Alors que les parents des élèves d’écoles primaires et secondaires situées dans Côte-Saint-Luc et Plamondon pourront recevoir un vaccin contre la COVID-19 plus tôt que prévu à Montréal, le gouvernement Legault promet déjà d’accélérer la cadence dans la population en général.

« On parle d’une approche suppressive du variant. En éteignant le feu sur des quartiers ciblés, on souhaite éviter que ça se transmette dans d’autres quartiers montréalais », a annoncé jeudi la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, en conférence de presse.

Peu importe son lieu de résidence, le parent dont l’enfant fréquente une école ou un CPE de ces deux quartiers pourra se faire vacciner dès lundi. Environ 6000 doses par semaine, pour une durée de deux semaines, seront réservées à ce projet pilote. On estime que 12 000 enfants fréquentent les écoles dans ces secteurs. La Santé publique s’attend à atteindre une couverture vaccinale de 70 %.

« Entre 20 et 25 % des cas positifs proviennent du variant, mais plus de 26 % des cas de variants se situent dans Côte-Saint-Luc et Plamondon », a ajouté la Dre Drouin pour justifier la décision de procéder dès maintenant, même si l’âge minimal pour se faire vacciner dans le Grand Montréal est de 65 ans.

On voit que la plupart des cas commencent en service de garde ou dans les écoles, puis se transmettent dans les domiciles auprès des adultes et, par la suite, vont dans d’autres milieux de vie.

La Dre Mylène Drouin

En réponse aux parents qui se sentiraient mis de côté ou négligés, la Dre Drouin s’est voulue rassurante. « On a un gros feu à un endroit, et là, on utilise le vaccin comme outil de plus pour tenter d’éviter que ça se répande », a-t-elle souligné. Elle affirme que les enseignants ne seront pas vaccinés pour l’instant, puisque l’objectif principal demeure de « couper la transmission domiciliaire ». La Santé publique évalue toutefois la possibilité d’inclure les enseignants et le personnel de service de garde au projet.

Sur Twitter, le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, a aussi ajouté son grain de sel. « Il est évident que dans les quartiers où les parents d’enfants fréquentant les écoles seront vaccinés, les membres du personnel des écoles doivent eux aussi avoir accès au vaccin », a-t-il écrit.

En évolution continue

Francine Dupuis, présidente et directrice générale adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, a assuré que toute l’opération ferait l’objet d’une évaluation continue. « On va commencer sur quatre sites : le CHSLD Maimonides, l’Hôpital général juif, l’aréna Bill-Durnan et le campus MIL », a-t-elle expliqué.

Le maire de Côte-Saint-Luc, Mitchell Brownstein, dit soutenir la stratégie.

S’il y a un moyen d’utiliser le vaccin dans un certain secteur pour neutraliser les superpropagateurs, il faut le prendre. Tout le monde va être mieux protégé.

Mitchell Brownstein

En mêlée de presse, le ministre Christian Dubé a aussi appuyé le projet. « On va regarder comment ça évolue. Mais on est très à l’aise avec cette idée-là d’innover. […] Ce qu’il faut voir dans cette initiative-là, c’est que ça doit être complémentaire avec ce qu’on fait déjà », a-t-il dit.

Pour la professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM) Roxane Borgès Da Silva, il est tout à fait compréhensible que les professeurs de ces écoles ne soient pas inclus dans le projet pilote dans un premier tempsme Da Silva. « Les enseignants n’habitent pas tout le temps dans les quartiers, et ils ne sont pas les plus à risque. Si on vaccine les parents, les enfants ne pourront plus contracter le virus, et donc, les profs non plus. C’est toujours une question de logistique. »

Montée en puissance

La vaccination contre la COVID-19 montera « en puissance » au courant des prochaines semaines, a promis jeudi Christian Dubé, alors que Québec a assuré cette semaine que tous les Québécois qui souhaitent recevoir une première dose pourraient l’avoir d’ici le 24 juin.

« Depuis notre annonce, les gens à raison ont fait la moyenne, comme quoi ça veut dire qu’il faudra 50 000 vaccins par jour, pendant 100 jours. J’aimerais juste préciser que lors d’une journée comme aujourd’hui, avec environ 35 000 doses, on n’est pas du tout en retard. […] Les mois de mars et d’avril vont être en bas de la moyenne, mais ceux de mai et de juin seront au-dessus », a soutenu le ministre, qui a reçu jeudi sa première dose du vaccin d’AstraZeneca.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, a reçu sa première dose du vaccin d’AstraZeneca

Quand on lui a demandé à quel moment exactement il prévoyait atteindre ces 50 000 doses par jour, le ministre est toutefois resté plus prudent. « Ça dépend des vaccins qu’on reçoit. On a des semaines où on va recevoir 400 000, et d’autres où on va encore en recevoir 200 000. Mais à la moyenne à la fin, on va être là », a-t-il dit, soulignant que le Québec serait capable de distribuer toutes les doses « dans un délai très rapide ».

Un bilan stable

Le Québec a franchi jeudi la barre des 300 000 cas de COVID-19, alors que la province a rapporté 702 nouveaux cas, 6 décès supplémentaires et une nouvelle baisse de 13 hospitalisations. Sur les 6 décès rapportés jeudi, 3 sont survenus dans la région de Montréal, 1 en Mauricie et Centre-du-Québec, 1 en Outaouais et 1 à Laval. Ces derniers chiffres portent à 8 la moyenne quotidienne des décès sur une semaine. La moyenne quotidienne des cas calculée sur une semaine est de 680. Par ailleurs, 26 225 doses supplémentaires ont été administrées dans la journée de mercredi, soit au total de 832 469. Environ 9,8 % de la population a donc jusqu’ici reçu une première dose. Mardi, la province avait réalisé 33 906 tests de dépistage, soit sensiblement le même nombre que la veille.