(Québec) L’hésitation du gouvernement à déployer les tests rapides de dépistage rappelle sa lenteur à imposer le port du masque avec « ce que ça a donné comme conséquences », estime l’opposition officielle.

Mardi, la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, a lancé la toute première période des questions de la nouvelle session parlementaire en comparant le Québec à l’Ontario.

« L’Ontario est en train […] de prendre tout ce qu’il trouve sur le marché pour aller de l’avant avec les tests rapides. Pendant ce temps au Québec, pouet pouet pouet. On attend, on se questionne.

« M. le président, on est déjà pas en avance, est-ce qu’on a vraiment besoin d’être les derniers sur la question des tests rapides ? » a-t-elle demandé, soulignant qu’à peine 1 % de ces tests avaient été utilisés.

Les libéraux croient qu’en déployant les tests rapides de façon massive dans les écoles, par exemple, on finira par trouver des gens positifs à la COVID-19, que l’on retirera. Cela diminuera le risque de contagion.

De son siège au Salon bleu, le premier ministre François Legault a dénoncé « l’acharnement » de la cheffe libérale, qui ne cesse de parler de tests rapides, tests peu fiables, selon lui.

Tests rapides et masques, même combat, lui a répondu en essence Mme Anglade en ce 2 février. « C’est le jour de la marmotte, ça ne s’invente pas ! On est en train de refaire les mêmes erreurs que par le passé. »

Bien utilisés, ces tests peuvent faire « la différence » dans la lutte contre la COVID-19, a poursuivi la porte-parole libérale en santé, Marie Montpetit.

« Ce sont des tests qui doivent être utilisés un peu comme une salle de triage dans un hôpital. Donc, on les utilise dans des milieux à risque, on fait du triage et, après ça, on confirme le diagnostic. »

Or, toutes les raisons semblent être bonnes au gouvernement pour ne pas s’en servir, a déploré la députée. Elle souligne que depuis trois mois, le Québec n’a lancé qu’un seul projet pilote dans deux écoles.

« Pourquoi le Québec est autant en retard ? » s’interroge le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, qui estime que le Québec se prive ainsi d’outils pour lutter contre la pandémie.

« Parce qu’un outil n’est pas parfait, ou ne règle pas tous les problèmes, on ne l’utilise pas. C’est le même argument qui a été servi à l’époque pour le masque et […] les purificateurs d’air », a-t-il rappelé.

Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, leur a emboîté le pas mardi, en disant ne pas comprendre « l’hésitation », le « conservatisme » et la « peur » du gouvernement dans ce dossier.

« On dort, en ce moment, sur plus de 2 millions de tests rapides, a-t-il déclaré. Partout dans le monde, non seulement on utilise tous les tests rapides, mais on en redemande pour détecter les foyers d’éclosion.

« La peur du gouvernement d’utiliser ces tests-là nous semble incompréhensible, parce que, de notre point de vue, la science n’est pas différente en Ontario », a-t-il ajouté.

Après la période de questions, une motion soutenue par tous les partis d’opposition a été déposée pour demander au gouvernement de mettre en place une stratégie nationale de dépistage d’ici à la fin février, incluant les tests rapides. Les caquistes ont toutefois refusé d’en débattre.

La veille, le ministère de la Santé avait réaffirmé son manque de confiance face aux tests rapides Panbio et BD Veritor, dont il a un million d’exemplaires et dont il attend livraison d’un autre million.

En contrepartie, il privilégie le test rapide de détection des acides nucléiques ID NOW, car il le considère très fiable pour le dépistage, mais seulement dans le cas des personnes symptomatiques.

Québec ne détient toutefois qu’un stock de 200 000 de ces tests. Le ministère entend déployer une capacité de 2000 tests rapides ID NOW par jour d’ici deux semaines et de 8000 par jour au mois de mars.