(Québec) Le Parti québécois (PQ) veut que le gouvernement Legault reconnaisse que les femmes sont davantage touchées par la pandémie de la COVID-19.

« Ça ne fait pas partie de ses priorités, a lancé mardi en entrevue la porte-parole du PQ en matière de condition féminine, Méganne Perry Mélançon. J’ai hâte que le gouvernement se réveille. »

C’est la deuxième fois en quelques jours qu’un parti politique tire la sonnette d’alarme en déclarant que les femmes sont les grandes perdantes de la pandémie.

Dimanche, la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, avait invité le premier ministre François Legault à l’admettre, puis à agir en conséquence.

À l’approche de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, Mme Anglade a reproché au gouvernement son manque de sensibilité et de préoccupation réelle pour le sort réservé aux femmes.

Elle l’a exhorté à créer des milliers de places en garderie, à attribuer des contrats publics aux femmes entrepreneures et à procéder à l’analyse systématique de l’impact des projets de loi sur les femmes.

Mardi, Mme Perry Mélançon en a rajouté une couche en affirmant que « ne pas agir n’est pas une option ».

Elle a dit s’attendre à un « réinvestissement massif » dans le prochain budget Girard pour que la relance du Québec soit « féministe ».

Elle suggère entre autres de donner aux femmes un meilleur accès aux garderies, aux subventions et crédits d’impôt, ainsi qu’à une connexion internet et à de l’équipement adéquats.

Les impacts du télétravail sur les femmes devront également être étudiés, selon elle.

La députée de Gaspé souligne aussi l’importance des programmes réduisant les inégalités sociales, comme les mesures d’accès au logement ou à l’emploi, ou encore les allocations de soutien au revenu.

Enfin, la députée recommande de rehausser le financement à la mission des organismes desservant les femmes.

Elle affirme s’appuyer sur plusieurs études récentes, notamment celle menée conjointement par l’Observatoire québécois des inégalités et l’Association pour la santé publique du Québec.

Ces études démontrent que les femmes subissent plus durement les contrecoups de la COVID-19, et que les inégalités entre les sexes se sont accentuées depuis un an.

« Le premier ministre et sa ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, doivent l’admettre », a déclaré Mme Perry Mélançon, en accusant Mme Charest d’être trop « discrète ».

« Je pense n’avoir jamais entendu la ministre de la Condition féminine sur l’enjeu des garderies, c’est quelque chose », s’est-elle exclamée.

« C’est sûr que les femmes sont surtout celles qui restent au foyer quand il n’y a pas de places en garderie, et moi, je n’ai jamais entendu la ministre sur cet enjeu-là.

« Il y a plusieurs enjeux comme ça où elle se fait très discrète et pour moi, c’est inconcevable. »

Selon le PQ, le gouvernement Legault a raté une belle occasion l’automne dernier de faire une plus grande place aux femmes dans son projet de loi 66 visant à accélérer des projets d’infrastructure.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a en outre annoncé la création d’emplois payants dans le secteur des technologies « où les femmes sont encore sous-représentées », déplore Mme Perry Mélançon.

« Est-ce qu’on peut faire plus pour les amener à s’inscrire dans ces programmes-là, ou mettre sur pied des programmes spécifiques pour les femmes ? Je pense qu’il y a beaucoup qu’on peut faire encore », dit-elle.

Elle croit que les femmes doivent être mieux accompagnées, considérant que pour nombre d’entre elles, « la pente menant au retour à la normale […] sera encore plus abrupte ».