C’est ce lundi matin que les élèves du deuxième cycle du secondaire des écoles en zones jaune et orange retournent en classe à temps complet, après des semaines passées à étudier en partie de la maison. En zone rouge, l’école en alternance se poursuit pour ces mêmes élèves. Devant la menace des variants et le resserrement des mesures dans les écoles, la demande de vacciner rapidement les travailleurs de l’éducation se fait plus pressante.

« En juin, il va être trop tard pour vacciner, l’école va être terminée. » Stéphane Lapointe, président de la Fédération du personnel de l’enseignement privé, demande officiellement que l’on vaccine le plus rapidement possible l’ensemble du personnel de l’éducation.

« On parle de l’éducation comme d’un service essentiel, on demande aux travailleurs d’être là. Peut-on leur donner le maximum de protection ? », dit-il.

Il n’est pas seul à soulever une telle inquiétude. La demande de vacciner rapidement les travailleurs de l’éducation est répétée depuis plusieurs mois, mais elle se fait plus pressante au fur et à mesure que la campagne de vaccination prend son élan et que les variants sont détectés en milieu scolaire.

On était tous conscients qu’on ne pouvait pas être sur le même pied que les gens des CHSLD, le personnel de la santé, les personnes vulnérables. Mais la vaccination s’accélère et il y a un souhait de protéger les gens.

Mélanie Hubert, présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal

Une poignée des enseignants qu’elle représente sera vaccinée ce lundi dans le cadre d’un projet-pilote mené par la Santé publique de Montréal dans les écoles des quartiers Côte-Saint-Luc et Plamondon, où les variants sont très présents dans la communauté. Mais la vaccination du personnel des écoles s’arrête là pour l’instant.

Des consignes qui se resserrent

Dans certaines écoles situées en zone rouge, l’urgence se fait pourtant sentir. « Ce qui est troublant, c’est que les consignes se resserrent d’un cran », dit Mélanie Hubert. Elle cite en exemple des écoles où des profs qui tenaient des réunions à deux mètres de distance dans le gymnase se font dire que c’est désormais interdit.

D’autres, dit-elle, se font demander de manger en maximum 15 minutes, question de ne pas enlever le masque plus longtemps. « Se faire dire que ce sera plus facile de contenir une éclosion si on mange toujours avec les mêmes collègues, ça amène une fébrilité », dit Mélanie Hubert.

La situation n’est pas unique à Montréal. Partout au Québec, on a resserré les mesures. Quand un cas de variant est détecté dans une école, c’est non seulement l’élève, mais aussi toute sa famille qui doit s’isoler en attendant les résultats du test.

Et quand un niveau entier ou toute une école est confiné, il y a « bris de service majeur et [cela] nuit au cheminement pédagogique des élèves », indique l’Association des directrices et directeurs généraux des établissements scolaires de l’enseignement privé du Québec.

De même, « les impacts sur le personnel scolaire et sur leur famille sont majeurs ; ces derniers devant demeurer confinés pendant plusieurs jours », écrivait récemment l’Association dans un communiqué.

Son pendant dans le réseau public, la Fédération québécoise des directions d’établissement, demande elle aussi que le personnel des écoles soit vacciné après les personnes vulnérables.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on explique que le personnel scolaire qui est en présence directe avec les élèves fait partie du groupe prioritaire 9. Il s’agit de l’avant-dernier groupe, tout juste avant la population adulte générale.

« Le MSSS est conscient que le personnel scolaire est très préoccupé par la situation. Nous tenons à [le] rassurer, la vaccination de [son] groupe n’est pas si lointaine. Comme l’a mentionné le premier ministre, on fait tout le nécessaire pour que tous les Québécois qui désirent le vaccin puissent l’obtenir d’ici la fin juin », écrit Robert Maranda.

Au début du mois de janvier, le DRichard Massé, conseiller médical stratégique à la Direction générale de santé publique, estimait en point de presse que les membres du personnel des écoles et des services de garde à l’enfance pourraient être vaccinés au début du printemps.

Mais alors que dans plusieurs régions du Québec, les élèves du secondaire retournent à l’école en présence à temps plein, ceux des zones rouges ne savent pas s’ils pourront eux aussi délaisser l’école de la maison une journée sur deux d’ici la fin de l’année scolaire. Le premier ministre François Legault a laissé entendre récemment que ce serait possible, sans toutefois s’engager sur une date.