On en est où ? On ne le sait plus vraiment. Chaque jour, on regarde, machinalement, le bilan : 1301 cas, 29 décès, 583 hospitalisations, 85 patients aux soins intensifs. Ouais… Ben coudonc… C’est ça qui est ça. Ça baisse pas. Biden, lui, y’est rendu à combien de grands électeurs ?

Le bilan quotidien de la COVID-19 est rendu une habitude comme le bulletin de la météo. Maximum 6˚C, avec risque de pluie. Ça se refroidit. On n’y peut rien. On fait avec. Bonne journée, quand même. Oubliez pas votre parapluie. Et votre masque, aussi.

Au début de la pandémie, on attendait le bilan de la COVID-19, comme si notre vie en dépendait. Et c’était le cas, notre vie en dépendait. On avait d’yeux que pour ça. Chaque colonne nous bouleversait. Celle des décès nous effondrait. On avait tous la même préoccupation. Le même objectif. Que les totaux diminuent.

Puis l’été est arrivé. Le bilan s’est allégé. On a un tantinet décroché.

À l’automne se produisit ce qui devait se produire. La cigale ayant chanté tout l’été, pas juste dans les ciné-parcs, la deuxième vague s’est déversée. Et ça nous a fait sacrer.

Au printemps, on avait peur. On a écouté. On s’est protégés. À l’automne, on avait le feu. On a écouté ce qui faisait notre affaire dans tout ce qu’on nous disait. On s’est arrangés, nous-mêmes.

On s’est arrangé une vie moitié-moitié. Moitié comme avant. Moitié comme maintenant. On va travailler. Les enfants vont à l’école. On met notre masque. Mais pas tout le temps. On se tient à deux mètres. Mais pas de tout le monde.

Si je me rappelle bien les dernières directives, on ne devrait avoir de rapprochements qu’avec les gens vivant sous le même toit que nous. Regardez autour de vous, est-ce vraiment le cas ?

Chacun est devenu son propre Horacio. Ça, je peux. Ça, je ne peux pas. Avec toi, non. Avec toi, oui.

Quand les autorités ont constaté que le spectre de la courbe ne nous faisait plus ralentir, on a trouvé un autre système : celui des couleurs. Zone verte, zone jaune, zone orange, zone rouge. L’idée, c’était de nous motiver à rester vert, à ne pas mûrir trop vite. Le problème, c’est qu’on est devenus zone rouge en quelques jours. On avait à peine commencé à jouer qu’on avait déjà perdu. Après ça, que voulez-vous, on s’habitue. On ne dérougit plus.

Et c’est ce qu’il y a de plus dangereux, en ce moment. L’habitude. Il y a d’un côté, des millions d’habitués. Et de l’autre, un millier de malades, des centaines d’hospitalisés et des dizaines de morts par jour, qui ont perdu toutes leurs habitudes. Qui se démènent en plein drame. Il ne faut pas les abandonner.

Tous les désagréments occasionnés par les mesures prises pour combattre le coronavirus nous pèsent, terriblement. Ça nous affecte moralement et économiquement. Tellement que pour beaucoup, l’ennemi, ce n’est plus la maladie, l’ennemi, c’est la Santé publique.

Il ne faut jamais oublier que des gens meurent, encore, en trop grand nombre. Que trop de gens vivront avec de graves séquelles. Que cette menace est exponentielle et qu’il suffit d’un relâchement, juste un peu plus grand, pour que le système hospitalier ne soit plus en mesure de nous soigner. Et que ça pète. Grave.

Bref, on a besoin d’un reality check. Le vaccin s’en vient, mais ce n’est pas demain qu’on va se faire piquer. D’ici là, il y a encore des vies qu’on peut sauver. D’ici là, il faut continuer à faire des sacrifices, pour que le moins de gens possible soient sacrifiés.

Il ne faut pas que le temps des fêtes devienne la semaine de relâche fois dix. Vaut mieux être moins nombreux parce que l’on doit rester chez nous, qu’être moins nombreux parce que les autres ne sont plus de ce monde.

Bien sûr, il y a les antimasques, bien sûr, il y a les égoïstes qui font des noces à 100 invités, mais ce sont des exceptions. La plus grande menace, elle vient de nous, la majorité. Qui commence à couper les coins rond. À avoir le masque slaque. Qui reçoit quatre amis de plus, qui se permet une petite transgression de plus. En disant, après tout, c’est pas si grave que ça. Un petit party, fini avant minuit. Un petit slow collé, le temps d’une chanson. On ne mourra pas de ça. Peut-être pas nous. Mais d’autres, peut-être que si.

Les deux priorités en ce moment : protéger les écoles, pour que le virus puisse le moins possible s’y propager, et rappeler aux citoyens le rôle qu’ils doivent jouer. Précisément. Inlassablement.

Je sais, on est fatigués.

Mais pour combattre une deuxième vague, ça prend un second souffle.

À nous tous de le trouver.

Pour que la troisième vague ne vienne pas tout emporter.

Sur ce, bon week-end, les ami(e)s. Il y a du bon golf à la télé. En espérant que ça aide Trump à relaxer. Et à lâcher prise.