(Montréal) La joie de recevoir une première dose de vaccin contre la COVID-19 a été assombrie, pour beaucoup d’aînés montréalais, par la fatigue de la longue attente pour accéder à la zone de vaccination au Stade olympique, lundi midi.

Des centaines de gens âgés, dont plusieurs en marchette ou en fauteuil roulant, faisaient la file vers midi à l’intérieur du stade avant de pouvoir franchir la première porte menant à la vaccination. D’autres ont attrapé des chaises de plastique bleues et les traînaient derrière eux, ou devant, comme une marchette, pour s’y appuyer lorsque nécessaire.

C’était le Jour 1 de la vaccination de masse à Montréal.

Le stade accueillait surtout ce lundi des gens de 85 ans et plus, puisqu’ils ont été les premiers à pouvoir réserver leur place.

Mais les aînés montréalais étaient découragés, lundi midi, et d’autres carrément fâchés.

« C’est la catastrophe », s’est exclamé Jean-Yves Plourde, 75 ans, qui venait tout juste de recevoir l’aiguille dans le bras.

Il avait rendez-vous à 11 h 45, mais n’a été vacciné qu’à 13 h 20, avec plus d’une heure et demie de retard. « Pour les personnes âgées, il me semble que c’est pas une belle manière d’agir. »

Lui-même est « en forme », mais « pour ceux qui sont malades, qui ont de la misère à marcher, c’est atroce », tranche-t-il. Certains ont rapporté avoir attendu près de deux heures.

« C’est mal organisé, c’est mal organisé », grommelait un autre homme, le long de la file d’attente.

Geneviève Fortin venait tout juste d’attraper une chaise pliante, pour aider son oncle de 89 ans. Lors de la dernière heure, elle l’avait fait asseoir sur un banc, un peu en retrait, pendant que son conjoint gardait la place dans la file.

« C’est peut-être aussi un peu risqué pour les éclosions, de réunir autant de personnes vulnérables dans un même lieu qui n’est pas aéré », a-t-elle souligné.

Après le poste d’entrée où le rendez-vous était vérifié, les files se poursuivaient, les gens parfois très serrés les uns contre les autres. Une dame cherchait de la main le mur pour se tenir, puis une chaise, et une autre.

Des navettes motorisées reconduisaient de futurs vaccinés et des chaises pliantes avaient été installées à certains endroits du parcours.

Une fois à l’intérieur de la zone, l’identité des gens était vérifiée, ainsi que leur état à recevoir un vaccin. Lundi midi, il y avait 36 stations de vaccination, permettant à autant de Montréalais de recevoir leur dose du vaccin Pfizer-BioNTechen même temps.

On peut vacciner actuellement 3000 personnes par jour au stade, de 8 heures du matin à 8 heures du soir, a précisé Julie Provencher, la directrice des programmes jeunesse et des activités de santé publique du CIUSSS de l’Est-de-l’Île.

Elle demande aux gens d’être indulgents : c’est la première journée de vaccination de masse, et des ajustements seront faits pour améliorer le roulement, promet-elle, comme l’ajout de quelque 200 fauteuils roulants. Elle rappelle aussi aux gens de ne pas se présenter trop à l’avance à leur rendez-vous, pour justement éviter la création de ces longues files. Le CIUSSS avait d’ailleurs diffusé un communiqué en matinée, car le problème s’était rapidement manifesté.

« Il y a un engouement pour la vaccination, clairement, dit-elle. Pour une première journée dans l’histoire de la plus grande vaccination massive de l’humanité, je pense que ça va, ça va bien, ça roule. Les gens sont heureux quand ils ressortent, mais c’est sûr qu’il y a un certain délai. »

Le stade n’est toutefois pas le seul lieu de vaccination à Montréal : il y en a une dizaine d’autres, dont le Palais des congrès, au centre-ville de la métropole.

À cet endroit, la vaccination allait rondement. Il n’y avait pas de longues files ni de longue attente.

Serge Tremblay, qui était assis dans la salle d’attente, a déclaré qu’il ne s’était écoulé que 18 minutes entre son arrivée et son injection. À proximité, André Falardeau dit avoir reçu son vaccin à 15 h 10 alors que son rendez-vous était à 15 h 30.

Au centre des congrès, 2000 personnes devaient se faire vacciner lundi, a indiqué le docteur Louis-Xavier D’Aoust, coordonnateur médical de la campagne de vaccination du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

L’établissement est capable de traiter 3000 personnes par jour mais il est limité par l’approvisionnement en vaccins.

Les vaccinés

Ceux rencontrés après avoir reçu leur vaccin étaient visiblement soulagés.

« Je vais pouvoir sortir de la maison et voir mes petits-enfants », a lancé avec joie Pasqualina Mancini, 72 ans.

« Ça s’est très bien passé. La seule déception, ça a été l’attente. […] Je suis contente, c’est comme un soulagement », a dit Louise Quesnel, 85 ans.

Une étudiante en médecine de l’Université de Montréal, Éolie Delisle, est venue prêter main-forte pour la vaccination. Elle rapporte que les gens ne sont pas anxieux : « ils sont très reconnaissants et soulagés » de recevoir leur première dose. Certains se prennent même en photo pour se rappeler de cette journée, a-t-elle ajouté.

Après les Québécois habitant en CHSLD et en résidences privées, et après les travailleurs de la santé, le grand programme provincial de vaccination vise désormais les aînés vivant à domicile.

Ceux de 85 ans et plus ont été les premiers à pouvoir prendre rendez-vous, mais le programme s’est rapidement étendu, d’abord vendredi dernier aux Montréalais de 80 à 84 ans, et, lundi matin, ceux de plus de 70 ans ont appris qu’ils pouvaient, eux aussi, prendre rendez-vous. Les Lavallois de 70 à 79 ans peuvent aussi réserver leur plage horaire dès maintenant.

En raison de la situation épidémiologique prévalant dans la région de Montréal, la répartition du nombre de doses a été ajustée afin que ce territoire en reçoive davantage au cours des deux premières semaines de mars.

Les autorités sanitaires rappellent que le vaccin contre la COVID-19 est gratuit, tout comme le stationnement au Stade olympique.

Les personnes admissibles peuvent prendre rendez-vous sur le site internet Quebec.ca/vaccincovid ou, s’ils n’ont pas accès à internet, en composant le 1877 644-4545.