(Ottawa) L’échange de données entre l’Agence de la santé publique du Canada et les provinces est toujours problématique, un an après le début de la pandémie.

Pour preuve, l’Agence a été incapable de dresser un portrait complet de la progression du nombre et de la proportion de cas de variants plus contagieux dans les différentes régions au Canada lors d’une modélisation présentée vendredi aux journalistes.

La diapositive qui devait montrer la courbe des variants B.1.1.7, B.1351 et P.1 au pays était incomplète, le Québec et la Saskatchewan ayant été exclus de cette analyse. Les données s’arrêtaient également au 12 mars, « en raison du délai de déclaration » peut-on y lire.

« Ce sont les meilleures données que nous pouvons fournir au niveau national », s’est défendue l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, tout en ajoutant que celles-ci offrent déjà un bon portrait de la situation à travers le pays.

Elle a du même coup reconnu qu’il y avait encore des défis pour obtenir des données standardisées sur l’évolution de la pandémie.

« Je ne pense pas que c’est parce que les provinces ne sont pas préparées à nous donner ces données, mais ces données doivent être standardisées, afin de s’assurer de comparer des pommes avec des pommes et non des pommes avec des oranges », a expliqué Dre Tam.

Il s’agit de l’un des défis relevés par la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, qui s’est penchée sur le niveau de préparation de l’Agence au début de la pandémie.

Dans un rapport accablant dévoilé jeudi, Mme Hogan a fait état de problèmes de longue date au sujet de la communication avec les provinces et territoires, ce qui a empêché d’obtenir un portrait complet de la pandémie à l’échelle du pays dans les premiers mois de la crise.

L’Agence a fait valoir qu’elle avait lancé en octobre 2020 le Portail national de données sur la santé publique COVID-19 afin de favoriser la collecte, l’échange et la gestion de données sur la COVID-19 et qu’elle travaillait à l’élaboration d’une stratégie pancanadienne en matière de données sur la santé.

« Dans cette pandémie, les provinces ont tenté de nous offrir l’information sur une base individuelle au lieu de données agrégées. Il y a eu des améliorations. […] Mais oui, les provinces ont leurs propres défis, je crois, quand vient le temps d’extraire les données à un niveau plus local », a reconnu Dre Tam.

L’administratrice en chef a aussi été appelée à se prononcer sur un autre constat de la vérificatrice générale, soit le temps qu’a pris le Canada avant de rehausser le niveau pandémique.

Mme Hogan avait constaté que l’Agence avait utilisé un système inadéquat pour déterminer le niveau de risque à une pandémie et que ce n’est qu’à la mi-mars, après l’intervention de Dre Tam, que le niveau est passé du jour au lendemain de « faible » à « élevé ».

« Ce n’était pas faux », s’est défendue Dre Tam au sujet de l’évaluation du risque. « C’était juste important de prendre en compte, également, ce à quoi le futur aurait pu ressembler », a-t-elle justifié.

Elle a souligné qu’elle rencontre les responsables de la santé publique des provinces plusieurs fois par semaine depuis le mois de janvier et que la décision pour rehausser le niveau de risque au pays n’avait pas été prise de façon unilatérale.

« Ce n’était pas les provinces qui nous mettaient de la pression ou quoi que ce soit. C’était une discussion collective, en réalité », a-t-elle dit.