(Ottawa) À la veille du jour du Souvenir, le gouvernement fédéral a annoncé mardi la création d’un fonds d’urgence pour soutenir le travail des organismes sans but lucratif qui viennent en aide aux anciens combattants.

Mais les sommes promises ne sont pas à la hauteur de ce que la Légion royale canadienne et d’autres organismes avaient espéré. Le gouvernement n’a pas proposé non plus de nouveau plan pour éliminer les obstacles et les longues attentes que doivent subir des milliers d’anciens combattants pour tenter d’accéder aux prestations et aux services fédéraux.

Les responsables ont également confirmé mardi que rien dans ce fonds d’urgence n’ira au Centre Juno Beach, le musée construit sur la plage de Normandie où des soldats canadiens ont débarqué le « jour J », et qui fait face à sa propre crise financière liée à la pandémie.

Le premier ministre Justin Trudeau a pris sur lui mardi d’annoncer que le gouvernement fournirait une aide d’urgence de 20 millions à la Légion et à d’autres groupes d’anciens combattants dont les finances se sont taries à cause de la pandémie.

Soulignant l’impossibilité de se réunir comme d’habitude pour souligner le jour du Souvenir, mercredi, M. Trudeau a encouragé l’achat de coquelicots et la participation aux cérémonies en ligne. « En vue du jour du Souvenir, rendons hommage à nos vétérans qui nous ont tant donné et à nos militaires qui continuent d’être là pour nous », a-t-il dit.

La Légion, qui dit avoir été forcée de fermer des dizaines de succursales à travers le pays, certaines de façon permanente, recevra 14 millions de ce fonds d’urgence ; le reste sera réparti entre ANAVETS (1 million), la Patrie tatouée sur le cœur (1,5 million), VETS Canada (850 000 $) et d’autres organismes de vétérans sans but lucratif et de bienfaisance.

Ces groupes fournissent régulièrement une assistance aux anciens combattants dans le besoin, notamment de la nourriture, un hébergement et un soutien financier d’urgence. Ils aident également d’anciens militaires à travers le processus souvent compliqué de demande d’aide fédérale.

Les 20 millions ont été mis de côté dans le cadre plus général du programme d’aide d’urgence COVID-19, adopté par le Parlement le mois dernier ; mais les organisations d’anciens combattants criaient à l’aide depuis des mois.

Bien peu, bien tard

Le président national de la Légion royale canadienne, Tom Irvine, a salué cette aide attendue depuis longtemps – même s’il avait demandé 30 millions. Il a indiqué que cet argent permettra de sauver de la fermeture des dizaines de succursales. « Ma première lettre au premier ministre remonte au mois d’avril », a-t-il déclaré en entrevue. « Peut-être que ça aurait pu sauver certaines des 20 succursales (qui ont été fermées). »

Par ailleurs, ni M. Trudeau ni le ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, n’ont offert de nouvelles promesses aux plus de 40 000 anciens combattants qui attendent depuis des mois ou des années que le gouvernement traite leurs demandes de prestations d’invalidité. Ils n’ont pas non plus répondu aux préoccupations croissantes selon lesquelles les anciens combattants font face à des obstacles pour demander une aide fédérale parce qu’ils ne peuvent pas obtenir les rapports médicaux nécessaires et d’autres informations requises en raison de la pandémie.

Alors que la Légion et d’autres organisations d’anciens combattants pourront commencer à accéder aux fonds d’urgence dans les prochains jours, le ministère des Anciens Combattants a confirmé que les discussions sur l’aide au Centre Juno Beach sont en cours.

Ouvert en 2003 et exploité comme un organisme sans but lucratif, le musée faisait déjà face à des difficultés financières l’année dernière, avant une réorganisation qui visait à réduire les coûts tout en souhaitant attirer 90 000 visiteurs cette année, selon le directeur Alex Fitzgerald-Black.

Ces plans ont été bien sûr bouleversés par la COVID-19 : on devrait accueillir cette année trois fois moins de visiteurs. La pandémie a forcé l’annulation des commémorations du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et contraint le musée à fermer ses portes pendant la majeure partie de l’année.

« L’aide reçue par le biais de subventions françaises et canadiennes a permis de limiter l’impact financier de la pandémie sur nous en 2020 », a indiqué M. Fitzgerald-Black dans un courriel. « Nous avons accès à un prêt du gouvernement français en cas d’urgence et travaillons avec Anciens Combattants Canada sur une demande de soutien. L’incertitude autour de 2021 et le nombre de visiteurs auquel nous devrions nous attendre en raison de la pandémie sont de plus en plus préoccupants. »