(Ottawa) La cohue entourant les nouvelles restrictions de voyage ne semble pas affecter pour l’instant les snowbirds qui attendent l’arrivée du printemps avant de s’envoler vers leur nid au Québec ou au Canada.

Bon nombre d’entre eux attendront encore plusieurs semaines ou un éventuel assouplissement des restrictions avant d’entamer leur voyage de retour en avion, en voiture ou les deux, selon Denise Dumont, rédactrice en chef du journal francophone Le Soleil de la Floride.

« Ce n’est pas un pèlerinage pour retourner au Canada », résume celle qui documente le quotidien de ces voyageurs saisonniers.

Les voyageurs entrant au Canada sont maintenant tous tenus de présenter un test de dépistage négatif réalisé 72 heures avant leur arrivée au pays, de passer un deuxième test à leur arrivée au Canada, puis un troisième 10 jours après le début de leur période de quarantaine.

Déjà, des médias ont rapporté que les snowbirds usaient de stratagèmes pour éviter de revenir au pays en avion et ainsi contourner le séjour obligatoire à l’hôtel. Des compagnies offrent des vols jusqu’à une ville près de la frontière canado-américaine et la livraison d’un véhicule pour traverser les douanes.

Il reste que, même pour ceux qui voudront respecter les règles fédérales et les consignes sanitaires à la lettre, un casse-tête logistique les attend. Le test réalisé dans les 72 heures laisse peu de marge de manœuvre à ceux qui devront conduire une vingtaine d’heures pour arriver à destination.

« On n’a pas le choix, on va le faire d’une traite. On arrêtera le moins possible », confie en entrevue Anne Dupéré qui, avec son conjoint, entreprendra le chemin du retour à la fin mars en voiture.

« Habituellement, on le fait en deux jours. Mais là, non, cette fois-ci, c’est en une shot. On va arrêter seulement pour aller mettre de l’essence et aller aux toilettes. Si on est vraiment fatigués, on va arrêter dans un […] stationnement et aller se coucher pendant une couple d’heures », détaille-t-elle.

Les deux retraités disent qu’ils auront le résultat de leur test en chemin, sur leurs téléphones.

Le chemin du retour pourrait lui aussi être semé d’embûches si le couvre-feu au Québec est toujours en vigueur.

« Si j’arrive aux douanes à 19 h 30 ou 20 h, je fais quoi ? […] Est-ce que je continue et je me fais arrêter par la police sur la route ? Ou j’arrête dans un hôtel et je me fais arrêter parce que je ne suis pas censée arrêter nulle part ? » se questionne Michèle Tassé, qui prévoit elle aussi revenir en mars.

Mme Dumont déplore que les règles fédérales aient été faites en vitesse, sans prendre en compte la réalité des Canadiens qui habitent en Floride.

« Ces mesures restrictives-là ont été faites, finalement, pour ceux qui allaient en spring break, ceux qui allaient simplement en vacances deux semaines pendant le mois de mars. C’était la vraie cause de tout ça, c’était pour décourager les gens de partir du Canada », décrit-elle.

Les snowbirds sont nombreux à avoir été vaccinés. Qui plus est, certains sont plus âgés et ne peuvent pas se permettre de conduire sur d’aussi longues distances, fait-elle valoir.

« Les snowbirds sont ici, chez eux. Ça ne leur coûte rien de plus à vivre ici, c’est leur propriété. Alors ils vont rester jusqu’à ce que le temps le permette en espérant qu’à ce moment-là, les mesures restrictives se seront assouplies et qu’ils ne soient pas obligés de passer trois jours à l’hôtel », conclut-elle.