(Ottawa) Le Canada ne fera pas les frais d’un possible resserrement des exportations de vaccins fabriqués en Europe.

C’est ce qu’a déclaré le premier ministre Justin Trudeau pendant la période des questions en Chambre, mercredi après-midi, en réponse aux préoccupations soulevées par le chef de l’opposition officielle, Erin O’Toole.

Il a puisé cet optimisme d’une conversation téléphonique toute fraîche avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen – la veille, la cheffe de l’exécutif européen prévenait que Bruxelles allait « mettre sur pied un mécanisme de transparence sur les exportations de vaccins » contre la COVID-19.

Il y a une heure, j’ai parlé à Ursula von der Leyen […] et j’ai été rassuré que les mesures de transparence qui vont être prises par l’Europe ne vont pas affecter les livraisons de Pfizer et de Moderna au Canada.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Dans un compte rendu transmis par son bureau en fin de journée, on peut lire que « la présidente von der Leyen a donné l’assurance que le mécanisme de transparence sur les exportations de vaccins proposé par l’Union européenne ne vise pas à perturber les exportations de vaccins vers le Canada ».

PHOTO JOHN THYS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne

Les deux dirigeants se sont par ailleurs « engagés à ce que leurs fonctionnaires maintiennent un contact régulier sur toute question liée aux exportations », est-il également précisé dans le sommaire de cet entretien téléphonique.

L’enjeu de l’approvisionnement a encore une fois monopolisé les débats pendant la période des questions aux Communes, en cette semaine où le Canada ne reçoit aucune dose de vaccins et alors que les livraisons de celui de Pfizer-BioNTech seront au ralenti en février.

Le gouvernement Trudeau n’a pas voulu préciser si certaines dispositions de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (UE) avaient permis au gouvernement canadien de s’assurer d’avoir du lest face à Bruxelles.

Toutes les doses actuelles du Canada provenant de Pfizer-BioNTech et de Moderna sont fabriquées en Europe, ce qui aurait pu mettre en péril la totalité des livraisons de vaccins au pays.

Et AstraZeneca ?

Toujours sur le continent européen, la société pharmaceutique AstraZeneca a averti que des obstacles de production dans deux usines situées au Royaume-Uni limiteraient les livraisons initiales de son vaccin, ce qui a valu à la pharmaceutique de se faire savonner par la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides.

Laissez-moi être claire : il n’y a pas de hiérarchie de ces usines dans le contrat, aucune différenciation entre les sites au Royaume-Uni et dans l’UE. Les usines britanniques font partie du contrat de précommandes, et c’est pourquoi elles doivent fournir [les doses attendues].

Stella Kyriakides, commissaire européenne à la Santé, en conférence de presse

Bruxelles conteste les explications du PDG d’AstraZeneca, Pascal Soriot, selon qui la production des usines au Royaume-Uni est réservée aux Britanniques en vertu de l’accord conclu avec Londres trois mois avant le contrat signé avec l’UE.

Le vaccin développé avec l’Université d’Oxford n’a pas encore été approuvé par l’UE ni par le Canada.

L’Agence européenne des médicaments fera le point sur le processus le vendredi 29 janvier ; des experts de Santé Canada prendront part à cette rencontre. Selon nos informations, il est improbable que le vaccin AstraZeneca reçoive le sceau d’approbation de la Santé publique canadienne cette semaine.

— Avec l’Agence France-Presse