(Québec) Malgré la critique, le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, persiste et signe : exempter les sans-abris du couvre-feu imposé par son gouvernement est « une fausse bonne solution », croit-il. En revanche, il propose l’installation d’un « îlot de chaleur » au square Cabot, fréquenté par les sans-abris autochtones, d’ici vendredi.

Le ministre Lafrenière assure « bien comprendre » les voix de ceux qui réclament que les sans-abris soient exemptés du couvre-feu, dont celle de la mairesse Valérie Plante, mais l’ex-policier a défendu mercredi la position de son gouvernement. Mardi, le premier ministre Legault a rejeté l’idée de faire une exception pour les sans-abris.

« Je comprends très bien ce qu’ils veulent », a-t-il indiqué en entrevue. « Ils veulent enlever la pression sur cette clientèle-là, mais je crois que c’est une solution très simple pour une problématique qui très compliquée », a ajouté M. Lafrenière.

« Ce que je veux d’ici vendredi, c’est un îlot de chaleur au square Cabot […] qui serait en place minimalement jusqu’à la fin du couvre-feu », a-t-il déclaré, expliquant être en discussions avec la Ville de Montréal à ce sujet. « On est dans la logistique […] il n’y a personne qui ne veut pas ça, c’est une question de faire arriver tout ça », a-t-il dit.

Le décès de Raphaël André, un Innu de Matimekush près de Schefferville, mort gelé dans une toilette portable du centre-ville, à un jet de pierre d’un refuge qu’il avait l’habitude de fréquenter, provoque l’indignation au Québec. Selon certaines connaissances, l’homme tentait de se cacher des policiers pendant le couvre-feu.

« On me parle de 800 itinérants autochtones [actuellement], ce qui est plus qu’à l’habitude », a fait savoir le ministre Lafrenière. « Le square Cabot, c’est un endroit significatif pour les itinérants autochtones. Ça prend un îlot de chaleur ici pour la clientèle qui ne se déplacera pas dans les centres », a-t-il poursuivi.

Pas d’exemption pour les sans-abris

Le ministre Lafrenière estime qu’il faut « plusieurs réponses » pour protéger et « rassurer » la clientèle itinérante dans le contexte de pandémie et que l’exemption au couvre-feu n’apporterait pas le « résultat souhaité » par ceux qui le demandent.

« J’ai l’impression, avec l’expérience de mon ancienne vie [de policier] que ceux qui vont en bénéficier, ce sont les gens créatifs […] qui se trouvent toute sorte de raisons pour ne pas respecter le couvre-feu », a-t-il précisé.

Mardi, le premier ministre a affirmé que « si on mettait dans les règlements le fait qu’un itinérant ne peut pas recevoir de contravention, bien n’importe qui pourrait dire : moi je suis un itinérant ». Une déclaration qui a été mal accueillie par les partis d’opposition et le milieu communautaire.

« Je comprends ce qui voulait être dit », a précisé le ministre. « Le savoir [que ce n’est pas un itinérant] c’est une chose, mais le prouver pour un agent de la paix, c’en est une autre. On tomberait dans un débat juridique qui ne sert à rien pour la clientèle itinérante. Les policiers connaissent la clientèle et c’est pour ça qu’on fait appel à leur jugement », a-t-il conclu.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est dite déçue mercredi de la décision du gouvernement Legault. Le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a aussi critiqué le manque de « flexibilité » de Québec.