(Québec) Malgré les drapeaux rouges levés en Outaouais et au Saguenay–Lac-Saint-Jean et l’apparition d’un variant virulent dans le Bas-Saint-Laurent, « le Québec résiste à la troisième vague », assure François Legault. Il lance un appel à la prudence alors que les Québécois affronteront encore « quelques semaines difficiles ».

La province « n’est pas dans une vague » et se trouve plutôt sur un plateau avec une moyenne quotidienne autour de 700 cas. « Ça veut dire que nos mesures fonctionnent. Mais la guerre n’est pas finie, donc il faut continuer à être prudents. Les prochaines semaines vont être déterminantes », a déclaré M. Legault.

Malgré une hausse importante des cas dans certaines régions du Québec, le gouvernement Legault a opté mardi pour le statu quo. « Il n’y a pas de changement de couleur cette semaine », a confirmé le premier ministre en conférence de presse.

Mais François Legault avait un avertissement particulier à donner à l’Outaouais et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où la situation épidémiologique est préoccupante depuis quelques jours. « On ne veut pas revenir en zone rouge. Donc, faisons attention, en particulier dans ces zones-là », a-t-il prévenu.

On pense qu’on est capables, en faisant attention, de rester en zone orange, mais c’est important de réduire les contacts.

François Legault en conférence de presse mardi

L’Outaouais a comptabilisé mardi 50 nouveaux cas. La région avait tourné à l’orange avant les autres le 22 février, notamment pour emboîter le pas à Ottawa, avec qui Gatineau a des liens naturels. Malgré le retour au rouge de la capitale fédérale, Québec garde le cap pour l’Outaouais.

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Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a par ailleurs indiqué avoir fait un « ajustement mineur » pour accélérer la livraison de doses de vaccins en Outaouais.

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Le Saguenay–Lac-Saint-Jean a enregistré 25 nouveaux cas mardi. Il s’agit d’une embellie, puisque la semaine dernière, les autorités enregistraient tous les jours plus de 30 nouveaux cas. La région — tout comme l’Outaouais mardi — se trouve statistiquement en zone rouge avec plus de 10 cas par 100 000 habitants.

« Les choses s’améliorent, mais il faut rester prudents. Le gouvernement a été clair. Personne ne veut retourner dans le rouge », a prévenu la mairesse de Saguenay, Josée Néron.

Malheureusement, comme partout ailleurs, on a des récalcitrants, des gens qui pensent que ce n’est pas pour eux.

Josée Néron, mairesse de Saguenay

Il s’agirait « d’une minorité » de personnes, selon elle.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean avait été durement frappé par la deuxième vague, en novembre dernier, mais avait pu redresser la situation rapidement.

« On veut éviter de jouer au yo-yo […], ç’a des conséquences d’enlever le rouge, mettre au rouge, enlever le rouge », a illustré le DHoracio Arruda. « Si on pense qu’on doit passer au rouge, c’est qu’on a une impression qu’on est en train de perdre le contrôle […] puis que ça va durer pour un petit bout. »

Inquiétudes dans le Bas-Saint-Laurent

Le Bas-Saint-Laurent, qui pouvait se targuer jusqu’à tout récemment d’un bilan « extrêmement favorable », est désormais frappé par un variant « très contagieux » qui inquiète les autorités sanitaires. Le directeur de santé publique de la région a d’ailleurs lancé un appel à la population mardi.

Selon le DSylvain Leduc, un coup de barre est nécessaire, sans quoi les cas pourraient se multiplier dans la région.

[Ce variant] est très contagieux. On ne sait pas encore de quel type il est. On attend toujours son séquençage. Mais il est possible que ce soit le variant britannique.

Le DSylvain Leduc, directeur de santé publique de la région du Bas-Saint-Laurent

Fait à noter, toutes les régions à l’exception de celles qui seront colorées en jaune dès le 26 mars ont détecté des cas présomptifs de variants sur le territoire. Le Québec enregistre 704 cas confirmés de variants (+ 162) ainsi que 3423 cas présumés. La souche du Royaume-Uni est la plus présente avec 594 cas confirmés.

