(Ottawa) Alors que le gouvernement fédéral se prépare à imposer de nouvelles restrictions sur les voyages internationaux, les données de Santé Canada suggèrent une augmentation inquiétante des infections directement liées aux déplacements à l’étranger.

Bien que les expositions liées aux voyages représentent moins de 2 % de tous les cas de COVID-19 au Canada, le nombre de cas chez les voyageurs récents et les personnes avec lesquelles ils ont été en contact étroit après leur arrivée montre une croissance continue au cours des derniers mois.

En décembre, 486 cas de COVID-19 ont été diagnostiqués chez des voyageurs récents, le nombre le plus élevé depuis mars. En comparaison, on en avait rapporté 312 en novembre et 204 en octobre. Malgré la mise en quarantaine obligatoire de deux semaines pour les voyageurs internationaux, 1258 cas de COVID-19 ont été confirmés chez des personnes ayant eu des contacts étroits avec un voyageur récent en décembre, contre 744 en novembre et 704 en octobre.

Au cours des trois premières semaines de janvier, 384 cas liés à des voyages et 607 cas venant de contacts avec des voyageurs ont été confirmés.

Les données correspondent également à une augmentation récente du nombre de personnes voyageant par avion. Les arrivées à la frontière terrestre sont généralement moins nombreuses en hiver en raison de la météo dans une grande partie du pays, mais davantage de personnes sont arrivées des États-Unis par avion en décembre que n’importe quel autre mois depuis mars. Les arrivées depuis d’autres destinations internationales ont été plus élevées en décembre que n’importe quel autre mois, sauf août.

Des articles mentionnant des Canadiens connus ignorant les appels à ne pas voyager pendant la pandémie en faveur de journées ensoleillées sur les plages étrangères ont provoqué la colère d’une grande partie du pays dans les semaines qui ont suivi Noël et ont conduit au congédiement ou à la rétrogradation de plusieurs politiciens provinciaux et fédéraux et de responsables de la santé.

Entre le 30 novembre et le 27 décembre, 86 953 personnes sont arrivées au Canada en provenance des États-Unis, et 184 260 sont arrivées par avion en provenance d’autres destinations internationales.

Le premier ministre Justin Trudeau promet depuis plus d’une semaine que le gouvernement adoptera des mesures plus strictes pour les arrivées internationales, car le Canada craint l’impact des nouveaux variants de la COVID-19 qui ont été détectés dans d’autres pays.

Cela s’ajoute à une quarantaine obligatoire de deux semaines pour toutes les arrivées, qui est en place depuis le printemps dernier, une limite sur les vols internationaux à seulement quatre aéroports, et une exigence plus récente pour les voyageurs étrangers de fournir un récent résultat de test de COVID-19 négatif dans les trois jours précédant l’embarquement dans un avion pour le Canada.

Un porte-parole de la ministre de la Santé Patty Hajdu a déclaré que « le Canada a certaines des mesures frontalières les plus fortes au monde » et que toutes les mesures futures seront guidées à la fois par la science et les preuves. Cole Davidson a indiqué que 6500 appels téléphoniques sont passés quotidiennement pour vérifier que les voyageurs sont bien en quarantaine et que 99 % des près de 50 000 contrôles de quarantaine effectués par la police ont révélé que les gens se trouvaient là où ils étaient censés être.

Il y a plus de 50 cas des nouveaux variants britannique ou sud-africain du coronavirus maintenant confirmés au Canada, la plupart, mais pas tous, chez des personnes qui sont récemment arrivées au Canada en provenance de ces pays. On pense que les variants se propagent plus facilement et, ces derniers jours, des inquiétudes ont surgi quant à savoir si elles sont plus susceptibles de causer une maladie grave ou la mort.

La porte-parole conservatrice en matière de santé, Michelle Rempel Garner, a déclaré que si la propagation communautaire au Canada représente toujours la grande majorité des cas au pays, le Canada doit en faire davantage aux frontières. Elle a ajouté que l’option la plus efficace était d’imposer un test rapide de dépistage de la COVID-19 à tous les voyageurs entrant au pays, et de répéter ce test au milieu de la période de quarantaine de deux semaines.

Mme Rempel Garner a noté que le Canada ne pouvait pas « sceller hermétiquement » la frontière comme l’ont fait des pays insulaires comme la Nouvelle-Zélande, donc tester tous les voyageurs pour le virus, les dépister tous pour les variants et s’assurer du respect de la quarantaine serait plus efficace que d’exiger des voyageurs de se mettre en quarantaine dans un hôtel pendant deux semaines à leurs propres frais.

Des règles similaires sont en place en Islande depuis des mois. Singapour a commencé à exiger des tests dans tous les aéroports le 24 janvier, en plus d’utiliser des drones et une surveillance électronique pour vérifier que les voyageurs respectent la quarantaine.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a dit qu’une tendance à la hausse des cas liés aux voyages est « alarmante » et que M. Trudeau ne peut plus attendre pour tenter de la renverser.

« Avec la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons, nous ne pouvons pas nous permettre un pic en raison de voyages non essentiels », a déclaré M. Singh.