(Paris) Mauvaise alimentation, pollution et autres sources de maladies chroniques en hausse depuis 30 ans, auxquelles s’ajoute un nouveau virus : les conditions d’une « tempête » étaient réunies pour aboutir au million de morts de la COVID-19, déplore un rapport publié vendredi par la revue The Lancet.

« L’interaction de la COVID-19 avec la hausse mondiale continue ces 30 dernières années des maladies chroniques et de leurs facteurs de risques, dont l’obésité, l’hyperglycémie (haut taux de sucre dans le sang, NDLR) et la pollution atmosphérique, a créé les conditions d’une tempête, alimentant le nombre de morts de la COVID-19 », juge la prestigieuse revue médicale britannique dans un communiqué.  

« Les maladies non transmissibles ont joué un rôle critique dans le million de morts causé par la COVID-19 jusqu’à présent, et continueront à déterminer l’état de santé général dans chaque pays même quand la pandémie se sera calmée », commente son rédacteur en chef, Richard Horton.

The Lancet alerte régulièrement sur le fléau des maladies non transmissibles liées aux conditions de vie (obésité, diabète, tabac, alcool, etc.). Dans ce nouveau rapport, la revue fait le lien avec la COVID-19.

Pour elle, le monde fait face non seulement à une pandémie, mais à « une syndémie », c’est-à-dire la conjonction de plusieurs urgences sanitaires.

« De nombreux facteurs de risques et maladies non transmissibles étudiés dans ce rapport sont associés avec un risque accru de formes graves de COVID-19, voire de décès », juge The Lancet.

« Il faut des actions urgentes pour traiter la syndémie des maladies chroniques, des inégalités sociales et de la COVID-19, c’est-à-dire l’interaction de plusieurs épidémies qui exacerbent le fardeau sanitaire de populations déjà touchées, et les rendent encore plus vulnérables », avertit la revue.

En Europe, selon The Lancet, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté régulièrement depuis 30 ans, mais moins que l’espérance de vie à la naissance, ce qui veut dire que les gens vivent plus longtemps en mauvaise santé.

Sur le Vieux continent, les maladies non-transmissibles sont responsables « de plus de 80 % » des morts prématurées et de l’aggravation de l’état de santé (mesurée en nombre d’années perdues), selon le rapport.

En 2019, les principaux facteurs de risque en Europe étaient l’hypertension (liée à 787 000 morts selon les estimations), le tabac (697 000), la mauvaise alimentation (546 000), l’hyperglycémie (540 000) et l’obésité (406 000).

The Lancet appelle à « des efforts importants » de réduction de ces risques par des politiques de santé publique volontaristes, en prenant l’exemple de celles menées contre le tabac.

« L’exposition au tabac a baissé de près de 10 % dans le monde depuis 2010, même s’il reste la principale cause de morts dans de nombreux pays riches », souligne la revue.