scolaire de Laval, envoyé aux parents périodiquement.

Il y a une semaine encore, alors que « ça allait super bien » à l’école secondaire Mont-de-La Salle, elle se réjouissait du retour à temps plein de tous les élèves.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Isabelle Lacas, mère d’un élève de 15 ans

« Je me disais : let’s go, on repart la machine. J’ai eu un choc qu’on ferme l’école », dit Mme Lacas.

Alors que le Québec traverse une troisième vague de la pandémie, la décision du gouvernement de ramener tous les élèves à temps plein dans les écoles a été vertement critiquée. Le directeur Stéphane Pigeon estime pour sa part que c’était « pédagogiquement » une bonne idée.

Tout en rappelant qu’il n’est pas un « expert en épidémiologie », il exprime une certaine inquiétude sur le plan de la santé.

Mon école est un bâtiment historique, c’est difficile dans les déplacements de maintenir une distance. Les élèves portent bien le masque, ils sont très disciplinés, mais les ados étant des ados, ils continuent de se serrer la main, de se faire des accolades…

Stéphane Pigeon, directeur de l’école secondaire Mont-de-La Salle

Cela dit, ajoute le directeur, ils seraient « seulement 200 dans l’école » qu’ils se regrouperaient. « Les ados, c’est grégaire », dit-il.

Isabelle Lacas explique qu’après s’être réjouie que l’école ferme, son fils a vite déchanté. « Il m’a dit que finalement, il aimait mieux l’école en présence », indique Mme Lacas, pour qui la fermeture de l’établissement soulève de nouvelles inquiétudes.

« J’espère que ça ne durera pas longtemps. Qu’est-ce qui va arriver avec ces élèves en difficulté, est-ce qu’ils vont avoir du soutien ? Manque-t-il plusieurs profs à l’appel ? », se demande-t-elle.

Aucun membre du personnel n’est au nombre des cas, répond le directeur. Toute l’équipe est passée à l’école à distance en quelques heures. Les moyens techniques sont là, et les élèves vulnérables seront joints au téléphone, assure-t-il.

« On a des élèves avec des situations familiales pas évidentes, ou qui sont eux-mêmes en détresse et pour qui le fait d’être à la maison est un facteur de risque », dit Stéphane Pigeon.