Une étude internationale à laquelle ont participé des chercheurs du CUSM conclut que quatre médicaments envisagés contre la COVID-19, dont le remdésivir qu’a reçu Donald Trump, ne fonctionnent pas.

« C’est vraiment une maladie difficile », explique l’un des auteurs de l’étude publiée vendredi sur le site de prépublication scientifique MedrXiv, explique Todd Campbell Lee, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. « Beaucoup de gens n’ont rien d’autre que des symptômes et guérissent sans traitement, mais un sous-groupe important de patients meurt malgré tous les traitements que nous pouvons prodiguer. »

Les résultats négatifs de l’étude Solidarity chapeautée par l’Organisation mondiale de la santé, qui regroupait 11 000 patients de 30 pays, concernent le remdésivir, l’hydroxychloroquine, le lopinavir et l’interféron. Le CUSM a recruté le quart des 400 patients canadiens de Solidarity. L’hydroxychloroquine et l’interféron n’ont pas pu être testés au Canada.

Au début du mois d’octobre dans le New England Journal of Medicine, une étude auprès de 1000 Américains a pourtant démontré que le remdésivir diminuait du tiers le temps d’hospitalisation et du quart la mortalité.

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Todd Campbell Lee, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

« Nous avons un échantillon de quatre à cinq fois plus gros pour le remdésivir, répond M. Lee. Le seul point où il peut y avoir une discussion est sur le fait que l’étude américaine était en double aveugle. Alors il est possible que les médecins de Solidarity aient gardé les patients sous remdésivir plus longtemps, donc à l’hôpital. Mais dans la réalité, il est probable que cela reflète bien la réalité. »

Est-il possible que le remdésivir – ou les trois autres molécules de l’étude Solidarity – soit efficace pour les patients très malades ? « Dans le sous-groupe qui avait besoin de ventilation mécanique, la mortalité semblait plutôt augmenter avec le remdésivir. Il est possible qu’un autre sous-groupe puisse en bénéficier. »

Anticorps monoclonaux

Que pense le DLee des anticorps monoclonaux de Regeneron, qui ont aussi été pris par le président Trump ? « Eli Lilly a mis sur pause son essai sur un anticorps monoclonal, et Regeneron a seulement publié un communiqué de presse, dit-il. Mais le communiqué disait que les bénéfices étaient plus grands pour les patients qui n’ont pas d’anticorps détectables, donc au début de la maladie. Étant donné le laps de temps important qu’il faut au Québec pour avoir les résultats des tests diagnostiques et la difficulté d’avoir un accès rapide à des tests sérologiques [d’anticorps générés par la maladie], je ne vois pas comment on pourrait se servir de ce médicament de manière opérationnelle. »

Le DLee est plus enthousiaste en ce qui concerne la colchicine, un anti-inflammatoire qui coûte très peu cher et est testé depuis le printemps pour la COVID-19 par l’Institut de cardiologie de Montréal. « Il y a eu une petite étude grecque très positive sur la colchicine dans le JAMA, dit le DLee. Mais pour les patients en CHSLD, la colchicine pourrait être problématique chez ceux qui ont des maladies du rein et à cause des interactions avec d’autres médicaments. »

Il y a en ce moment une pénurie de patients pour tester d’autres médicaments pour la COVID-19, selon le DLee. « Il faut coordonner les essais, sinon il n’y aura pas assez de patients pour faire des études assez importantes. » L’étude Solidarity se poursuit avec d’autres médicaments.

52 : nombre d’essais cliniques multicentriques pour des médicaments contre la COVID-19 en cours dans le monde

Source : Regulatory Affairs Professionals Society