La rentrée parlementaire à Ottawa continue de susciter des inquiétudes, alors que les autorités ont détecté une deuxième vague de la COVID-19 dans la capitale. Après Yves-François Blanchet, le nouveau chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, a aussi été déclaré positif vendredi. Une situation qui a forcé le premier ministre François Legault, qui l’avait côtoyé lundi, à se placer en isolement le temps de subir un test de dépistage.

« Personne n’est à l’abri de la contagion. Faites attention à vous », a tweeté M. Legault, en soirée. Il se trouvait vendredi à Ottawa, pour y rencontrer ses homologues de l’Ontario, de l’Alberta et du Manitoba, Doug Ford, Jason Kenney et Brian Pallister.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti conservateur Erin O'Toole et le premier ministre du Québec Francois Legault lors de leur rencontre de lundi dernier

Quelques minutes avant, les troupes conservatrices avaient confirmé que le test de leur chef, effectué la veille à Gatineau, s’est révélé positif. « M. O’Toole demeure en isolement et il se sent bien », a-t-on indiqué.

Lui aussi déclaré positif en début de journée, Yves-François Blanchet a rapidement apporté son soutien à M. O’Toole, lui souhaitant « un passage le moins inconfortable possible à travers la maladie ». « Après tout, on a des débats à faire au meilleur de nous-mêmes », a dit le chef bloquiste.

Justin Trudeau, de son côté, a souhaité un « prompt rétablissement » à ses adversaires politiques, disant espérer un rétablissement rapide de ceux-ci.

Des sources ont par ailleurs révélé vendredi que le Parti conservateur n’a pas retracé toutes les personnes ayant pu se trouver à proximité d’un employé qui a reçu un résultat de test positif à la COVID-19, peu après son passage à Montréal en compagnie de M. O’Toole. Lors de son passage dans la métropole, le chef conservateur a non seulement rencontré le premier ministre Legault, mais a aussi tenu des rencontres avec des militants.

Un discours du Trône à venir

Le Parlement rouvrira ses portes mercredi prochain avec la présentation du discours du Trône. Les partis étaient toujours en pourparlers, vendredi, pour tenter de déterminer combien d’élus devraient converger sur la colline d’Ottawa pour siéger. Chose certaine: M. Blanchet, lui, ne sera pas en mesure d’être présent physiquement mercredi prochain, à Ottawa.

Le chef bloquiste demeurera lui aussi en isolement dans sa résidence de Shawinigan jusqu’au 26 septembre, conformément aux instructions de la Santé publique du Québec. « Il se porte parfaitement bien », a dit son parti, vendredi. Le chef, dont la femme est aussi infectée, l’a réitéré sur Twitter.

Le politicien s’était soumis à un test de dépistage après que l’on a appris qu’un membre de son cabinet avait contracté le virus, et qu’il avait été en contact avec M. Blanchet et avec des membres du caucus lors d’une rencontre s’étant tenue à Saint-Hyacinthe, le 8 septembre dernier.

Les tests se sont avérés négatifs jusqu’à présent pour la quarantaine de personnes qui avaient aussi été exposées, a indiqué vendredi Carolane Landry, porte-parole du Bloc. « S’il y avait des cas positifs, on le mentionnerait publiquement rapidement », a-t-elle déclaré. On ignore donc, pour l’heure, combien pourraient faire le voyage à Ottawa.

« Peut-être mieux de travailler virtuellement »

Pendant ce temps, les leaders parlementaires et les whips des partis continuent à tenter de dénouer l’impasse entourant le retour du Parlement. Selon ce qu’une source libérale a confié à La Presse, vendredi, les cas de MM. Blanchet et O’Toole sont venus illustrer à quel point la prudence s’impose.

D’autant plus qu’Ottawa est en proie à une deuxième vague de la pandémie. Il s’agit là du constat dont a fait part, sur les ondes de CTV News, vendredi matin, la médecin-chef de Santé publique Ottawa, la Dre Vera Etches.

Le nombre de cas confirmés dans la ville n’a cessé de croître au cours des derniers jours ; vendredi, il y en a eu 63.

« Malheureusement, cette nouvelle n’est pas surprenante… MAIS nous savons tous quoi faire pour diminuer la propagation […] », pouvait-on lire sur le compte Twitter de Santé publique Ottawa.

Les élus fédéraux, dont certains doivent voyager par avion et faire escale dans un, deux, voire parfois trois aéroports avant d’arriver à destination, devraient-ils donc s’abstenir de revenir dans la capitale, puis de refaire le chemin inverse ? En conférence de presse, les représentants des autorités sanitaires canadiennes n’ont pas trop voulu se mouiller.

« C’est sûr que s’ils font des allers-retours partout dans le pays, il y a un certain niveau de risque […] Ce n’est pas à moi [d’évaluer] le risque, mais pour quelques-uns, ce serait peut-être mieux de travailler virtuellement », a répondu Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de l’Agence de la santé publique du Canada.