(Québec) En prévision de la deuxième vague de la COVID-19, le gouvernement Legault verse 106 millions à la Santé publique pour l’embauche de 1000 nouvelles ressources afin d’augmenter la capacité de retraçage. Tous les CHSLD seront aussi dotés d’un « gestionnaire responsable » et la mobilité de la main-d’œuvre sera interdite.

Le nouveau ministre de la Santé, Christian Dubé, a dévoilé mardi à Québec les détails de son plan d’action en prévision d’une seconde vague de la COVID-19. La province a durement été frappée par la première vague, faut-il le rappeler, avec le pire bilan canadien en termes de cas déclarés (61 252, soit 46 nouveaux cas confirmés depuis lundi) et de décès (5727, c’est-à-dire 6 nouveaux décès confirmés depuis lundi).

Le gouvernement Legault assure avoir « tiré des leçons » du printemps dernier et déploie une série d’actions, articulées autour de neuf axes, pour affronter une potentielle deuxième vague. Québec se donne un peu plus de six semaines pour mettre en branle les mesures présentées, soit d’ici le 30 septembre.

« Il va y avoir une deuxième vague. Je le dis, parce que je ne voudrais pas que les gens soient déçus lorsqu’on aura des éclosions dans un centre hospitalier, dans un CHSLD ou même dans une école. Ce qu’on a appris, c’est à contrôler les choses. (…) Je ne voudrais pas que les gens soient déçus quand on va avoir des éclosions. On l’a dit, on va le redire : ça va arriver », a prévenu d’entrée de jeu le ministre de la Santé.

Des « gestionnaires responsables »

Christian Dubé, qui était accompagné mardi de la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant et du DHoracio Arruda, estime être en mesure de poser des gestes plus ciblés à la lumière des défis rencontrés lors de la première vague, notamment dans les CHSLD.

Chaque CHSLD de la province devra avoir un « gestionnaire responsable », a-t-on indiqué. Il s’agit d’une mesure qui s’inscrit en ligne directe avec le mandat confié à M. Dubé par François Legault lors du remaniement ministériel de juin dernier. Le premier ministre avait alors affirmé qu’il fallait rendre imputables les gestionnaires du réseau.

Les élus aussi sont imputables, a affirmé le ministre de la Santé en point de presse, alors qu’il était questionné sur la responsabilité du piètre bilan québécois lors de la première vague. Mais « pour être imputable, (…) [il faut] s’assurer que les gens ont les ressources et les moyens pour agir dans ce qu’on leur demande de faire ».

« On est arrivé dans la pandémie avec peu de ressources, un système fragilisé. Il est excessivement difficile de rendre les gens imputables quand ils n’ont pas les ressources pour agir. (…) Avec le plan d’action qui est [présenté aujourd’hui], on donne les moyens à nos gestionnaires et aux élus de travailler avec les bons outils », a-t-il complété.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a ajouté qu’« aucun effort n’est ménagé pour que plus jamais on ne revive des drames humains comme ceux qui ont secoué le Québec ».

« Les CHSLD et les résidences pour aînés ont été notre talon d’Achille dans la gestion de la crise. (…) Pour moi, il est absolument nécessaire que cette pandémie serve à quelque chose et que comme société, on en sorte grandi. On le doit aux victimes et on le doit aussi à nos aînés », a-t-elle affirmé.

Toujours dans les CHSLD, Québec maintiendra l’interdiction de la mobilité de la main-d’œuvre. Il s’agit notamment d’une recommandation du rapport de la nouvelle sous-ministre, Dominique Savoie, qui a rendu un premier diagnostic de la gestion de la crise sanitaire, en juillet dernier. Malgré son intention, l’ancienne ministre de la Santé, Danielle McCann, avait eu du mal à faire appliquer cette directive.

Un enjeu de gouvernance

La « gouvernance » et la communication seront aussi au cœur de la stratégie de la deuxième vague, a-t-on indiqué. Dans son rapport, Dominique Savoie avait par ailleurs souligné le caractère « complexe » de la gouvernance à Montréal.

Québec promet aussi de maintenir un « accès sécuritaire » pour les proches aidants et d’offrir des services de soutien à domicile « adaptés aux besoins des usagers ».

Le gouvernement Legault allonge également 106 millions pour soutenir la Santé publique dans ses activités de retraçage, de prévention et de gestion des futures éclosions. L’argent sera distribué aux directions régionales de la santé publique à travers la province. Le montant permettra l’embauche d’environ 1000 ressources à temps complet, indique-t-on. Les sommes permettraient aussi de mieux « coordonner l’administration d’un éventuel vaccin ».

Garantir de l’équipement de protection

Le ministre de la Santé a également indiqué mardi que le Québec avait garni ces derniers mois ses réserves d’équipements médicaux de protection, comme les blouses, les gants et les masques, entre autres, en prévision d’une deuxième vague de COVID-19.

Or, M. Dubé a affirmé que le Québec n’avait toujours pas le nombre de masques N95 que le gouvernement souhaiterait, et qu’il ne l’aurait pas avant le début de l’année 2021. Ces masques sont notamment utilisés par plusieurs professionnels de la santé en contact avec des gens malades.

Dans son plan d’action, le gouvernement Legault prévoit conclure « des ententes avec des fabricants québécois pour la production de produits stratégiques », comme les masques N95. Québec a déjà une entente avec une entreprise montréalaise qui produira ces masques à compter de la fin octobre ou du début novembre, mais les procédures d’homologation seront complétées qu’à la fin décembre, a dit M. Dubé.

Plan d’action de Québec

· Avoir un gestionnaire responsable pour chaque CHSLD ;

· Maintenir un accès sécuritaire pour les proches aidants ;

· Offrir des services de soutien à domicile adaptés aux besoins des usagers ;

· Maintenir le délestage au minimum pour les services sociaux ;

· Recruter massivement des préposés dans les CHSLD ;

· Interdire la mobilité de main-d’œuvre, tout en respectant de façon stricte les règles de prévention et de contrôle des infections (PCI) ;

· Réduire les délais de l’ensemble du processus de dépistage ;

· Soutenir une offre de services optimale en chirurgie, en endoscopie et en imagerie médicale ;

· Assurer l’approvisionnement en équipement de protection individuelle (ÉPI) en concluant des ententes avec des fabricants québécois pour la production de produits stratégiques ;

· Rejoindre l’ensemble de la population par des communications ciblées et adaptées aux différents publics.