(Montréal) Le gouvernement Legault n’aura guère le choix de recourir à des mesures sur différents fronts, lorsqu’il annoncera mercredi les actions qu’il privilégie devant l’augmentation des cas de coronavirus, malgré le confinement prolongé des Fêtes.

Les rumeurs et fuites médiatiques évoquent un couvre-feu, la généralisation de l’enseignement à distance, la fermeture des milieux de travail non essentiels.

Des experts croient qu’il ne faut pas se limiter à un seul outil ou à un seul milieu pour lutter contre la propagation.

« L’idée, c’est de montrer que c’est sérieux l’affaire, que c’est grave, que notre système de santé est sur une corde raide », fait valoir Maryse Guay, médecin spécialiste en santé publique et professeure à l’Université de Sherbrooke.

« Nos ressources sont débordées. Là, il faut prendre divers moyens. Est-ce qu’un moyen est meilleur que l’autre ? Je ne peux le dire, mais on fait ce qu’on peut actuellement », a ajouté la docteure Guay.

Elle insiste sur le fait qu’il faut éviter les rassemblements sous différentes formes.

L’expert en virologie et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM Benoît Barbeau souligne que l’adhésion « problématique » de certains aux consignes sanitaires « doit être prise en considération » quand on réfléchit à l’ensemble du portrait.

Il insiste donc sur l’importance d’un « plan clair » pour éviter toute confusion. Le Québec pourrait par exemple s’inspirer d’autres pays comme Israël et l’Australie, « qui ont imposé plusieurs mesures », souligne-t-il.

À ceux qui protestent contre l’idée de fermer des entreprises non essentielles, en soutenant que les éclosions n’ont pas beaucoup lieu en milieu de travail, la docteure Guay réplique que les lieux d’éclosion sont en fait multiples. « Il y en a dans les lieux où les gens se rassemblent », qu’il s’agisse des milieux de travail, des résidences privées pour personnes âgées, des CHSLD et autres.

De même, le professeur Barbeau note que le recours aux systèmes qui permettent de ventiler les lieux clos peut aider. « À plus long terme, revoir les systèmes de ventilation, en milieu scolaire, en milieu hospitalier, ça devrait être une priorité. Mais en ce moment, on n’aura pas le temps de faire ce travail-là. Faire circuler l’air, le filtrer surtout, est un atout important. »

Quelles que soient les mesures qui seront effectivement annoncées mercredi par le premier ministre François Legault, il demande aux citoyens de faire preuve de patience.

« Les mesures qui seront imposées n’auront pas d’effets avant 7 à 14 jours. Il ne faudrait pas être surpris que si demain (mercredi) le gouvernement québécois impose de nouvelles mesures, bien le surlendemain ou les deux ou trois jours qui suivent, on va continuer à voir une hausse. Ça prend du temps. On va continuer à subir les impacts de tout ce qui s’est passé dans le temps des Fêtes », rappelle le professeur Barbeau.