Québec préconisera les annonces publiques en présence d’un seul ministre, dont l’entourage sera réduit au strict minimum

Finies les conférences de presse à plusieurs ministres. Sauf exception, le gouvernement Legault préconise désormais des annonces publiques en présence d’un seul ministre, par mesure de précaution à un moment où les craintes se multiplient dans l’entourage de nombreux politiciens et où les cas de COVID-19 augmentent dans la population en général.

« L’épisode de la mairesse de Longueuil nous a servi de mise en garde », a expliqué en entrevue avec La Presse Ewan Sauves, attaché de presse de François Legault.

Le nombre de personnes qui accompagneront le premier ministre ou un ministre lors d’une annonce publique – députés, maires, etc. – sera aussi réduit au strict minimum, a poursuivi M. Sauves.

L’inquiétude consécutive à la rencontre du premier ministre avec le chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, qui a côtoyé une personne ayant la COVID-19, n’incite cependant pas M. Legault à éviter dorénavant toute rencontre en personne.

Après la visite de M. O’Toole dans les bureaux montréalais de François Legault, a rappelé M. Sauves, la Santé publique, qui a été jointe, n’a pas imposé de précautions particulières au premier ministre puisqu’il n’y avait eu aucun contact direct avec la personne contaminée.

De façon générale, « des rencontres avec des personnes importantes comme la mairesse de Montréal » continueront de se tenir, dans le respect des consignes sanitaires, a précisé M. Sauves.

De fait, l’agenda de François Legault « en présentiel » est bien garni. Outre M. O’Toole, le premier ministre du Québec a rencontré son homologue de l’Ontario, Doug Ford, le 9 septembre. « Nos deux bouches ont été en tout temps à deux mètres », a rigolé M. Legault après qu’une photo d’eux prenant une bière, assez près l’un de l’autre, eut fait sourciller.

Ce vendredi, M. Legault retrouvera M. Ford à Ottawa, de même que les premiers ministres Jason Kenney (Alberta) et Brian Pallister (Manitoba) afin de discuter d’un front commun pour demander au gouvernement fédéral un meilleur financement en santé.

Mêlées de presse

À la rentrée, les salles de presse ont eu la surprise de recevoir de nouveau des invitations à des « mêlées de presse », c’est-à-dire des rencontres de presse où s’agglutinent journalistes et caméramans devant une personnalité publique.

M. O’Toole a choisi cette formule, à l’extérieur, après sa rencontre avec M. Legault. La Dre Mylène Drouin, directrice de santé publique de Montréal, a aussi tenu une mêlée de presse le 9 septembre, à l’intérieur.

Au gouvernement du Québec, M. Sauves insiste sur le fait qu’absolument aucune mêlée de presse n’a été tenue depuis mars.

À la Santé publique, on indique que la situation a bien changé, déjà, depuis le 9 septembre et que les conférences de presse où chacun est assis de façon organisée sont maintenant favorisées.

« Comme le font les hôpitaux avec les visiteurs, nous remettons aussi maintenant à chaque journaliste nos propres masques qu’ils doivent porter. »

Au pays comme à l’étranger, les politiciens, qui rencontrent de nombreuses personnes, ont été nombreux à être touchés par la COVID-19, de près ou de loin.

Dans certains cas, les inquiétudes sont venues de leur propre maison, dans d’autres, de leur travail.

Après une rencontre à Londres avec des milliers de personnes au début de la pandémie, Sophie Grégoire, femme de Justin Trudeau, a été atteinte. Une dizaine d’élus – dont trois ministres québécois, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le maire de Laval, Marc Demers – se sont placés en isolement volontaire il y a un peu plus d’une semaine après avoir rencontré la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent. Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec, s’est aussi placée en isolement préventif parce que sa fille avait présenté des symptômes semblables à ceux de la COVID-19. C’est le cas aussi d’Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, dont la femme a eu un résultat positif.

Ailleurs dans le monde, de nombreux politiciens ont été atteints.

Le printemps dernier, le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, a été infecté. Au moins 18 députés de l’Assemblée nationale française ont aussi été atteints. Une dizaine de maires sont morts, en France. Le député allemand Cem Özdemir et le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit, Michel Barnier, ont aussi été contaminés, tout comme le président du Honduras, Juan Orlando Hernández, et des ministres un peu partout dans le monde.

Devant le danger, la chancelière de l’Allemagne, Angela Merkel, a refusé en mai de se rendre à Washington à la réunion du G7, disant éviter tout voyage. Pour le même évènement – qui a finalement été remis –, le président de la République française, Emmanuel Macron, avait affirmé qu’il serait présent à condition que tout le monde y soit.