(Washington) Le vaccin de Moderna contre la COVID-19 reste efficace contre les variants du coronavirus, notamment le britannique, mais une réduction dans la protection contre le variant sud-africain a toutefois été observée, a annoncé lundi la société de biotechnologie américaine.

Moderna a donc décidé de lancer, « par précaution », des essais visant à tester une dose additionnelle développée spécifiquement contre le variant sud-africain.

Les experts s’attendent à ce que le vaccin de Moderna, appelé mRNA-1273, « protège contre les variants détectés à cette date », a affirmé la société au terme d’essais réalisés à partir de prélèvements de sang sur huit personnes ayant reçu les deux doses du vaccin, et deux primates également immunisés.

« L’étude n’a pas montré d’impact significatif sur les titres (niveaux, NDLR) d’anticorps neutralisants contre le variant B.1.1.7 par rapport à de précédents variants », a expliqué Moderna à propos du variant britannique.  

En revanche, contre le variant sud-africain, « une réduction par six » des niveaux d’anticorps neutralisants – un type spécifique qui s’attache à la fameuse protéine Spike – a été observée. « Malgré cette réduction », les niveaux d’anticorps « restent au-dessus de ce qui est attendu comme nécessaire pour procurer une protection », a voulu rassurer Moderna.  

Les résultats des essais, conduits en collaboration avec les Instituts nationaux de santé américains (NIH), seront soumis à l’étude de la communauté scientifique.

« Nous sommes encouragés par ces nouvelles données, qui renforcent notre confiance dans le fait que le vaccin de Moderna contre la COVID-19 devrait protéger contre ces nouveaux variants détectés », a déclaré le patron Stéphane Bancel, cité dans le communiqué.

« Mais par précaution, […] nous mettons à l’essai un (vaccin) candidat » contre le variant sud-africain, « pour déterminer s’il serait plus efficace pour augmenter les niveaux (d’anticorps) contre ce variant et d’autres futurs variants potentiels », a-t-il ajouté. « Nous pensons qu’il est impératif de rester proactif tandis que le virus évolue. »

Troisième dose ?

Une étude de phase 1 sur cette nouvelle formule, baptisée mRNA-1.273.351, va être lancée aux États-Unis.

Elle pourrait être utilisée pour renforcer la protection « en combinaison » avec les autres vaccins, selon Moderna.  

L’entreprise va également tester l’impact de l’injection d’une troisième dose de son vaccin déjà existant.

Les données concernant la réaction face au variant sud-africain peuvent être source d’« inquiétude », a réagi Lawrence Young, chercheur à l’université de Warwick, regrettant un communiqué « vague ». Une réduction par six des niveaux d’anticorps neutralisants « peut avoir des conséquences sur l’efficacité du vaccin et […] la durée » de la protection, a-t-il estimé.

Pour le virologue Benjamin Neuman de l’université Texas A & M, ces résultats sont davantage une indication « de potentiels problèmes à venir que le signe d’un danger imminent ». Il souligne à l’AFP que le système immunitaire d’une personne apprend à s’ajuster aux anticorps qu’il produit si ces derniers perdent de leur efficacité.  

L’annonce de lundi est « une bonne nouvelle », a tweeté de son côté Akiko Iwasaki, virologue à l’université de Yale, disant s’attendre à ce que d’autres laboratoires développent eux aussi de nouvelles formules contre le variant sud-africain.

La mutation observée sur le variant qui a émergé en Afrique du Sud inquiète particulièrement les scientifiques quant à sa possibilité de contourner la protection immunitaire conférée par la vaccination.

Les variants sont des versions différentes du coronavirus initial, qui apparaissent avec le temps sous l’effet de diverses mutations. Un phénomène normal dans la vie d’un virus.

De nombreuses mutations du Sars-CoV-2 ont été observées depuis son apparition, la grande majorité sans conséquence. Certaines peuvent toutefois lui donner un avantage pour sa survie, dont une plus grande transmissibilité.

BioNTech et Pfizer, les fabricants du principal vaccin administré dans le monde, ont assuré que ce dernier était efficace contre la mutation N501Y, observée notamment sur le variant britannique, et suspectée de le rendre plus contagieux.

Mais leurs vérifications en laboratoire n’ont pas porté sur la mutation (E484K) observée spécifiquement sur le variant sud-africain.