La perspective imminente d’une deuxième vague de COVID-19 cet automne incite les gouvernements à surveiller avec prudence les taux d’infection quotidiens alors que les économies redémarrent et que les étudiants retournent à l’école.

Un retour généralisé des restrictions économiques et sociales qui ont fermé des entreprises et des écoles et annulé des évènements publics en mars n’est pas l’option préférée, mais il n’y a peut-être pas d’autres choix, disent certains politiciens et des responsables de la santé.

« La dernière chose que quiconque souhaite, c’est de devoir à nouveau fermer nos économies et suspendre nos vies pour tenter de contrer une deuxième vague massive », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau la semaine dernière.

Il a insisté sur la vigilance du public pour lutter contre la pandémie, le lavage fréquent des mains, le port de masques et la distanciation physique, car « comme nous le voyons avec les cas qui augmentent à travers le pays, nous ne sommes pas sortis du bois ».

L’épidémiologiste de Winnipeg, Cynthia Carr, a déclaré que les Canadiens devraient se préparer à plus de restrictions si les cas de COVID-19 continuent d’augmenter, même sans l’arrivée d’une deuxième vague.

« Il pourrait encore y avoir une forte augmentation des cas liés au comportement et cela donne au gouvernement l’opportunité de dire : « OK, qu’allons-nous changer maintenant pour reprendre le contrôle de la transmission ? » », a-t-elle déclaré.

La Colombie-Britannique a ordonné la fermeture immédiate des boîtes de nuit et des salles de banquet la semaine dernière après que le nombre quotidien de cas de COVID-19 était constamment supérieur à 100, de nombreuses infections étant attribuables à des jeunes qui socialisaient lors d’évènements où de l’alcool était servi.

La médecin hygiéniste en chef, la Dr Bonnie Henry, a également ordonné à des bars, des pubs, des salons et des restaurants d’arrêter la vente d’alcool à 22 het fermer à 23 h, à moins de ne servir que de la nourriture.

Bonnie Henry a déclaré qu’elle avait pris des mesures « draconiennes » en mars pour ralentir les infections, et la fermeture des boîtes de nuit et autres lieux est désormais une étape nécessaire.

« Je pense que nous devons tous commencer à repenser ce que nous devons faire pour traverser les prochains mois en tant que communauté, et ce sont quelques-unes des choses que nous devrons mettre de côté pour l’instant », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

La semaine dernière au Québec, le gouvernement a déclaré que la police pouvait distribuer des contraventions variant entre 400 $ et 6000 $ à ceux qui n’ont pas le visage couvert dans les espaces publics intérieurs ou dans les transports en commun.

La province a également annoncé plusieurs mesures en plus des amendes, notamment l’interdiction du karaoké et l’obligation des bars à tenir des registres de clients à mesure que le nombre d’infections augmente.

Cynthia Carr a déclaré que d’autres responsables de la santé publique examineraient des restrictions croissantes pour limiter la transmission de la COVID-19.

« Plus vous donnez l’occasion au virus de se propager à nouveau, plus il en profitera », a-t-elle déclaré.

Cynthia Carr, une consultante privée qui conseille les gouvernements et les communautés sur les politiques de santé, a déclaré que l’arrivée d’une deuxième vague de COVID-19 provoquera une peur généralisée, car elle signalerait que le virus a changé son comportement.

« C’est là que se trouvent les parties les plus effrayantes », croit-elle. « Si le virus commence à muter et à devenir différent et à affecter, par exemple, des personnes beaucoup plus jeunes de manière significative. »

Mais Cynthia Carr a déclaré que des restrictions croissantes étaient inévitables lors d’une deuxième vague ou une augmentation des cas de COVID-19.

Le professeur d’économie James Brander a déclaré que les politiciens et les responsables de la santé devraient soigneusement peser l’impact de l’imposition de plus de restrictions ou de fermetures sur l’économie en cas de deuxième vague ou d’augmentation des taux d’infection.

Les gouvernements ont été trop durs pour l’économie en mars et, avec le recul, devraient maintenant envisager des options de restriction plus ciblées, notamment la fermeture des bars, la prévention des grands rassemblements et la nécessité de politiques plus agressives sur le port de masque, a déclaré l’expert en politiques publiques de la Sauder School of Business de l’Université de la Colombie-Britannique.

De l’avis de Cynthia Carr, la lutte contre la pandémie implique de jongler avec trois domaines : la santé, l’économie et le bien-être social.

« La meilleure décision est généralement liée au contrôle autant que possible de la transmission afin que les économies puissent redevenir prospères et que les gens puissent maintenir un bien-être social. »