(Montréal) Nabil Chikh, comme bien d’autres pharmaciens à Montréal, est prêt à commencer l’opération de vaccination contre la COVID-19 dans ses locaux. À partir de ce lundi, les Montréalais peuvent prendre un rendez-vous dans leur pharmacie de quartier, une façon de procéder qui permettra notamment de rejoindre les plus vulnérables.

La sienne est un grand Pharmaprix située dans le quartier très multiculturel de Côte-des-Neiges, à Montréal.

Les citoyens peuvent désormais prendre un rendez-vous sur Clic Santé, le site web du gouvernement, et choisir leur pharmacie pour y recevoir leur première dose de vaccin Moderna. Quelque 350 pharmacies offrent le service sur l’île de Montréal.

Les premiers rendez-vous devraient être offerts le 22 mars, soit dès lundi prochain.

La pharmacie de Nabil Chikh est prête. Pour l’inoculation, il va utiliser un local, derrière une porte vitrée, qui sert actuellement aux consultations plus privées entre le pharmacien et ses patients.

Quand plus de doses de vaccin seront disponibles, il aménagera un autre espace au deuxième étage, près de l’ascenseur. Les actuels étalages de lunettes de soleil, de couches et de déodorants pour hommes seront déplacés pour faire place à des paravents qui assureront une certaine intimité, a-t-il expliqué jeudi en faisant faire le tour des lieux.

Pour l’instant, il sait qu’il ne recevra pas assez de doses pour fonctionner à pleine capacité – « une fraction seulement », dit-il.

Selon l’Association québécoise des pharmaciens-propriétaires (AQPP), environ 38 000 doses seront envoyées dans les pharmacies dans cette première étape, soit environ une caisse de 100 doses chacune.

« Mais on espère en avoir plus, et plus souvent », dit le pharmacien, qui dit que son équipe est « super excitée » et « gonflée à bloc » de pouvoir embarquer dans la grande campagne de vaccination du Québec. Il estime pouvoir inoculer 500 personnes par semaine « sans transpirer ».

« Comme geste clinique, c’est ce qui a le plus d’impact sur la santé et la survie de nos patients, et de la communauté. »

Il avait levé la main pour vacciner, même avant l’annonce faite par le gouvernement. L’AQPP avait demandé à l’avance à tous ses membres s’ils étaient intéressés. M. Chikh avait inscrit sa pharmacie.

Dans celle-ci, une équipe de huit personnes, infirmiers et pharmaciens, dont lui-même, vont participer à la campagne. Dans ce but, ils ont reçu une formation supplémentaire et spécifique au vaccin contre la COVID-19. Et puis, la vaccination contre l’influenza à l’automne leur a permis de roder leur façon de faire. Pour la COVID-19, M. Chikh a vérifié auprès de ses collègues qui était prêt à travailler en temps supplémentaire pour vacciner et aussi demandé l’aide des employés du rayon des produits de beauté pour diverses tâches connexes.

Si les préparatifs pour la vaccination ont été un « sprint », l’opération se transformera par la suite en « marathon », dit-il. M. Chikh s’attend à vacciner pendant au moins six à huit mois.

Les plages horaires en pharmacies vont s’ajouter à celles des centres de vaccination de masse, pour augmenter la cadence.

M. Chikh croit que la vaccination en pharmacies va aider les patients vulnérables qui ne peuvent se rendre dans les grands centres, comme ceux qui ont des problèmes de mobilité, par exemple ceux en fauteuil roulant, et aussi les membres des communautés culturelles, qui sont légion dans Côte-des-Neiges. Certains peuvent éprouver des difficultés à prendre rendez-vous, en raison de barrière de la langue ou de l’internet. Et pour ceux qui sont inquiets de recevoir le vaccin, la relation de confiance qui s’est développée au fil des ans avec le pharmacien peut être rassurante.

« On ne veut échapper personne, dit le pharmacien. Et si les gens doivent quand même prendre rendez-vous sur le site web Clic Santé, ceux qui ne sont pas en mesure de le faire ne seront pas abandonnés. Mes patients vulnérables, je vais m’en occuper. »

La vaccination en pharmacie commence à Montréal, mais devrait s’étendre au reste du Québec dans les prochaines semaines. L’AQPP estime qu’environ 1500 pharmacies sur 1900 au Québec vont l’offrir.