(Ottawa) Un comité fédéral d’experts affirme que les provinces ne devraient pas utiliser le vaccin contre la COVID-19 d’AstraZeneca pour les personnes âgées de 65 ans et plus, ouvrant la porte à la possibilité que les populations plus jeunes soient vaccinées beaucoup plus tôt que prévu.

Mais des directives similaires adoptées en Europe ont commencé à être revisitées lundi, la France annulant sa décision antérieure de ne pas utiliser le vaccin auprès des aînés. L’Allemagne est également en train de reconsidérer sa directive.

Le vaccin d’AstraZeneca a été autorisé vendredi au Canada pour une utilisation sur tous les adultes, dont les personnes âgées, mais le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) est préoccupé par le manque de données sur l’efficacité du vaccin chez les populations âgées.

Il n’y a pas de craintes quant à la sécurité du vaccin, mais le groupe d’experts du CCNI a déclaré dans ses recommandations que les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et Moderna étaient préférables pour les personnes de 65 ans et plus en raison de « l’efficacité supérieure suggérée ».

Selon le CCNI, le vaccin d’AstraZeneca devrait être offert aux personnes de moins de 65 ans, à condition que « les avantages d’une vaccination précoce l’emportent sur les limitations d’une vaccination avec un vaccin moins efficace ».

Les individus devraient être informés de ces limites et du délai qu’ils devraient attendre pour recevoir les autres vaccins à ARNm, indique le conseil.

Les recommandations du comité aident les gouvernements provinciaux à déterminer la meilleure façon d’utiliser les vaccins à leur disposition, mais les provinces peuvent prendre leurs propres décisions.

Il appartiendra désormais aux provinces de déterminer si elles offriront le vaccin d’AstraZeneca aux personnes de moins de 65 ans. Pour l’instant, les provinces n’ont pas prévu d’élargir la campagne de vaccination pour inclure des personnes plus jeunes.

Le vaccin d’AstraZeneca a généré plusieurs inquiétudes dans les dernières semaines, en particulier sur sa capacité à protéger contre les variants du virus et son efficacité pour les personnes plus âgées.

Les essais cliniques ont démontré que le vaccin d’AstraZeneca est moins efficace pour empêcher une contamination à la COVID-19 que les deux autres vaccins disponibles au Canada, mais la conseillère médicale principale à Santé Canada, la docteure Supriya Sharma, a souligné qu’il limite les risques d’être gravement malade ou de mourir après avoir contracté le coronavirus.

Pfizer et Moderna ont toutes deux affirmé que leur vaccin est efficace à 95 % pour empêcher une personne d’attraper la COVID-19, tandis que l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca serait d’environ 62 %.

Une étude publiée la semaine dernière par la santé publique de l’Écosse, où le vaccin Oxford-AstraZeneca est utilisé depuis le 30 décembre, a toutefois révélé que les admissions à l’hôpital liées à la COVID-19 chez les personnes âgées avaient chuté de 94 % après avoir reçu le vaccin.

La façon dont ce nouveau vaccin sera utilisé par les provinces dans leur protocole d’immunisation n’a toujours pas été confirmée, mais ce nouvel outil dans leur arsenal offre davantage de possibilités, puisqu’il peut être conservé et transporté dans des réfrigérateurs traditionnels. Il peut être maintenu à une température entre 2 et 8 degrés Celsius, pendant six mois.

Des vaccins dès cette semaine ?

Le gouvernement fédéral espère recevoir dès cette semaine ses premières doses du vaccin d’AstraZeneca.

Le Canada a commandé 24 millions de doses de ce vaccin, dont la majorité sera expédiée depuis les États-Unis entre avril et septembre.

Mais deux millions de doses ont aussi été réservées auprès du Serum Institute of India. Selon Verity Pharmaceuticals, qui représente la pharmaceutique indienne au Canada, une première livraison de 500 000 doses sera expédiée vers le Canada cette semaine.

Une source gouvernementale proche du dossier a confié à La Presse Canadienne dimanche qu’une première cargaison du vaccin pourrait arriver au pays dès mercredi, mais cette livraison n’a toujours pas été confirmée.

Un autre candidat en attente d’approbation

La docteure Supriya Sharma, a aussi indiqué à la télévision anglaise de Radio-Canada dimanche que l’agence fédérale a reçu de nouvelles informations cette fin de semaine de la part de Johnson & Johnson, dont le vaccin est toujours en attente d’une homologation au pays. Les autorités américaines ont autorisé ce vaccin samedi.

La docteure Sharma a précisé que Santé Canada espère pouvoir approuver le vaccin de Johnson & Johnson « dans les prochaines semaines », mais elle a ajouté que cette homologation dépendra du résultat de l’analyse des nouvelles informations fournies par l’entreprise.

Selon les données disponibles lundi matin, l’Agence de la santé publique du Canada s’attend à recevoir 445 000 doses de vaccin cette semaine, ce qui représente 200 000 doses de moins que la quantité record de 640 000 doses reçues dans les sept derniers jours.

Seul le vaccin de Pfizer-BioNTech sera acheminé au pays cette semaine, alors que cette entreprise et Moderna ont augmenté leur cadence de livraison après une baisse marquée en janvier et au début de février. Une réorganisation à leurs installations en Europe a causé une baisse de leurs productions durant cette période.

Le Canada a reçu 168 000 de doses du vaccin de Moderna la semaine dernière, mais l’entreprise expédie des vaccins au pays seulement une semaine sur trois.

Les deux compagnies pharmaceutiques s’étaient engagées à livrer au Canada six millions de doses avant le 31 mars. Elles maintiennent que cet objectif sera atteint.

Au deuxième trimestre de l’année, ce sera 23 millions de doses que les deux compagnies livreront au Canada.

La vaccination s’accélère

La campagne de vaccination s’est accélérée au Canada depuis que le volume de livraisons de vaccins a augmenté dans les dernières semaines.

Plus de 300 000 personnes ont été vaccinées la semaine dernière, soit un cinquième de toutes les personnes inoculées depuis le début de la campagne, le 14 décembre.

Environ 700 000 personnes avaient reçu une première dose vendredi après-midi, et plus de 500 000 autres avaient déjà reçu leurs deux doses.

Le Québec a entrepris lundi de vacciner la population générale, en commençant par les personnes de 85 ans et plus. L’âge minimal pour prendre rendez-vous a été abaissé à 70 ans à Montréal et à Laval.