(Québec) Des régions pourraient passer du rouge à l’orange au retour de la relâche. Des assouplissements dans certaines activités sportives et parascolaires sont aussi envisagés. Voilà certaines des recommandations faites par la Santé publique au gouvernement Legault, qui a révélé, vendredi, 14 avis écrits soumis par le DHoracio Arruda et son équipe depuis le début de la pandémie. Survol.

Du rouge à l’orange

Dans le dernier avis écrit de la Santé publique, celui du 16 février dernier, on apprend que de nouveaux assouplissements sont envisagés au Québec après la semaine de relâche. Dans le scénario, approuvé par le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, on indique en toutes lettres que « d’autres régions pourraient devenir orange si la tendance se maintient (à confirmer plus tard) ». La mention est écrite sous un tableau où sont classées les régions. Le document ne précise pas quelles régions sont plus susceptibles de basculer du rouge à l’orange. François Legault n’a par ailleurs pas caché mardi dernier que des régions pourraient être colorées en orange le 8 mars. Québec a adopté le statu quo pour la semaine de relâche en n’autorisant aucun changement de couleur hormis en Outaouais, qui passera du rouge à l’orange le 22 février.

L’après-relâche scolaire

Dans ce dernier avis, la Santé publique s’avance sur des assouplissements possibles après la semaine de relâche scolaire, dans les zones rouges et orange. En zone rouge, on note, encore une fois, que « si la situation demeure favorable », « d’autres types d’installations intérieures » pourraient rouvrir « dans un deuxième temps après la relâche scolaire ». Québec a pour l’heure permis la réouverture des arénas et des piscines pour des activités libres en bulle familiale dès le 26 février. On envisage aussi la reprise des activités parascolaires dans les groupes-classes au primaire et au secondaire. En bas de page, la Santé publique écrit que la pratique des « sports » organisés demeure interdite, mais que la question « sera réévaluée pour la période après le 7 mars » pour les zones orange. Le document précise que des « ajustements », toujours en zone orange, pourraient « être considérés après le 7 mars » au sujet de l’alternance école-maison des élèves de 3e, 4e et 5e secondaire, sans en préciser la nature.

Un premier avis écrit

Le premier avis écrit relatif à la pandémie date du 15 mars, selon ce que le Ministère a rendu public vendredi. Les écoles sont alors déjà fermées, et c’est le début du confinement. La Santé publique recommande alors la fermeture des bars, des musées, des théâtres, des gyms, des bibliothèques et des piscines. Les restaurants peuvent rester ouverts pourvu qu’ils respectent un seuil maximum de 50 % de leur capacité. Les centres commerciaux peuvent rester ouverts. Le même jour, le gouvernement annonce ces mesures. Mais une semaine plus tard, il ira plus loin : il ferme les centres commerciaux, les restaurants et les salons de coiffure, entre autres. Le DHoracio Arruda avait déjà indiqué que des recommandations ont été faites oralement, et non par écrit. C’est ainsi que le second avis écrit date du 28 mars et concerne le contrôle des accès aux régions éloignées, peu touchées par la pandémie.

Un automne plus sévère

Dans un autre avis du 27 septembre, la Santé publique propose que les restaurants, les salles de spectacle, les cinémas et les théâtres puissent être ouverts, y compris en zone rouge à certaines conditions. En zone rouge, la Santé publique propose que les restaurants puissent rester ouverts à condition que les convives viennent d’« une adresse par table ». Deux adultes auraient pu être accompagnés de leurs enfants jusqu’à un maximum de six personnes par table, mais le gouvernement Legault en décide autrement. Le DArruda reconnaît en commission parlementaire, le 9 décembre, qu’il n’a pas recommandé la fermeture des salles à manger des restaurants l’automne dernier. Le lendemain, le ministre de la Santé, Christian Dubé, défend la décision de son gouvernement alors que les cas montent en flèche. Pour les salles de spectacle, les cinémas et les théâtres, la Santé publique estime que ces lieux peuvent accueillir jusqu’à 250 personnes maximum, même en zone rouge. Le gouvernement Legault annonce par ailleurs son code de couleurs le 9 septembre. Or l’avis écrit qui concerne cette mesure est daté du 14 septembre. Son contenu avait fait l’objet de fuites.

