Au lendemain du dévoilement du plan d’action gouvernemental pour affronter la deuxième vague, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, presse Québec de « bien considérer » les besoins des personnes vulnérables dans la métropole, en s’impliquant encore davantage dans le financement des ressources en itinérance.

« Les hôpitaux et les CHSLD, c'est absolument essentiel, mais nous devons également se préoccuper de celles et ceux qui pourraient tomber encore plus dans la précarité, comme nous l’avons vu lors de la première vague », a indiqué Mme Plante mercredi. Elle affirme qu'il est grand temps de créer des mécanismes permanents en matière de lutte à l’itinérance, qui « demeure de responsabilité provinciale ».

Bien sûr, la Ville tente de trouver des solutions d’urgence pour pallier les besoins, mais il faut avoir une réflexion à long terme. [...] La COVID-19 est venue bousculer le milieu communautaire et toutes les ressources.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Montréal affirme avoir atteint 60 % de sa cible de 950 unités de logements pour des personnes en situation d’itinérance, établie en 2018 dans le cadre d'un plan de 7,8 millions. « Je m’en réjouis, mais il faut continuer. Même en atteignant le 100 %, les besoins vont continuer d’augmenter », illustre Mme Plante.

L'opposition officielle, de son côté, affirme que ces chiffres sont gonflés. « En février 2020, 91 logements avaient été construits, dit le conseiller Benoît Langevin. Il n'y a vraiment pas de quoi se péter les bretelles : on n'est même pas concrètement à 10 % de la promesse. »

Un campement qui fait jaser

À l'instar de plusieurs organismes, les élus de l'opposition affirment que la fermeture de plusieurs ressources d'urgence a « grandement contribué à faire grossir la taille » du campement de fortune qui s'est installé sur la rue Notre-Dame Est, dans Hochelaga. « Je me questionne quant au fait que les ressources alternatives en hébergement ne soient ni suffisantes, ni prêtes à temps », illustre M. Langevin.

La Ville, qui assure que les places ne manquent pas dans ses refuges, veut pour sa part faire « disparaître » ce campement, « au fur et à mesure que les ressources vont se transformer ». « Tout ca va se faire dans la dignité, le respect des valeurs qui nous sont chères. Peu importe qui on est, on a le droit d'avoir un toit au-dessus de notre tête », martèle Valérie Plante.

Deux autres refuges, dont un dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, doivent voir le jour dans les prochaines semaines, en plus du réaménagement de l'ancien hôpital Royal-Victoria. Montréal réitère que Québec et Ottawa devront s’entendre sur une entente en habitation pour accélérer les projets. Interpellée sur la question mercredi, la ministre Chantal Rouleau a dit espérer pouvoir arriver à une entente « prochainement ».

« Nous sommes prêts »

Mardi, en dévoilant son plan pour la deuxième vague, le gouvernement Legault a pour sa part assuré que les personnes itinérantes ne seront pas oubliées. « Nous avons fait nos devoirs. Nous sommes prêts », a lâché le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.

« Les personnes vulnérables sont encore plus touchées par les mesures que le reste de la population. Il faut mieux les soutenir », a-t-il ajouté, promettant que « des efforts seront aussi consacrés à l’appui des organismes communautaires ». Québec assure par ailleurs avoir « tiré des leçons » du printemps dernier. Une série d’actions, articulées autour de neuf axes, seront déployées d’ici le 30 septembre.

Il va y avoir une deuxième vague. Je ne voudrais pas que les gens soient déçus lorsqu’on aura des éclosions dans un centre hospitalier, dans un CHSLD ou même dans une école. Ce qu’on a appris, c’est à contrôler les choses.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Une somme de 106 millions sera versée à la Santé publique pour l’embauche de 1000 nouvelles ressources afin d’augmenter la capacité de retraçage. Tous les CHSLD seront aussi dotés d’un « gestionnaire responsable » et la mobilité de la main-d’oeuvre sera interdite.