Convoqué d’urgence devant la Régie des alcools des courses et des jeux, le propriétaire de la Pizzéria Moretti, dans Griffintown, et le contentieux de la RACJ, en sont venus à une entente pour que l’établissement soit fermé temporairement, jusqu’à ce que la cause soit débattue sur le fond, la semaine prochaine.

C’est le SPVM qui a dénoncé certaines situations à la suite de plaintes de citoyens ou de constatations faites par ses policiers dans l’établissement de la rue Wellington, depuis la mi-mai, début du déconfinement et de l’assouplissement des règles sanitaires adoptées en raison de la pandémie de la COVID-19.

Certains soirs, les policiers ont notamment constaté que le restaurant était bondé ou qu’il y avait des groupes de clients, sans que la distanciation de deux mètres soit respectée entre les clients et les tables, et ce même si les salles à manger étaient toujours fermées en vertu des règles sanitaires.

Le personnel a aussi fait l’objet de plaintes.

Entre autres, les employés auraient été informés qu’un gérant a eu un résultat positif au coronavirus cinq jours après son renvoi à la maison et des employés auraient refusé de subir le test de dépistage.

Les policiers affirment également avoir vu à plusieurs reprises des employés et des clients qui ne portaient pas de masque à l’intérieur.

Le 21 juillet dernier, un patrouilleur a appris que deux serveuses et un superviseur ont contracté le coronavirus.

Le lendemain, un citoyen a dit aux policiers que six employés ont contracté la maladie, que la direction aurait caché les premiers cas, que des employés ont refusé de se faire tester et que la direction aurait refusé l’isolement de 14 jours pour les employés qui ont reçu un premier résultat négatif.

Le même jour, un cuisinier a dit à un policier ressentir des symptômes, mais que le gérant s’en souciait peu. Il n’était pas en mesure de dire si l’établissement a été désinfecté.

Le 24 juillet, un citoyen a dit aux policiers que des employés testés positifs étaient forcés de travailler par leur employeur.

La police décrit également des incidents d’un autre type survenus dans la pizzéria, notamment une bagarre au cours de laquelle « un homme criminalisé, violent […] a empoigné et pris une employée comme bouclier humain pour pouvoir fuir ». Au terme d’une poursuite à pied, l’individu a été maîtrisé avec une arme à impulsion électrique de type Taser et arrêté pour voies de fait.

Une autre fois, à l’arrivée des policiers, un client a fui les lieux et lorsque les patrouilleurs ont demandé l’identité de ce dernier au gérant, celui-ci leur aurait menti.

Toutes ces allégations qui se retrouvent dans l’avis de convocation du Moretti par la RACJ, n’ont toutefois pas encore été testées lors d’une audience sur le fond.

Les régisseuses inquiètes

En vertu d’une entente entre le propriétaire de la pizzéria, Nicola Monaco, et MIsabelle Poitras, qui représente le contentieux de la RACJ, les régisseuses Natalia Ouellette et Yolaine Savignac ont suspendu les permis d’alcool et de restauration du Moretti jusqu’au milieu de la semaine prochaine.

Seul M. Monaco et le propriétaire de l’immeuble auront un accès limité à l’établissement, et certains ouvriers, pour effectuer l’entretien ménager ou des travaux mineurs.

Vraisemblablement inquiètes qu’un certain va-et-vient se poursuive dans la pizzéria, les régisseurs ont tenu à ce que M. Monaco témoigne et assure que les conditions seront respectées.

« Nous allons avoir besoin de 2 ou 3 jours pour récupérer ce qui est périssable et faire un peu de ménage. Je comprends l’importance de respecter l’entente. Je vais enlever les clés à tout le monde et changer le code du système d’alarme », a dit M. Monaco.

À la sortie de l’audience, le propriétaire de la pizzéria ouverte depuis juillet 2017 a toutefois rejeté les allégations de la police et du contentieux de la régie.

« Certains événements reprochés sont hors de notre contrôle et les règles du Ministère de la Santé n’étaient pas toujours claires et changeaient au jour le jour », a dit M. Monaco.

« Nous avons pris les mesures pour respecter les règlements (sanitaires) et pour protéger la santé de nos clients. Et aujourd’hui, nous prenons notre entente avec la régie au sérieux », a conclu le président de Pizzéria Moretti inc.

-Avec Ariane Kroll

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