(Québec) La tension a monté d’un cran, mercredi, entre le gouvernement Legault et l’opposition libérale, accusée d’irresponsabilité.

En point de presse, la vice-première ministre Geneviève Guilbault a blâmé ouvertement la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, l’accusant de tenir un discours « irresponsable » lorsqu’elle critique la gestion gouvernementale de la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19.

Selon elle, l’opposition libérale doit être dénoncée parce qu’elle laisse planer la menace de désobéissance civile, minant le moral des Québécois et tenant des propos qui pourraient les inciter à ne pas adhérer aux consignes sanitaires.

Mme Anglade « a fait miroiter de la désobéissance civile et des troubles à la paix sociale », dans le but de critiquer le gouvernement, selon l’analyse faite par Mme Guilbault.

« C’est irresponsable » d’agir ainsi, a-t-elle ajouté, convaincue que la cheffe de l’opposition officielle n’a pas le droit de « laisser planer des menaces, des choses, qui ne sont pas de nature à favoriser l’adhésion aux mesures de santé publique ».

« Soyez solidaires ! Soyez constructifs ! », a lancé la ministre de la Sécurité publique, en s’adressant d’abord aux partis d’opposition en général, puis en ciblant en particulier l’opposition officielle et les déclarations de la veille de la cheffe libérale, Dominique Anglade.

Mardi, les trois partis d’opposition ont fait front commun pour critiquer l’absence de cohérence dans l’action gouvernementale, et dénoncer à l’unisson le manque de préparation et de transparence du gouvernement.

Leur sortie survenait au moment où une coalition de propriétaires de gyms menaçait de défier le gouvernement en ouvrant les portes des centres de conditionnement physique aux clients, même s’il maintenait sa décision d’ordonner leur fermeture en zone rouge pour le mois qui vient.

La cheffe libérale avait réagi en affirmant qu’il fallait « à tout prix que le premier ministre se ressaisisse. Il en va maintenant de la paix sociale au Québec », selon elle.

Depuis, le gouvernement a confirmé la prolongation de l’ordre de fermeture des gyms jusqu’au 23 novembre, et la coalition a annoncé que ses membres se conformeraient à la consigne gouvernementale.

Mme Guilbault avait convoqué les médias mercredi matin dans le but précis de lancer un appel « à la solidarité, à l’unité » aux trois partis d’opposition, invités à « agir de façon responsable dans ce contexte de pandémie ».

Selon elle, le discours tenu par l’opposition a pour effet de « remettre en question l’adhésion des Québécois aux mesures sanitaires qui sont en place ».

À la suite des remontrances de Mme Guilbault, Mme Anglade a répliqué sur Twitter pour affirmer que ça ne pouvait pas « toujours être la faute des autres ».

« Des oppositions, des journalistes et des citoyens qui posent des questions, c’est légitime ! », a-t-elle ajouté dans son gazouillis, faisant valoir qu’il revenait au gouvernement Legault de « donner des vraies réponses » aux questions sur la gestion de la pandémie.

« Un mot : imputabilité ! », a conclu la cheffe libérale, qui recommande toujours à la population de suivre les consignes sanitaires, chaque fois que la question lui est posée.

Blâme

Ce n’est pas la première fois que la vice-première ministre rejette le blâme sur autrui pour expliquer la situation difficile créée par la pandémie.

Vendredi, la ministre Guilbault blâmait les gens de la région de Québec pour la hausse marquée du nombre de cas d’infections à la COVID-19 dans la capitale et les régions voisines. Elle jugeait alors que la situation était due à la « désinvolture » d’une partie de la population, réfractaire aux consignes sanitaires. Elle implorait les résidents de la grande région, Rive-Nord et Rive-Sud, de « se ressaisir » et de suivre les consignes.

« On observe un relâchement dans l’application des mesures », disait-elle, vendredi.

Mercredi, le discours était différent.

« Les Québécois respectent les mesures », a affirmé la ministre, en s’appuyant sur « les données de Google » confirmant que « les Québécois sont disciplinés, adhèrent aux mesures de santé publique ».

De plus, elle a cité un sondage de l’Institut national de la santé publique (INSPQ), indiquant que les trois quarts des Québécois adhèrent aux mesures sanitaires.