(Ottawa) Les premiers ministres des provinces augmentent la pression sur Ottawa afin d’obtenir davantage de doses des précieux vaccins des compagnies Pfizer et Moderna qui leur permettront d’accélérer la vaccination contre la COVID-19.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a lancé les hostilités plus tôt cette semaine en accusant les provinces de laisser des doses dans les congélateurs. Les provinces répliquent que c’est au gouvernement fédéral de leur fournir davantage de doses pour vacciner les Canadiens.

L’accélération de la vaccination devait être à l’ordre du jour, jeudi, lors de la première rencontre fédérale-provinciale de l’année.

Tard jeudi, un responsable a simplement déclaré que le premier ministre Justin Trudeau avait offert tout le soutien que le gouvernement fédéral pouvait fournir pour déployer les vaccins le plus rapidement possible à mesure que les livraisons augmenteront au cours des prochaines semaines.

Au début de la semaine, le Canada avait utilisé un peu plus du tiers des quelque 425 000 doses disponibles. En date du 6 janvier, les provinces avaient augmenté la cadence, puisqu’environ 45 % des doses avaient été injectées dans les bras des Canadiens.

Au Québec, le 6 janvier, on calculait avoir utilisé 38 984 doses sur les quelque 87 500 doses reçues. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a expliqué le récent changement de stratégie du gouvernement du Québec.

« Jusqu’à très récemment, étant donné l’incertitude concernant les prochaines livraisons de vaccins à venir, nous conservions au congélateur la moitié des doses, pour assurer l’administration de la deuxième dose aux personnes vaccinées », a expliqué Marie-Claude Lacasse, porte-parole du MSSS, dans un courriel.

Québec a décidé, le 31 décembre, d’administrer toutes les doses reçues afin de vacciner un maximum de personnes. « Ainsi, dans les derniers jours, la vaccination a beaucoup accéléré », a déclaré Mme Lacasse.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a présenté un tableau, mercredi, démontrant que la province serait capable d’administrer 250 000 premières doses d’ici la fin du confinement prévu le 8 février. Ce chiffre comprendrait les résidants des CHSLD ainsi que la majorité du personnel soignant.

« Ils peuvent en envoyer des doses au fédéral, on est capables de les prendre », a-t-il renchéri, lors de la conférence de presse.

Les déclarations de Québec ont été reçues avec méfiance de la part d’Ottawa. « Près de 50 000 doses de vaccin dorment dans des congélateurs au Québec. C’est plus de la moitié des doses livrées », a réagi sur Twitter Pablo Rodriguez, lieutenant politique de M. Trudeau au Québec.

« Les doses ne dorment pas. Elles sont déployées et seront toutes utilisées », a répliqué M. Dubé sous la publication de M. Rodriguez.

Du côté de l’Ontario, on prétend qu’il manquera bientôt de doses de vaccins. La province a déjà administré près de la moitié des doses reçues.

« Au rythme actuel, nous aurons épuisé les doses initiales des vaccins Pfizer à la fin de la semaine. […] On s’attend à épuiser l’envoi de vaccins Pfizer de cette semaine à la fin de la semaine prochaine », a soutenu Ivana Yelich, porte-parole du premier ministre Doug Ford.

« Il est absolument critique que les provinces continuent de recevoir un flot régulier et constant de vaccins », a-t-elle ajouté dans un courriel.

En Colombie-Britannique, le ministre de la Santé a aussi déploré une pénurie de vaccins Pfizer dans plusieurs régions de sa province. Dans les Prairies, on a tourné au ridicule le faible nombre de doses reçues par le gouvernement fédéral.

« Au lieu d’un boyau d’incendie, on travaille avec un fusil à eau en ce moment », s’est moqué le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister.

Son collègue de la Saskatchewan, Scott Moe, a déploré pour sa part que sa province recevra moins de doses que prévu durant le mois de janvier.

« Je vais soulever ces préoccupations avec le premier ministre (Justin Trudeau) pendant notre appel », a promis M. Moe, sur Twitter.

Il est prévu que le Canada dispose de 1,2 million de doses de vaccins des compagnies Pfizer et Moderna d’ici la fin janvier.