(Ottawa) La décision de prolonger pendant un mois la fermeture de la frontière canado-américaine a poussé des familles à demander aux autorités canadiennes d’être plus indulgentes envers les personnes pouvant entrer au pays.

Les restrictions de voyage ont empêché les enfants de John McCall de venir au chevet de leur mère lorsqu’elle est décédée plus tôt cette semaine.

L’homme de Peterborough, en Ontario, veut maintenant s’assurer que ce qui est arrivé à sa famille n’arrive pas aux autres.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, le ministre de l’Immigration, Marco Mendicino, s’est dit conscient que beaucoup de gens se trouvent dans des situations déchirantes et il a dit sympathiser avec elles.

Il réfléchit à la possibilité d’accorder d’autres exemptions, tandis que le gouvernement fédéral cherche à concilier son engagement en faveur de la réunification familiale avec la nécessité de protéger la santé publique.

« Les mesures que nous avons mises en place à la frontière contribuent à réduire la propagation du virus et elles sauvent des vies, fait valoir le ministre. Nous devons trouver un équilibre entre ces deux importants objectifs et engagements et nous allons le faire. »

John McCall essayait depuis des mois de faire venir ses deux enfants adultes installés aux États-Unis pour qu’ils viennent prendre soin de leur mère malade, Donna.

Les demandes urgentes adressées au ministère de l’Immigration pour se voir accorder une exemption sont restées sans réponse.

Les McCall ont donc décidé de demander la citoyenneté canadienne pour les enfants — ce qu’ils auraient dû faire il y a de nombreuses années, disent-ils avec du recul.

Donna était Canadienne et John est Américain, avec des attaches en Ontario.

Bien que les agents d’immigration aient fini par se dépêcher pour faire parvenir des papiers pour les deux enfants, les documents de citoyenneté ne sont pas arrivés à temps : Donna s’est éteinte lundi dernier.

John McCall dit savoir que sa famille n’est pas la seule à être tenue à distance par les restrictions frontalières dans des situations de vie ou de mort.

« S’il vous plaît, faites en sorte que cela n’arrive à personne d’autre », a-t-il imploré avant de fondre en larmes.

Son fils Ian, âgé de 33 ans, rapporte que sa famille faisait facilement le va-et-vient de part et d’autre de la frontière avant la pandémie de COVID-19 et bien qu’ils aient parlé d’obtenir leur citoyenneté, cela ne semblait tout simplement pas urgent.

Il dit ne pas être en colère contre les restrictions en place, mais il aurait souhaité que les autorités se fussent montrées plus clémentes pendant qu’il était encore temps.

Dire adieu à sa mère par vidéoconférence n’est pas une expérience à laquelle quiconque devrait se soumettre, a-t-il souligné.

« Il n’y a pas de mots pour décrire à quel point c’est difficile. »

À la fermeture initiale de la frontière en mars, les exceptions quant aux personnes autorisées à entrer au pays étaient très limitées, au-delà des citoyens et des résidents permanents canadiens.

Ces restrictions ont été assouplies en juin pour admettre certains proches, une décision que le ministre Mendicino n’a pas manqué de présenter comme une preuve de l’engagement du gouvernement envers la réunification des familles.

Or, les enfants adultes de citoyens canadiens, comme les McCall, ne figuraient pas sur la liste. Questionné à ce sujet, vendredi, M. Mendicino n’avait pas d’explication à offrir.

Parmi les autres cas toujours dans les limbes figurent les couples dont les unions de fait ne correspondent pas à la définition énoncée dans la loi sur l’immigration.

De nombreuses personnes touchées se sont réunies pour former un groupe de pression qui a tenu une conférence de presse sur la colline du Parlement, mercredi dernier. Elles ont également déposé une pétition à la Chambre des communes comptant plus de 5300 signatures pour qu’on leur permette de retrouver leurs êtres chers.

« Nous demandons qu’un calendrier et un plan soient élaborés pour réunir nos familles en toute sécurité, a déclaré David Poon, un médecin de Regina, en Saskatchewan, dont la conjointe est coincée en Irlande. La LNH a été autorisée à mettre en place un plan de quarantaine pour assurer la sécurité de ses membres et leurs familles — où est ce plan pour les familles canadiennes ? »