Ottawa reconnaît les efforts des producteurs agricoles qui ont mis en place des mesures pour protéger leurs employés durant la pandémie. Une « aide d’urgence » de 7,5 millions est allouée aux agriculteurs québécois qui souhaitent se faire rembourser l’achat d’équipements de protection individuelle ou la réfection des logements qui hébergent leurs travailleurs étrangers saisonniers.

Plutôt que de resserrer les conditions d’hébergement des ouvriers agricoles étrangers pour la suite de la pandémie, la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, s’en remet aux autorités locales de santé publique.

« À plus long terme, on veut revoir les normes », a-t-elle cependant annoncé en conférence de presse virtuelle, mardi matin.

« On veut avoir des normes nationales qui vont être une base de référence et les provinces pourront les adapter. Et là, ce n’est pas nécessairement des normes qui s’appliquent pour une pandémie. Il faut peut-être être plus prudents avec l’expérience qu’on a vécu, mais on n’aspire pas à vivre en pandémie tout le temps », a-t-elle précisé.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau.

Cette révision ne sera pas effectuée à temps pour la saison agricole 2021, a-t-elle ajouté. Un sondage est présentement mené auprès des agriculteurs canadiens sur le sujet.

Mme Bibeau estime qu’environ 1000 producteurs pourront jouir du programme de subvention de 7,5 millions qui sera géré par la Financière agricole du Québec. À l’échelle du Canada, l’enveloppe totale est de 35 millions.

« C’est un programme d’urgence, donc vraiment, des mesures qui doivent être prises le plus rapidement possible pour créer un environnement de travail et un milieu de vie sécuritaire pour nos travailleurs alimentaires », a-t-elle indiqué.

La période couverte par le programme s’échelonne du 15 mars 2020 au 26 février 2021. L’aide financière correspond à un montant pouvant atteindre 2 % des salaires déclarés par l’exploitation ou à 50 % des dépenses admissibles.

Plus de 200 travailleurs étrangers infectés au Québec

Au Québec, quelques éclosions importantes de COVID-19 sont survenues au sein d’entreprises agricoles. Selon une compilation effectuée par La Presse auprès des directions régionales de santé publique, au moins 218 travailleurs étrangers temporaires originaires du Mexique ou du Guatemala ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19 depuis mars. En Ontario, près de 600 travailleurs ont été infectés et trois en sont décédés.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Au Québec, au moins 218 travailleurs étrangers temporaires originaires du Mexique ou du Guatemala ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19 depuis mars.

Dans plusieurs cas, la promiscuité dans les logements des travailleurs a été pointée du doigt.

Le président de l’Union des producteurs agricoles du Québec, Marcel Groleau, qui a participé à l’annonce virtuelle, a souligné que la pandémie a été difficile à gérer, tant pour les producteurs que les travailleurs.

« C’était une situation assez inédite. Vous comprenez que lorsque le Canada a fermé ses frontières en mars, les logements n’étaient pas nécessairement adaptés pour une période de pandémie. Tout le monde va le reconnaître. Donc il y a eu des ajustements de faits pour créer des cellules de travailleurs pour que les gens entrent le moins possible en contact avec d’autres travailleurs », a-t-il expliqué.

Même son de cloche du côté du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne.

« Cette année, il y a des gens, dès le départ de la pandémie, qui ont été très sensibles, très proactifs pour mettre des mesures en place. Il y en a d’autres qui ont été moins innovants ou moins participants, mais qui ont été rattrapés par la réalité. Au moment où l’on se parle, sur le terrain, il y a vraiment une conscientisation et une volonté des producteurs et des transformateurs d’assurer les meilleures conditions pour permettre la limitation de la propagation du virus », croit-il.