Le nombre de nouveaux cas de COVID-19 reste stable à Montréal. La semaine de relâche n’a donc « pas eu d’effet majeur » sur la métropole, qui enregistre en moyenne 325 nouveaux cas par jour depuis trois semaines. Les éclosions sont aussi en baisse, particulièrement dans les milieux de soins pour aînés. Et malgré la progression de la vaccination, il faut rester vigilant, car une troisième vague, liée au variant, est inévitable.

En conférence de presse mercredi, la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, a indiqué que seulement 22 éclosions sont en cours dans des milieux de soins montréalais. Il faut remonter au début de l’automne dernier pour compter un nombre aussi faible. Au cours de la dernière semaine, seulement deux éclosions ont eu lieu dans des milieux de soins pour aînés. Et il s’agissait de résidences privées pour aînés. Aucune nouvelle éclosion n’a eu lieu dans des CHSLD.

La vaccination va bon train

La campagne de vaccination va bon train à Montréal. Jusqu’à maintenant, 287 000 personnes ont été vaccinées, dont 69 000 travailleurs de la santé. Chez les personnes de 65 ans et plus, 77 % de la population a été vaccinée ou a déjà obtenu un rendez-vous en clinique de vaccination. La Santé publique souhaitait rejoindre 75 % de cette population et considère donc que l’objectif « est atteint ». La métropole, tout comme le reste de la province, est donc en bonne posture pour atteindre l’objectif de 75 % de la population adulte vaccinée d’ici le 24 juin.

Pour l’ensemble du Québec, 28 812 doses de vaccin ont été administrées mardi, pour un total de 804 806, soit 9,1 % de la population. Jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, sera de passage à Montréal pour se faire vacciner.

Le nombre de doses de vaccin reçues par Québec est appelé à augmenter dans les prochaines semaines. À Montréal, le réseau sera capable d’administrer plus de doses. Le Palais des congrès ne vaccine actuellement que 1000 personnes par jour, mais pourrait en vacciner 3000, affirme Mme Bélanger.

Un variant ralenti, mais toujours menaçant

Dans les hôpitaux de Montréal, 300 patients sont actuellement hospitalisés, dont environ 75 aux soins intensifs. Au plus fort de la deuxième vague, plus de 800 personnes étaient hospitalisées à Montréal. « Mais on n’est pas encore revenus à un niveau où il n’y a plus de cas dans les hôpitaux […] C’est une accalmie […] Mais il faut faire attention », dit la PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger.

Selon la Dre Drouin, le fait que la population respecte les mesures de protection et que la Santé publique agisse de façon très forte pour contrer le variant a permis de ralentir la croissance des variants à Montréal. Depuis février, 20 % des nouveaux cas de COVID-19 sont liés au variant britannique. En Ontario, où on vient de déclarer qu’une troisième vague était en cours, près de 50 % des nouveaux cas sont liés au variant.

La Santé publique de Montréal est toutefois loin de crier victoire. Certes, des assouplissements ont été accordés dans la métropole. Dont le couvre-feu qui a été reporté à 21 h 30. Mais « la situation de Montréal ne permet pas de rouvrir les restaurants », dit la Dre Drouin, qui souligne qu’une troisième vague de COVID-19 est inévitable.

Cette troisième vague « sera associée au variant britannique » et ce variant « cause jusqu’à 64 % plus de formes sévères de la maladie et de décès », affirme la Dre Drouin.

À Montréal, les quartiers de Côte-Saint-Luc et de Snowdon sont ceux où le variant est le plus présent.

« Repousser » la troisième vague, dit la Dre Drouin

Questionnée à savoir quand Montréal pourra envisager un relâchement plus intense des mesures de protection, la Dre Drouin a répondu qu’il s’agit d’une « bonne question ». La Dre Drouin souligne que des troisièmes vagues sont présentes dans de nombreux pays.

« Clairement, oui, il va y avoir une troisième vague. À quelle hauteur et à quel moment elle va arriver, j’ai pas de boule cristal, mais les modélisations de l’Institut [national de santé publique] […] nous démontrent que même avec une adhésion très forte [aux mesures de protection], on risque d’avoir quand même une hausse et une accélération du nombre de cas. »

La Dre Drouin rappelle que la ville est « encore en zone rouge » et que « les rassemblements privés à l’intérieur demeurent interdits ».

Les efforts qu’on fait actuellement à Montréal pour le contrôle du variant, c’est clairement pour l’étouffer avant que ça se rende dans d’autres régions.

La Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal

Celle-ci reconnaît que les assouplissements sont comme « une bouffée d’air frais ». « Mais prenons-les à l’extérieur. Assurons-nous de très bien respecter et appliquer les mesures. De ne pas tirer trop l’élastique », dit la Dre Drouin.

« La troisième vague va arriver certainement, mais je pense que si on continue nos efforts de traçage, vos efforts d’application des mesures de santé publique et la vaccination, on peut se permettre d’essayer de repousser cette troisième vague encore de quelques semaines. »

703 nouveaux cas, 12 décès

Le Québec se trouve toujours sur un plateau dans les nouveaux cas de COVID-19 : la province en a rapporté 703 mercredi ainsi que 12 décès supplémentaires. On note toutefois une forte hausse du nombre de personnes aux soins intensifs. Le nombre de personnes hospitalisées en raison de la COVID-19 est demeuré stable, à 532. Mais on dénote 16 personnes de plus aux soins intensifs, pour un total de 107.

Les 703 nouveaux cas de COVID-19 rapportés mercredi s’inscrivent dans le plateau que le Québec traverse depuis une douzaine de jours.

Les 12 décès supplémentaires rapportés mercredi portent quant à eux à 10 la moyenne quotidienne de décès calculée sur une semaine.

C’est de nouveau dans le Grand Montréal que la majorité des décès sont enregistrés. Ainsi, cinq sont survenus à Montréal même, trois à Laval, deux en Montérégie et un dans Lanaudière.

Mercredi matin, le gouvernement Legault a mis à jour sa stratégie de vaccination contre la COVID-19 afin de vacciner dès le mois d’avril les personnes handicapées qui sont hébergées dans des milieux régis.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux estime ainsi être en mesure de commencer au cours du mois d’avril la vaccination des « personnes handicapées vivant dans des ressources intermédiaires ou de type familial (RI-RTF), des ressources à assistance continue (RAC) et des milieux d’hébergement ». Les travailleurs et les propriétaires de ces milieux de vie auront aussi accès à la vaccination, qui se fera sur place. Seules les personnes de 18 ans et plus sont visées.

Avec Pierre-André Normandin et Hugo Pilon-Larose, La Presse