(Ottawa) Plusieurs provinces retardent ou suspendent temporairement leur opération vaccination contre la COVID-19, à la suite de la décision de Pfizer de réduire ses livraisons au Canada au cours des quatre prochaines semaines.

Jusqu’à présent, plus d’un demi-million de Canadiens ont été vaccinés et plus de 822 000 doses ont été administrées des deux vaccins approuvés au pays, ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna.

Mais les provinces sont maintenant obligées de revoir leur programme de vaccination, depuis que Pfizer a soudainement prévenu Ottawa, vendredi matin, qu’il réduirait de moitié ses doses livrées pendant un mois, parce que le fabricant modernise son usine en Belgique pour accélérer la cadence.

Pfizer devait à l’origine expédier 735 150 doses au Canada entre le 18 janvier et le 14 février. Les livraisons au Canada après cette pause partielle doivent toutefois être plus importantes que prévu, si bien que Pfizer pourra respecter son contrat de livraison de quatre millions de doses d’ici la fin mars. Jusqu’à présent, environ 600 000 doses ont été livrées par Pfizer.

Le nouveau calendrier de livraison de Pfizer n’a pas été divulgué, mais les provinces se préparent quand même à ce ralentissement temporaire.

Le ministère de la Santé du Québec a annoncé dès vendredi dernier une mise à jour de sa campagne de vaccination, revoyant à la baisse ses objectifs des prochaines semaines. Ainsi, la moitié des 176 475 doses prévues d’ici le 8 février ne pourront être administrées. La baisse sera surtout importante pour les semaines du 25 janvier et du 1er février : le nombre prévu de doses chute de 46 800 à 41 925 cette semaine, mais passera de 46 800 à 8775 au cours de la semaine suivante et de 82 875 à 39 000 la première semaine de février.

Lundi, Québec a fait miroiter une nouvelle stratégie pour s’adapter à la situation des prochaines semaines. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a écrit sur Twitter que le directeur de la campagne de vaccination, Daniel Paré, a travaillé sur un « nouveau plan de match » en fonction de la baisse anticipée des doses de Pfizer. « Nous allons le communiquer rapidement », a indiqué M. Dubé, sans donner davantage de détails.

Il doit tenir une conférence de presse mardi à Montréal, en compagnie du premier ministre François Legault et du directeur national de la santé publique, Horacio Arruda.

D’autres provinces s’ajustent

Le Manitoba a cessé dès vendredi dernier de prendre des rendez-vous pour l’administration de la première dose, mais la province assure qu’elle respectera les rendez-vous déjà pris.

En Ontario, le médecin hygiéniste en chef, David Williams, a indiqué samedi que sa province retarderait l’administration de la deuxième dose du vaccin Pfizer à 42 jours, au lieu des 21 jours recommandés par le fabricant. Le calendrier de 28 jours pour le vaccin de Moderna demeure, a précisé le docteur Williams. L’Ontario prévoit toujours atteindre son premier objectif de vacciner 61 500 résidants, membres du personnel et principaux dispensateurs de soins de longue durée d’ici jeudi.

En Alberta, le premier ministre, Jason Kenney, a déclaré lundi que sa province était « tout simplement à court de stocks » de vaccins et ne prenait plus de rendez-vous pour ceux qui devaient recevoir leur première dose. « Je suis profondément déçu de la situation à laquelle nous sommes actuellement confrontés », a déclaré M. Kenney. « L’Alberta n’aura plus de doses de vaccin disponibles à administrer comme première dose d’ici la fin de la journée (lundi) ou mardi matin. »

L’Alberta avait franchi dimanche une étape importante en administrant la première dose à tous les résidants des établissements de soins de longue durée.

En Colombie-Britannique, le ministre de la Santé, Adrian Dix, a déclaré que sa province envisageait elle aussi d’ajuster son calendrier de vaccination. La province avait déjà modifié le calendrier d’administration de la deuxième dose, pour un rappel à 35 jours plutôt que les 21 prescrits par le fabricant. Le ministre Dix a indiqué que ce scénario pourrait encore changer en raison des pénuries de livraison.

Les Européens moins touchés

Pfizer tente de doubler sa production de vaccins contre la COVID-19, dans le but d’atteindre deux milliards de doses cette année. Pour ce faire, la pharmaceutique prévoit de freiner temporairement la production de son usine belge, afin de procéder à des mises à niveau.

Mais le Canada semble actuellement être le seul pays qui souffrira de cette décision du fabricant pendant plus d’une semaine. Pfizer a indiqué aux autorités européennes vendredi que les retards dans ses livraisons de doses prendraient fin lundi prochain, le 25 janvier, mais le Canada s’attend à être affecté jusqu’à la mi-février.

Les dirigeants européens étaient furieux à l’annonce initiale que leurs livraisons seraient moins importantes que prévu pendant plusieurs semaines. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé directement le PDG de Pfizer pour discuter de la question, à la fin de la semaine dernière. La société a par la suite annoncé que ses livraisons en Europe ne seraient affectées que pour cette semaine.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré vendredi que la décision était « hors de notre contrôle », mais que cela n’affecterait pas l’objectif à long terme du Canada de faire vacciner tous les Canadiens d’ici la fin de septembre.

D’ici l’automne, le Canada recevra au total 40 millions de doses de vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna. Les deux vaccins utilisent une technologie similaire pour entraîner le système immunitaire humain à reconnaître le SRAS-CoV-2, qui cause la COVID-19, et à se défendre contre l’intrus. Les essais cliniques ont montré que ces deux vaccins étaient efficaces à plus de 94 % pour prévenir les maladies graves, après deux doses.

Santé Canada avait approuvé le vaccin de Pfizer le 9 décembre et celui de Moderna deux semaines plus tard. Le ministère fédéral continue d’évaluer deux autres vaccins, ceux d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson, mais aucun des deux candidats ne devrait terminer ce processus de certification au Canada avant au moins plusieurs semaines.

Une porte-parole de Pfizer a déclaré qu’il y aurait une mise à jour sur la situation au Canada plus tard lundi.