Contrat moral des Fêtes

La Santé publique a bel et bien recommandé dès le 16 novembre au gouvernement Legault de limiter à deux le nombre de rassemblements permis du 24 au 27 décembre en se limitant à 10 personnes par rassemblement. Après l’annonce de son « contrat moral » avec les Québécois, trois jours plus tard, Québec avait dû rectifier le tir puisqu’il n’avait pas précisé le nombre. L’avis écrit suivant est daté du 7 décembre, alors que le gouvernement a déjà résilié son « contrat moral ». C’est le 7 décembre que la Santé publique émet la recommandation que toutes les régions de la province tournent « temporairement » au rouge pour la période du 17 décembre au 4 janvier (on écrira dans un avis subséquent jusqu’au 11 janvier). Pourtant, on suggère de maintenir les musées et les bibliothèques ouverts pour cette période puisque ces lieux présentent « un faible risque » de contamination, indique la Santé publique.

Scénarios de l’éducation rejetés

En avril, la Santé publique rejette deux scénarios proposés par le ministère de l’Éducation pour un retour à l’école, « considérant la difficulté [de les] opérationnaliser ». On n’en sait pas plus sur ces scénarios. Le DArruda recommande le 12 avril de renvoyer les élèves du primaire sur les bancs d’école. La mesure entrera finalement en vigueur le 11 mai, à l’exception du Grand Montréal. Les élèves du secondaire poursuivront quant à eux l’école à distance, considérant qu’ils « peuvent rester seuls à la maison ce qui n’est pas le cas des enfants des niveaux préscolaires et primaires » et que « des modalités technologiques sont accessibles pour un enseignement à distance ». Le 22 octobre, pour les troisième, quatrième et cinquième secondaires, la Santé publique propose que l’on poursuive la présence des élèves en classe un jour sur deux. Or, elle recommande une « deuxième phase », « dès que des conditions le permettent » : « la présence à l’école de la moitié du groupe-classe à la fois, un jour sur deux ». Le gouvernement n’a pas adopté cette mesure, qui était réclamée par l’opposition. Il disait même que la Santé publique ne le recommandait pas et que cette solution serait difficile à mettre en œuvre.

Le fameux couvre-visage

Le 27 juin, le DArruda recommande de rendre obligatoire le port du couvre-visage dans les transports publics et les commerces de détail. Le gouvernement décide de procéder par étapes. Le port du masque a d’abord été imposé dans les transports publics le 13 juillet. Il l’a été quelques jours plus tard pour les lieux fermés comme les commerces. Qui plus est, la Santé publique propose alors de « recommander fortement le port du masque de procédure médicale de qualité certifiée FDA (masque chirurgical ou masque de procédure) pour les personnes de 60 ans et plus, celles qui ont un système immunitaire affaibli ou celles qui nécessitent des soins médicaux réguliers en raison d’une maladie chronique comme le diabète, les maladies cardiaques, les maladies pulmonaires ou les maladies rénales ». Il n’y a pas eu d’annonce en ce sens pour les 60 ans et plus. Québec indique seulement sur son site web que « lorsque cela est possible, les personnes souffrant d’une condition chronique, incluant les maladies cardiovasculaires et les maladies pulmonaires, devraient privilégier l’utilisation du masque de procédure puisqu’il offre une meilleure protection contre le virus ».

Avis écrits dévoilés

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a divulgué « certains documents écrits de la Santé publique » vendredi, un mois après que François Legault eut accepté de rendre publics les avis du DArruda à la suite de pressions des partis de l’opposition. Il y a 14 documents en tout. Ils ne couvrent pas l’ensemble des multiples mesures annoncées depuis le début de la pandémie. Il y a d’immenses trous dans l’évolution des mesures de confinement à la lecture de ces documents. « Comme il a déjà été mentionné antérieurement, plusieurs recommandations ont été présentées verbalement lors des rencontres de la cellule de crise, particulièrement au cours de la première vague », note le Ministère. La mise à jour des documents doit se faire sur une base régulière.