Le Laboratoire de santé publique du Québec est en train d’examiner le virus qui frappe le Bas-Saint-Laurent. Le séquençage prend normalement de 7 à 14 jours. « Mais on comprend que le laboratoire a été inondé de demandes, alors ça retarde un peu », note le directeur régional de santé publique.

La région a recensé lundi 18 nouveaux cas et 11 mardi. Quelque 30 cas de COVID-19 sont attribués à des variants dans la région, selon les données de la Santé publique. La région ne dénombrait plus d’hospitalisations en lien avec la COVID-19. Elle en compte six depuis la fin de semaine. Un basculement du Bas-Saint-Laurent en zone rouge « est prématuré », selon le DLeduc.

Les enquêtes épidémiologiques ont démontré que plusieurs personnes avaient recommencé à participer à des rassemblements avec la famille et les amis, selon le DLeduc. Ce mélange de relâchement et de variant très contagieux explique, selon la Santé publique, le retour des cas dans la région.

« On le sait que ça va monter »

L’arrivée de variants en région « est inquiétante, mais prévisible », note la professeure de l’École de santé publique de l’Université de Montréal Roxane Borgès Da Silva. Elle note que le variant britannique serait entre 1,5 et 1,7 fois plus contagieux.

Le DArruda est aussi catégorique : « ce n’est pas vrai que le variant ne va pas monter » indépendamment « de ce qu’on peut faire » pour le freiner.

« Comme il est plus transmissible, on va avoir plus de cas. Ce qui est important, c’est de ne pas avoir des hospitalisations, puis des décès. […] Je vais vous dire, on n’est pas dans une troisième vague, on est dans un plateau après la deuxième [vague], mais on sait que ça va monter », a précisé le DArruda.

Le directeur national de santé publique assure que la Santé publique a une « approche très agressive » pour freiner les variants.

Legault vacciné vendredi

Le premier ministre a confirmé mardi qu’il sera vacciné contre la COVID-19 dès vendredi à Montréal, où la vaccination est ouverte aux 60 ans et plus depuis lundi. Il ne sait pas quel vaccin lui sera inoculé, mais se dit prêt à recevoir les trois vaccins, y compris celui d’AstraZeneca. « Les trois vaccins sont sécuritaires, sont efficaces […], je donne l’exemple puis j’espère que ça va donner l’idée à tous les Québécois, quand leur âge arrive, d’aller se faire vacciner », a-t-il dit. Par ailleurs, le Québec a franchi mardi la barre du million de vaccins administrés, soit un peu plus de 11,6 % de la population ; 26 040 doses ont été administrées lundi.

– Fanny Lévesque

Assouplissement en RPA

Québec a annoncé mardi que les salles à manger de toutes résidences privées pour aînés (RPA) pourront rouvrir dès maintenant à condition que 75 % des usagers aient reçu une première dose du vaccin contre la COVID-19 depuis au moins trois semaines. « C’est une ouverture un peu comme les restaurants », a illustré le DArruda, précisant que les exploitants auront plusieurs consignes à suivre. « C’est une réouverture pour permettre aux gens de socialiser, de se voir, mais ce n’est pas un retour à la normale », a-t-il dit.

– Fanny Lévesque

Bilan à la baisse dans le rouge

Les 656 nouveaux cas rapportés mardi portent à 710 la moyenne quotidienne calculée sur une semaine. À l’inverse des régions en zone orange, les régions en rouge, soit celles du Grand Montréal, affichent des tendances à la baisse. Trois d’entre elles, Lanaudière, les Laurentides et la Montérégie, affichent même des taux inférieurs à 10 par 100 000 habitants. Malgré un bilan de quatre décès supplémentaires, la moyenne quotidienne se maintient à neuf par jour. On compte présentement 519 personnes hospitalisées, soit 6 de plus que la veille. Du nombre, 113 se trouvent aux soins intensifs. C’est une de moins que la veille.

– Pierre-André Normandin